Paris (AFP) – Le décret permettant l’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim, promesse de campagne de François Hollande en 2012, ne sera pas pris avant la fin de son mandat, EDF ayant obtenu jeudi un délai à l’issue d’un conseil d’administration mouvementé.
Si le conseil d’administration a bien donné, de justesse, son accord pour qu’une demande d’abrogation d’exploiter la centrale soit transmise à l’Etat, cette demande ne sera faite que « dans les six mois précédant » la mise en service de l’EPR de Flamanville, prévue à l’horizon 2019, a indiqué EDF dans un communiqué.
Initialement, le gouvernement souhaitait qu’elle soit transmise immédiatement, ce qui lui aurait permis de prendre le décret, scellant le sort de Fessenheim (Haut-Rhin), avant la fin du quinquennat de François Hollande.
Ce conseil d’administration s’est déroulé dans un climat tendu, entre une mobilisation importante des salariés d’EDF, opposés à la fermeture par crainte de l’impact sur l’emploi, des administrateurs réticents à avancer dans la procédure juste avant l’élection présidentielle, et la pression du gouvernement.
La ministre de l’Energie Ségolène Royal a salué une « bonne décision », qu’elle entend acter « juridiquement dans les prochains jours ».
« Ségolène Royal n’est pas parvenue à obtenir son décret immédiat (…) c’est incontestablement un échec cinglant », a rétorqué le syndicat FO dans un communiqué, tandis que la CGT a salué « une victoire pour les salariés », alors qu' »il aurait été catastrophique de fermer cet outil industriel », selon elle.
Pour défendre la centrale de Fessenheim, plusieurs centaines de salariés du groupe – entre 350 et 450 de source policière – s’étaient réunis à Paris jeudi devant le siège d’EDF.
Eric Straumann, président du conseil départemental du Haut-Rhin, opposé à la fermeture du site comme d’autres élus locaux, s’est « félicité » d’une « décision responsable », même si « les risques de fermeture de la centrale ne sont pour l’instant en rien levés d’ici 2019 ».
L’association Greenpeace a de son côté dénoncé des conditions « inacceptables » et s’interroge: « Combien de temps encore l’entreprise publique EDF criblée de dettes va-t-elle décider seule de la politique énergétique de la France »?
Cette décision clôt des jours de tractations entre l’Etat, EDF et ses administrateurs pour parvenir à un compromis. Durant le Conseil, une première délibération, actant la possibilité de prendre immédiatement le décret de fermeture, a été rejetée par les administrateurs et donc pas soumise au vote.
Après une longue suspension de séance, une seconde délibération a été présentée, et mise au vote, accordant de nouvelles garanties à EDF et un délai supplémentaire, alors que le groupe avait déjà posé en janvier trois conditions, toutes réunies depuis, pour poursuivre le processus de fermeture.
Les six administrateurs salariés ont voté contre cette délibération mais les six administrateurs indépendants, dont le PDG du groupe Jean-Bernard Lévy, qui a une voix prépondérante en cas d’égalité ont voté pour, a indiqué une source proche du dossier.
Les six administrateurs représentant l’Etat n’ont pas pris part au vote, en raison d’un conflit d’intérêt, puisque l’Etat est actionnaire à plus de 83% de l’électricien.
EDF a aussi obtenu que la fermeture de Fessenheim « soit nécessaire au respect du plafond légal de 63,2 GW, tant à la date de demande d’abrogation qu’à la date de mise en service de l’EPR de Flamanville ».
Le gouvernement avait déjà convenu que l’avenir des deux centrales serait lié, mais rien ne le garantissait.
Ce plafond, fixé par la loi sur la transition énergétique, correspond au niveau actuel de la capacité de production du parc français. Cela signifie que si à une des deux dates, un ou plusieurs réacteurs étaient indisponibles pour une durée longue, le groupe ne serait pas contraint de transmettre une demande de fermeture de Fessenheim.
Par ailleurs, le Conseil d’administration a donné son accord pour que le PDG d’EDF signe le protocole d’indemnisation négocié avec l’Etat « au plus tard à la date à laquelle cette demande sera adressée », selon le communiqué du groupe.
Approuvé également de justesse en janvier lors d’un précédent conseil, ce protocole prévoit qu’EDF reçoive une indemnisation fixe de 489 millions d’euros, à laquelle viendra s’ajouter une éventuelle part variable en fonction du manque à gagner d’EDF jusqu’en 2041
© AFP
6 commentaires
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Didier PUEL
Génial, EDF conditionne l’arrêt d’une centrale par le démarrage d’une autre ….Ces gens la n’ont pas la même notion que d’autres quand il s’agit de sortir du nucléaire.
Les arguments financiers sont illisibles : Arrêter une centrale crée de l’emploi et permet de s’affranchir d’une source d’énergie dangereuse et polluante pour les générations présentes à venir , alors que démarrer un EPR ne sera qu’une source de dépenses et le moyen de faire perdurer le lobby du nucléaire et le mensonge d’état associé.
Et pourquoi pas un référendum populaire sur le sort du nucléaire, puisque nos présidents sont incapables de tenir leurs promesses?
Ce référendum devrait exclure les employés et dirigeants de toute entreprise ayant des intérêts directs et financiers avec le nucléaire ( on ne peut être juge et partie !)
