Une étude commandée par Greenpeace alerte sur l’avenir financier d’EDF

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La centrale du Bugey implantée sur la commune de Saint-Vulbas (Ain), le 8 avril 2016 © AFP PHILIPPE DESMAZES

Paris (AFP) – Des centrales électriques « probablement » surévaluées et des coûts de démantèlement et de gestion des déchets « drastiquement » sous-estimés, selon une étude du cabinet d’analyse financière AlphaValue, commandée par Greenpeace, éreinte la stratégie nucléaire d’EDF et sa situation financière.

Selon cette étude, publiée jeudi, intitulée « EDF asphyxiée par le nucléaire », « la principale inquiétude » pour l’électricien concerne un « sous-provisionnement » des coûts du démantèlement des réacteurs et de la gestion des déchets.

AlphaValue l’évalue « entre 57,3 et 63,4 milliards d’euros en 2025 », soit bien plus que les fonds propres actuels du groupe, proches de 25 milliards.

Pour ses calculs, le cabinet se base notamment sur des hypothèses tirées de plusieurs rapports de la Cour des Comptes, parfois différentes de celles utilisées par EDF, sur les coûts de déconstruction des centrales et la nécessité de fermer au moins 17 réacteurs pour respecter les objectifs de la loi sur la transition énergétique.

Le cabinet a également comparé les calculs d’EDF avec ceux d’autres exploitants nucléaires, notamment allemands.

Ces comparaisons « doivent être analysées avec prudence car il y a des paramètres différents entre les pays qui expliquent les différences », a réagi auprès de l’AFP EDF, évoquant le périmètre considéré, ou l’effet de standardisation à attendre en France du fait d’un parc de 58 réacteurs plus important.

Les fourchettes provisionnées par EDF « ont été confirmées par l’audit de la DGEC (instance du ministère de l’Énergie) en 2014 et 2015 », précise l’électricien.

Par ailleurs, AlphaValue estime qu’EDF devrait « envisager (…) une dépréciation de (ses) actifs nucléaires et thermiques » dans ses comptes, autrement dit revoir à la baisse la valeur de son parc de centrales nucléaires et de ses centrales conventionnelles fonctionnant au charbon, au gaz ou au fioul.

Le cabinet le justifie par le bouleversement des marchés de l’énergie en France et en Europe, avec le développement des énergies renouvelables et une demande de courant qui devrait légèrement baisser dans les prochaines années, ainsi que par la loi sur la transition énergétique qui prévoit la réduction de la part de l’atome en France.

Côté EDF on répond que pour le parc français « les tests ont été mis en oeuvre conformément aux normes comptables en vigueur et n’ont pas fait apparaître de risques de dépréciation ».

Par ailleurs, l’électricien rappelle que « pour évaluer la valeur d’un actif de long terme, il faut construire des scénarios de prix (de l’électricité) de long terme sur toute la durée de vie de l’actif ».

Enfin, l’étude se penche sur les investissements à venir d’EDF (projet Hinkley Point, grande maintenance du parc nucléaire français, énergies renouvelables, rachat de la branche réacteurs d’Areva, etc) et conclut qu’ils s’élèvent à plus de 160 milliards d’euros d’ici 2025, soit plus de 15 milliards d’euros par an.

EDF a évalué ces besoins d’investissements entre 12,5 et 13,5 milliards d’euros par an au cours des trois prochaines années.

Seul élément positif, selon AlphaValue, la réduction de capacités nucléaires entraînera une hausse des prix de l’électricité qui « aura un effet positif à l’horizon 2025 » sur les revenus d’EDF.

