Huntington (Etats-Unis) (AFP) – Encouragées par les promesses de Donald Trump de faire revivre l’industrie du charbon aux Etats-Unis, les mines de Virginie occidentale recommencent à embaucher dans l’espoir de revitaliser cette région aujourd’hui sinistrée.
Selon les statistiques officielles, près de 700 emplois de mineurs ont été créés dans les trois derniers mois de 2016 et la tendance semble se confirmer pour le début de l’année.
Craig Branham, qui avait travaillé dans une mine avant d’être licencié, vient d’y retrouver du travail comme plusieurs de ses amis dans le comté de Ming, proche de la frontière entre cet Etat de l’est des Etats-Unis et le Kentucky.
« Jusqu’ici Trump tient ses promesses. On voit que beaucoup de choses se passent depuis son arrivée au pouvoir », affirme-t-il avant d’ajouter: « Cela nous redonne un peu d’espoir ». La Virginie occidentale a voté à près de 68% pour Donald Trump en novembre.
Mais pour certains, ces gains sont illusoires et les emplois dans ce secteur ne vont pas revenir en masse.
« Les chances de retour sont minces voire inexistantes », estime Ted Boettner, responsable du centre de réflexion West Virginia Center on Budget and Policy, assurant que le regain constaté ne se confirmera pas sur le long terme. « Je pense que les gens espèrent que Trump va y parvenir mais ils voient les choses en rose. Nous nous appuyons sur les chiffres », souligne-t-il.
La Virginie occidentale, située sur la chaine montagneuse des Appalaches à deux heures de route de la capitale Washington et peuplée de 2 millions d’habitants, a été touchée de plein fouet par le déclin du charbon aux Etats-Unis.
Cette industrie formait l’ossature de l’économie régionale et des facteurs économiques mais aussi politiques ont entravé sa reconversion vers d’autres secteurs. De 125.000 emplois en 1948, la houille n’en fournit plus que 13.000 aujourd’hui, cinq fois moins que le secteur de la santé, devenu le plus important employeur de l’Etat et qui fournit un emploi sur cinq.
La production de charbon est retombée aujourd’hui à ses niveaux de la fin du XIXe siècle et ce déclin s’est accompagné d’une baisse de la population active de l’Etat, qui est passée de 820.000 personnes en 2009 à 780.000 au début de cette année.
Faire revivre le charbon n’est pas seulement une question de remettre en service les mines fermées ou d’assouplir les régulations, souligne Elias Johnson du bureau fédéral des analyses géologiques et minières.
L’exploitation a tourné à plein pendant plus d’un siècle et « tout le charbon qui était facile à extraire l’a été et cela coûte beaucoup plus cher maintenant d’atteindre les filons », affirme-t-il à l’AFP.
La plupart des mines sont souterraines alors que dans d’autres Etats houillers comme le Wyoming (ouest), elles sont en surface. Les techniques liées à ce dernier type d’exploitation ont un impact environnemental que les habitants de Virginie occidentale eux-mêmes sont réticents à accepter, d’autant plus qu’elles requièrent une plus grande mécanisation et créent donc moins d’emplois.
La véritable concurrence, c’est le gaz naturel, rappelle-t-il. Grâce aux techniques de fracturation hydraulique, les prix ont dramatiquement baissé ces dernières années et le gaz naturel a pris la place du charbon, notamment pour le chauffage domestique où la part de ce dernier n’est plus que de 30%.
La décision présidentielle d’assouplir les normes d’émissions polluantes pour les centrales à charbon ne changera rien à cette réalité économique, soulignent les spécialistes.
Le charbon ne trouve pas de salut non plus dans la sidérurgie, la surabondance mondiale d’acier, notamment chinois, décourageant la production aux Etats-Unis.
Son seul espoir réside dans des mesures protectionnistes que pourrait prendre l’administration Trump et le lancement promis d’un vaste programme de rénovation des infrastructures.
Chuck Nelson, un mineur à la retraite, s’est résigné. « Je ne veux pas le voir revenir, c’est une malédiction », déclare-t-il à l’AFP en parlant du charbon. « Nous devons nous orienter vers autre chose ». Mais il concède que pour les jeunes qui trouvent aujourd’hui un emploi dans la mine, avoir un travail est mieux que rien.
Mais pour Bill Raney, président de l’association houillère de Virginie Occidentale, ce sont les « excès » de la régulation appliquée par l’administration de Barack Obama qui ont « paralysé l’industrie du charbon ».
© AFP
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Les mineurs américains reviendront-ils dans les vertes vallées ? – Enjeux énergies et environnement
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