Mais je rêve encore d’un futur sans fission nucléaire, sans déchets dont ne sait pas quoi faire, de no man’s land radioactifs, sans la crainte d’un Fukushima ou Tchernobyl à la française , un futur ou la société ne sera pas dépendante de cette énergie qui aurait pu être produite d’une façon totalement différente si les militaires n’avaient pas eu besoin de plutonium pour leurs bombes .
Dany Voltzenlogel
Le fantôme de Flamenville …
Coût passant de 3,5 milliards à plus de 10, …. Coût X 3
Les problèmes techniques en nombres …
Aucun EPR n’a jamais produit une once d’énergie :
– Finlande : 9 ans de retard et facture X 2, ….. et ne fonctionne encore pas.
– Chine : Devait être mis en fonctionnement en 2015 ……
– Angleterre : ?????????
– Et au coût de ces centrales, la phase démantèlement est totalement occultée, de même que le traitement/stockage des déchets radioactifs.
………………. EPR = que des points de suspension ………………………………..
Coûts et obstinations qui gèlent les finances de toute recherche sur les productions et installations d’énergies alternatives et propres.
Bien joué EDF, Le fric des français et de tout le reste est bien placé …
Enfin, fric, bénéfices … je fais allusion surtout les déficits insondables comblés par les clients et le contribuable français, l’état étant actionnaire à 83%.
Jean Grossmann
Je suis totalement solidaire de Didier et Dany
LA VÉRITABLE QUESTION QUI SE POSE ET QUE DEVRAIT SE POSER LES CANDIDATS À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE EST LA SUIVANTE : LE NUCLÉAIRE A-T-IL DE L’AVENIR SUR LE LONG TERME?
Les Lutins thermiques estiment que non pour des raisons de cout,et de dangerosité radioactive sur le tres tres long terme.
Ils sont en passe de prouver que l’eau (géothermale + superficielle) associée au soleil suffira au besoin en énergie
( chauffage + petite voiture electrique) de la
plupart de nos grandes metropoles
Voir le lien sur le fichier précédent de Goodplanet qui traite de ce sujet
https://www.goodplanet.info/actualite/2017/04/04/sort-de-centrale-de-fessenheim-se-joue-chez-edf-jeudi/
Balendard
Rozé
Si un accident survient à la centrale de Fessenheim, la responsabilité civile de ceux qui ont directement ou indirectement agi pour en retarder l’arrêt sera totalement engagée.
De plus lier l’arrêt au démarrage d’une autre centrale, revient à dénier la diminution de la part de cette industrie dans la production d’électricité.
Enfin lier l’arrêt au démarrage d’une installation dont la sécurité est mise en doute avant même son fonctionnement relève de la pure supercherie !
Les gens qui tiennent les manettes de ce pays n’ont ni honneur, ni responsabilité, ni respect des générations futures; je pense que ce sont des sortes de criminels.
Robert BIGEAT
Déjà Flamanville ne pourrait remplacer Fessenheim puisque Fessenheim c’est 1800 MW de puissance installée et Flamanville seulement 1650, donc il en manque bien 150 et comme Flamanville ne tournera jamais à plus de 1500 MW, c’est encore pire… mais « on » ne vous le dit jamais. Il est connu aussi que l’électricité qui devrait sortir de Flamanville un jour, et pas avant 23 mois au minimum, soit après connexion au réseau seulement et pas fin 2018 lors des essais, sera (officiellement) à plus de 110 euros du mégawattheure, et plutôt 120-130, alors qu’en 2018 aussi, l’électricité qui sortira des nouvelles fermes solaires qui entreront alors en production en France, suite aux appels d’offre gouvernementaux du mois dernier, sera à 62,50 euros seulement et donc moitié moins chère, sans frais de démantèlement à gérer sur des décennies ni déchets radioactifs doublement mortels car d’abord radioactifs et ensuite à base de métaux lourds, les deux éternels à gérer à l’échelle humaine.Dans ces conditions, le nucléaire doit être, en France, stoppé, progressivement, sur 15 ans, d’ailleurs les « réactueurs » tomberont naturellement en pannes sur cette période, et ne seront pas réparés, comme c’est déjà le cas, même si EDF ne l’a pas encore avoué, pour deux « réactueurs » au moins, et donc le recours aux renouvelables exclusivement, prendra la relève d’autant que le solaire individuel s’installe en quelques heures, deux jours maxi, hors délais administratifs artificiels, inutiles et nuisibles, une ferme solaire en moins d’un an, (toujours hors délais administratifs et judiciaires) contre plus de 8 ans minimum de construction en nucléaire, nucléaire qui est ainsi jusqu’à 7 fois plus cher par MW (mégawatt) de puissance installée, que le photovoltaïque. C’est la simple division du prix de construction par la puissance, et n’importe qui peut le vérifier, en prime, et en frais de fonctionnement cette fois, le photovoltaïque est aussi nettement moins cher que le nucléaire au moins parce que l’usage du soleil est gratuit, alors qu’il faut payer le combustible uranium et s’occuper ensuite des déchets. Enfin le nucléaire est prévu pour s’amortir financièrement sur de 40 à 60 ans alors que le photovoltaïque s’amortit sur 15 ans… Donc, avec le nucléaire, : « Bonjour le retour calamiteux sur investissement », les comptables comprennent ça très bien., et c’est imparable, car le temps…c’est de l’argent.
Jean Grossmann
CONCLUSION
Lorsque l’on sait que deux de nos candidats sont POUR le nucléaire et les 3 autres CONTRE on comprend pour qui il.ne faut pas voter