Le Bangladesh va renvoyer des dizaines de Rohingyas en Birmanie

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Des Rohingyas qui ont fuit les violences en Birmanie sont réfugiés dans un camp à Cox's Bazaar, le 23 novembre 2016 au Bangladesh © AFP MUNIR UZ ZAMAN

Teknaf (Bangladesh) (AFP) – La police du Bangladesh a annoncé mercredi qu’elle allait renvoyer en Birmanie des dizaines de membres de la minorité musulmane des Rohingyas, arrêtés en franchissant la frontière pour fuir les violences dans leur région.

Plus de 2.000 Rohingyas auraient pénétré au Bangladesh ces derniers jours pour échapper aux opérations militaires dans l’ouest de la Birmanie qui ont fait des dizaines de morts.

La police de la ville de Cox’s Bazar (sud), proche de la frontière birmano-bangladaise, a indiqué avoir interpellé 70 membres Rohingyas, dont des femmes et des enfants.

« Nous les avons attrapés après qu’ils sont entrés illégalement. Ils seront refoulés en Birmanie », a déclaré à l’AFP Shyamol Kumar Nath, chef de la police locale.

Selon des responsables de la communauté rohingya, considérée étrangère par Naypyidaw bien que certains soient en Birmanie depuis des générations, quelque 500 personnes auraient encore franchi la frontière dans la nuit de mardi à mercredi.

Pour essayer d’endiguer l’afflux, le Bangladesh a renforcé patrouilles et surveillance le long de sa frontière.

Près d’un millier de Rohingyas ont ainsi été empêchés d’entrer sur le territoire au cours des trois derniers jours, ont indiqué les militaires bangladais.

L’armée birmane mène des opérations dans l’Etat Rakhine, frontalier du Bangladesh, où se concentre la minorité musulmane, à la suite d’attaques meurtrières début octobre contre des postes de police.

Quelque 30.000 personnes ont été déplacées par les violences qui ont fait des dizaines de morts depuis octobre au Rakhine, selon l’ONU.

Les expulsions de Rohingyas du Bangladesh suscitaient des inquiétudes au sein de leur communauté, les réfugiés faisant état de meurtres et de viols de femmes de leur communauté par les soldats birmans.

« L’armée a brûlé leurs villages et tué leurs proches. Nous avons des informations selon lesquelles l’armée tuera ces innocents » s’ils sont refoulés, a confié à l’AFP un leader rohingya sous couvert d’anonymat.

L’armée dément ces accusations mais empêche les journalistes étrangers d’accéder à la zone concernée.

Aleya Khatun, une femme de 38 ans qui est arrivée au Bangladesh, a affirmé avoir été blessée par l’explosion d’une mine antipersonnel à la frontière alors que sa voisine Johra a été tuée.

« J’ai amené les enfants de Johra avec moi, ils n’ont plus personne pour s’occuper d’eux », a-t-elle dit à l’AFP lors d’un appel vidéo depuis un camp médicalisé.

Par crainte d’être expulsés, la plupart des nouveaux arrivants se cachent dans les camps de réfugiés qui existent depuis plusieurs décennies dans la région, où 32.000 Rohingyas vivent déjà légalement.

Cette vague de violences vient ternir l’image du gouvernement birman, dirigé de facto par la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.

Son arrivée au pouvoir au printemps avait éveillé l’espoir de voir enfin se terminer divers conflits qui ensanglantent depuis des décennies des régions frontalières du pays.

© AFP

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