Los Angeles (AFP) – Des milliers d’employés ont été confinés mardi après l’effondrement d’un tunnel rempli de substances contaminées sur un site considéré comme la « poubelle » nucléaire des Etats-Unis, mais aucune fuite radioactive n’a été constatée.
L’incident s’est produit sur le site de déchets nucléaires de Hanford, dans l’Etat de Washington (nord-ouest), situé à 275 km au sud-est de Seattle. La direction du site de 1.518 km2 a déclenché l’alerte mardi à 08H26 (15H26 GMT), demandant aux 5.000 employés présents de se confiner, de s’assurer que les ventilations étaient fermées et de « s’abstenir de manger et de boire ».
« Il y a des inquiétudes à propos d’un affaissement dans le sol couvrant un tunnel ferré près d’une ancienne installation de produits chimiques », a indiqué le département américain de l’Energie dans un communiqué. « Les tunnels contiennent des substances contaminées ».
Mais « il n’y a pas de signes de fuite pour le moment », a poursuivi le ministère.
Selon les autorités, personne n’a été blessé.
En début d’après-midi, les employés non essentiels ont été renvoyés chez eux.
Selon les autorités, les inspecteurs et secouristes sur place ont découvert un pan de terrain d’environ 6 mètres de côté affaissé au-dessus d’un tunnel, qui doit être comblé rapidement avec de la terre non contaminée. Ce tunnel se trouve près de l’installation d’extraction de plutonium et d’uranium nommée « Purex ».
« L’affaissement dans le sol a été découvert lors d’une inspection de routine. Les tunnels font des dizaines de mètres de long et sont enfouis à environ 2,40 mètres sous le sol », ont précisé les autorités.
Des travaux sur une route située près du tunnel ont pu provoquer des vibrations qui ont conduit à son effondrement, selon des médias locaux. Le survol de la zone a été interdit.
Le site de Hanford, situé le long de la rivière Columbia, avait été à l’origine utilisé pour produire le plutonium contenu dans les deux bombes nucléaires larguées sur le Japon en 1945 qui ont mis fin à la Seconde guerre mondiale.
La production nucléaire du site avait été augmentée durant la Guerre froide, mais le dernier réacteur a été fermé en 1987.
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Localisation du complexe nucléaire de Hanford aux Etats-Unis, où un tunnel s’est effondré mardi à proximité d’un site rempli de substances contaminées
© AFP Anella RETA, Gustavo IZUS
Le site, vaste comme 15 fois Paris, est considéré comme la plus grande poubelle nucléaire du continent américain.
En février 2013, des fuites y avaient été détectées sur au moins six cuves de stockage souterraines contenant des déchets nucléaires.
Et en 2016, une énorme cuve contenant des déchets nucléaires avait également eu une fuite décrite comme « catastrophique » par un ex-employé. Le département de l’Energie avait alors minimisé l’incident, assurant que la fuite avait été « anticipée » et que les efforts se poursuivaient pour vider la cuve.
Jusque dans les années 1960, Hanford relâchait directement ses déchets dans la nature: les pouvoirs publics ont reconnu que plus de 3,8 millions de litres de boues radioactives avaient fui, une partie entrant dans le sol.
Les autorités fédérales et de l’Etat avaient conclu un accord en 1989 pour nettoyer le site et ses 177 cuves. Le groupe français Areva, associé à la gestion du site depuis 2008, a un décompte un peu différent et parle de 170 cuves contenant 200.000 mètres cubes de déchets chimiques et radioactifs.
Le coût du nettoyage du site est estimé à plus de 100 millions de dollars d’ici à 2060.
« Nous avons recensé tous les employés, il n’y a pas de blessé et aucun signe de contamination radioactive », a repris le porte-parole des services d’urgences de Hanford, Destry Henderson.
Cet incident montre la dangerosité du site, a estimé l’organisation antinucléaire Beyond Nuclear.
