Strasbourg (AFP) – Plusieurs manifestations ont eu lieu samedi à Paris et en province pour commémorer la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon et « alerter sur les risques d’un accident en France ».
« On est dans une situation en France où l’accident n’est vraiment plus à exclure », a indiqué à l’AFP Cyrille Cormier, chargé du dossier Énergie au sein de Greenpeace.
A Strasbourg, entre 400 et 500 personnes selon la police et les organisateurs, ont notamment réclamé la fermeture définitive de la centrale de Fessenheim.
Chasubles jaunes ou tenues blanches d’agent de maintenance du nucléaire, les manifestants venus de tout le Grand Est, d’Allemagne, et de Suisse, ont défilé avec des dizaines de poussettes, tractant des fûts jaunes de déchets nucléaires factices.
Au son de tambours, percussions, et clarinettes, ils scandaient des slogans en français et en allemand (« Abschalten jetzt! », fermeture immédiate).
Ils entendaient « ramener ces fûts à Fessenheim », où une nouvelle manifestation et un rassemblement sont prévus dimanche, a indiqué Mélysandre Seyzériat, du « Réseau sortir du nucléaire ».
Les manifestants, venus pour certains en famille, ont observé une minute de silence. Ils ont déposé à mi-parcours une gerbe de fleurs en hommage aux victimes de Fukushima, le 11 mars 2011, sur la place de la République.
« Nucléaire ? Pour nos enfants nous n’en voulons plus ! », « Bure, poubelle nucléaire jamais ! » pouvait-on lire sur des banderoles et sur une pancarte en alsacien, « l’Alsace ne veut pas de « Fukushiheim », contraction de Fukushima et des terminaisons en « heim » des noms des communes alsaciennes.
« Il y a encore trop de centrales atomiques branchées au réseau, il faut simplement les fermer, et continuer absolument à développer les énergies renouvelables », a déclaré Sabine Madou, une Allemande de Breisach (sud-ouest de l’Allemagne) venue avec ses deux enfants.
A Paris, 400 personnes selon les organisateurs, ont défilé sous des pancartes barrés de slogans comme « Arrêt du nucléaire, n’attendons pas la catastrophe », « Solidarité avec la population du Japon » ou encore « Boycott Tokyo » faisant référence à la tenue des jeux Olympiques de 2020 dans la capitale japonaise.
Une Marianne portant l’écharpe bleu-blanc-rouge était menottée à un jeune homme en combinaison anti-contamination.
« On a décidé de se réunir dans 19 villes en France pour commémorer cet accident et envoyer un message de soutien aux milliers de déplacés », a indiqué Cyrille Cormier.
« Greenpeace a effectué des mesures à Iitate, situé à environ 35 kilomètres de Fukushima, le taux de radioactivité est 5 fois plus élevé que la limite maximale recommandée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) », indique le militant.
A Valence, une centaine de personnes ont constitué, une chaîne humaine déambulant calmement dans les rues du centre-ville, selon la police.
A Lyon, une dizaine de militants de Greenpeace se sont regroupés à partir de 15H00 devant une agence EDF où ils ont mené une action de sensibilisation auprès des passants.
« Le message d’aujourd’hui est très clair: EDF n’a plus les moyens de prendre en charge la sûreté de son parc nucléaire », a déclaré à l’AFP Bertrand Nouvelot de Greenpeace Lyon, avançant une dette du producteur public d’électricité de « 74 milliards d’euros ». « Nous sommes aux portes de l’accident », a-t-il ajouté.
Déguisés dans des combinaisons orange siglées EDF ou blanches anti-radiation, les manifestants avaient scotché une pancarte en carton sur les portes d’entrée de l’agence indiquant « EDF s’écroule – Fukushima en France » et déposé devant l’établissement une large carte sur laquelle était indiqué l’emplacement de la centrale nucléaire du Bugey (Ain), « la deuxième plus vieille centrale en France après celle de Fessenheim ».
Sur la Grand’Place à Lille, une vingtaine de manifestants ont organisé en milieu d’après-midi un happening en brandissant des panneaux « Tchernobyl, Fukushima… Gravelines? », « Energie: ce sera mieux à vent » ou encore « EDF s’écroule, notre sécurité avec ».
Ces rassemblements, qui selon Greenpeace ont notamment réunis 300 personnes à Lyon ou encore 100 personnes à Bordeaux, sont l’occasion pour l’ONG d' »alerter les citoyens sur la responsabilité d’EDF à fermer les réacteurs nucléaires très endommagés pour éviter qu’un accident du type Fukushima survienne en France ».
© AFP
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Manifestations contre le nucléaire six ans après Fukushima – Enjeux énergies et environnement
[…] https://www.goodplanet.info/actualite/2017/03/12/manifestations-contre-nucleaire-six-ans-apres-fukus… […]
Robert BIGEAT
Il devient clair que la poursuite de la production d’électricité par le moyen de l’énergie nucléaire (électronucléaire) relève aujourd’hui du plan pénal, précisément de la section des, « crimes contre l’Humanité ».
Et d’abord au plan purement économique, celui mis en avant pour développer ce type de production de l’électricité dès les années 1950, il y a donc déjà plus de 60 ans, l’échec se révèle patent, total, complet, absolu, sans aucune faille dans cet échec. Ainsi qu’on l’apprenait en France jeudi dernier, 9 mars, suite aux « appels d’offre » lancés par le gouvernement pour la construction dans les deux ans de nouvelles centrales photovoltaïques, le prix du mégawattheure d’électricité ainsi délivré au réseau courant 2018 en sera tombé à 62,50 euros, soit la moitié de ce que coûtera, dans deux ans aussi, et seulement si ça peut fonctionner, l’EPR de Flamanville. C’était d’ailleurs là (deux fois moins cher que l’EPR) le titre en page intérieure 19, première du cahier intérieur « Economie »du journal Le Figaro lui-même, journal qui depuis des décennies avait pourtant défendu, bec et ongle,et en dépit des évidences, l’électronucléaire.
La conclusion qui s’impose c’est que le photovoltaïque, qui en plus est même devenu meilleur marché que l’éolien, pour délivrer de l’électricité, a remporté, et haut la main, son combat contre le nucléaire débuté en 1956 avec la présentation à la presse américaine de l’époque de panneaux photovoltaïques alimentant en électricité un poste de radio, l’année suivante, le premier « réactueur » nucléaire de production d’électricité entrait « en sévices ». Qui pouvait imaginer alors qu’un jour viendrait où David, le panneau solaire, écraserait question coût de production d’électricité, Goliath, le monstrueux, gigantesque, complexe et hyper dangereux « réactueur » nucléaire ?
Rozé
Je n’ai pu me rendre à cette manifestation que j’approuve car j’ai préféré donner un bon coup de main à mon fils. D’accord avec Robert. Oui au PV mais encore plus oui à l’éolien qui a l’avantage de produire quand il fait très froid (vent et température basse conjugués). A quand une technologie éolienne qui transformerait directement le vent en électricité sans passer par la génératrice ? Avec des bactéries adhoc ? Le vivant est tellement supérieur à nos ingénieurs ingénieux !