« La crise en cours à Hanford (montre) que la gestion des déchets nucléaires n’est pas contrôlée », a déclaré un porte-parole du mouvement, Kevin Kamps, citant d’autres incidents similaires dans le pays.
Pour le groupe de pression Hanford Challenge, il s’agit d’un « coup de semonce ».
« Le message qu’on peut en tirer c’est que c’est une vieille installation, elle ne rajeunit pas et (…) c’est un endroit très dangereux », a déclaré un porte-parole, Tom Carpenter.
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Un tunnel s’effondre dans la « poubelle » nucléaire des Etats-Unis – Enjeux énergies et environnement
[…] https://www.goodplanet.info/actualite/2017/05/10/tunnel-seffondre-poubelle-nucleaire-etats-unis/ […]
Robert BIGEAT
S’il n’y avait que 6 mètres d’un tunnel d’effondré, ce ne serait pas bien grave, mais c’est juste un début, le temps est à l’oeuvre et tout tombe en ruines et tombera de plus en plus en ruines dans les installations nucléaires, aux USA comme ailleurs, et la radioactivité mortelle est partout, on ne peut la contenir, rien ne l’arrêtera plus.
Il ne fallait pas ouvrir la boite de Pandore du nucléaire.
Jean Grossmann alias balendard
Nous nous dirigeons à grand pas vers un monde poubelle. Le stockage sécurisé des déchets radioactifs n’est qu’un des problèmes graves qui nous attendent. Les conflits meurtriers en Irak, Tchernobyl puis Kukushima ainsi que les graves pollutions en mer prouvent que le problème mondial de l’énergie associé à la disparition accélérée de la biodiversité est un sujet brûlant qui mérite un débat contradictoire. La « Loi sur la Transition Energetique et la Croissance verte » initiée par Ségolène Royal a incontestablement eu le mérite de lancer ce débat.
Cette loi française dépasse en effet largement le cadre de l’écologie puisque son application permettrait à la transition énergétique de rentrer véritablement dans les faits. Émanation des 17 objectifs de L’ONU elle n’a d’ailleurs pas seulement été approuvée par les écologistes mais aussi par la majorité des chefs de gouvernement dans le monde. Le gros problème qui se pose maintenant plus d’un an après la conférence de Paris sur le climat est que pour réussir cette transition énergetique, il va falloir que nous réalisions que les 2 chaînes énergétiques utilisées actuellement pour chauffer l’habitat, à savoir la combustion et l’effet joule ont un COP de 1 ce qui revient à dire que la quantité d’énergie thermique produite est égale à la quantité d’énergie consommée. Ceci alors qu’elle pourrait être 5 fois supérieure avec une pompe à chaleur à compresseur ayant un COP de 5. Il ne s’agit plus ici de réduire la consommation de 50 % au prix d’une isolation particulièrement couteuse et épaisse mais de diviser par 5 voire 6 les dépenses en approvisionnement d’énergie finale. Il est d’autant plus souhaitable de modifier nos deux chaînes énergétique actuelles que le prix de vente à l’utilisateur des énergies finales étant artificiellement gonflé par une fiscalité effrénée, cela a pour effet d’augmenter les économies réalisées sur l’achat des combustibles ce qui aide à financer l’investissement de départ dans des temps raisonnables.
De cette moindre consommation en énergie finale résulte aussi le fait
qu’il n’est pas inenvisageable d’assurer le chauffage des logement à partir d’une énergie électrique produite localement grâce au voltaïque. Ceci du moins lorsque ces logements respectent effectivement la RT 2012 et ses 50 kWh par mètre carré habitable. Cerise sur le gateau une telle orientation supprimerait à terme et grâce à l’autoconsommation les frais d’acheminement importants de l’électricité sur de grandes distances.
L’épilogue du volumineux livre sur « La chaleur renouvelable et la rivière » explique dans le cadre d’un « cas pratique » comment la chaufferie hybride associée à l’eau géothermale permettrait de généraliser ce mode de chauffage dans la plupart de nos grandes métropoles.
Balendard mai 2017