© AFP

5 commentaires

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    • Oskar Lafontaine

    L’avenir financier d’EDF, et quelles que soient les décisions de sauvetage qui seront maintenant prises, s’inscrira d’abord en chiffres rouges dans sa comptabilité, même « arrangée » et au final il ne peut plus être, cet avenir, que la disparition juridique pure et simple de cette entreprise qui a touché de bien trop près et a même pataugé dans ce qu’il ne fallait surtout pas approcher : l’électronucléaire.
    La baisse de consommation d’électricité déjà constatée, en France comme en Europe, et qui va s’amplifier, n’est que partiellement une baisse réelle, c’est d’abord le résultat de l’autoconsommation qui évite de recourir au réseau et donc à ses compteurs à partir desquels sont mesurés les chiffres de la consommation « officielle », l’autoconsommation ne pouvant être qu’estimée.
    L’endettement en Europe de entreprises productrices d’électricité est proportionnel à leur implication avec le nucléaire, EDF étant la plus impliquée, est donc aussi la plus endettée.
    Le premier « arrangement » de la comptabilité d’EDF, consistait, et depuis des années, à masquer par des emprunts auprès des banques, avec garantie de l’Etat, son déficit d’exploitation en croissance régulière. En terme comptable on parle alors de « cash flow négatif ». Ce n’est pas illégal, mais c’est inquiétant pour la suite si ça devient une habitude, ce qui est le cas pour EDF. Et Alpha Value n’a pu que le constater.
    Comme les prix de l’électricité en France, vont maintenant accélérer leur croissance, c’est un cycle infernal qui s’est enclenché pour EDF puisqu’il y a une concurrence, celle des fournisseurs alternatifs d’électricité, et donc de plus plus en plus de consommateurs d’électricité, particuliers comme entreprises, se détournent d’EDF et vont vers ces concurrents dont les tarifs, non grevés par les coûts monstrueux du nucléaire qu’ils n’ont pas, sont un peu moins élevés puisque d’abord ils n’achètent plus à EDF dont l’électricité est trop onéreuse, mais directement à l’étranger, et en Allemagne d’abord, où ils peuvent se servir en électricité renouvelable, en fonction de la météo, à de meilleurs tarifs, d’autant que l’électricité allemande exportée ne subit pas la taxe sur l’énergie allemande et est simplement taxée en France, et comme le prix de base de l’électricité est moins élevé chez nos voisins de l’est, qu’en France, les alternatifs offrent à leurs clients français des prix plus attractifs. D’où l’inéluctable naufrage financier d’EDF, entraîné vers le fond par le poids de son nucléaire.

  • Sur le fond les Lutins thermiques déplorent le manque de formation à l’environnement et la méconnaissances des techniques de base traitant de la thermique en général et les systèmes énergétiques en particulier. Ils estiment que
    CETTE SITUATION AU NIVEAU DE L’ENSEIGNEMENT EN FRANCE EST EXTRÈMEMENT PRÉOCCUPANTE.

    Elle explique en bonne PARTIE L’IMMOBILISME ACTUEL DANS LE DOMAINE DE L’ENERGIE THERMIQUE ET LA DIFFICULTÉ DE CONVAINCRE LES COPROPRIÉTÉS.
    LA COMBUSTION DATE TOUT DE MĚME DU PLÉISTOCÈNE MOYEN!
    Faute d’enseignement dans ce domaine nous avançons à ce sujet avec une extrême lenteur. POUR RESPECTER SA CONSTITUTION ET SA LOI SUR LA LTECV LA FRANCE N’AURA PROVABLEMENT PAS D’AUTRE CHOIX QUE DE former des professeurs ayant de bonnes connaissances dans ces domaines.

    Les Lutins thermiques regrettent que peu de personnes soient désireuses de participer au débat.
    Il y va probablement des personnes qui pourraient s’intéresser à ce débat mais malheureusement force est de constater qu’elles ne se manifestent pas.

    Balendard novembre 2016

    JEAN GROSSMANN alias Balendard ingénieur en mécanique des fluides à la retraite

    Webmaster de deux sites
    http://www.infoenergie.eu
    et http://www.rivieres.info

    Auteur de 3 livres
    Servo-controle
    La riviere et l’energie
    La chaleur renouvelable et la rivière

  • J’ai laissé un propos sur l’abscence d’école de formation à l’environnement qui n’est pas édité

    Balendard novembre 2016

    • Rozé

    Et qui va payer ? Tous les contribuables qui paient l’impôt et tous les clients d’EDF vont voir leur facture d’électricité exploser (assez normal dans la mesure ou le prix du Kwh français est sous estimé)

    • En raison des dégâts causés sur l’environnement le prix de vente du kWh gaz est sous estimé et celui du kWh electrique surestimé vu son prix de revient relativement bas grâce au voltaique (50€ le MWh)

      Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a probablement raison d’affirmer que si nous ne faisons pas « tout ce qui est en notre pouvoir » la biodiversité mondiale va souffrir encore plus au cours de ce siècle. Le WWF très orienté vers la défense
      de la flore et de la faune occulte malheureusement le principal. Le fait que l’homme dépendant directement de cette biodiversité pourrait lui aussi gravement souffrir s’il ne fait pas « tout ce qui est en son pouvoir » pour remédier à cette situation.

      L’objectif récent du département de l’Isère et de Qualibat de co-construire et de lancer un plan de rénovation énergétique des bâtiments ambitieux avec l’ensemble des acteurs nationaux et locaux, et en particulier les collectivités territoriales pourrait être le point de départ des actions que nous allons devoir prendre. Ceci vu que le secteur du bâtiment est le poste qui génère le plus de GES.

      Pour que ce plan de rénovation énergétique soit un succès il va falloir selon le porte parole du CSLT que le citadin tienne compte du mot « aquathermie » et ceci même si celui-ci ne figure pas encore au dictionnaire Larousse.

      Ceci pour la simple raison que si nous voulons casser la courbe d’émission de gaz à effet de serre vers la bas pour limiter le rechauffement climatique et ses conséquences désastreuse sur la biodiversité. Voir:
      http://infoenergie.eu/riv+ener/COP21.htm

      il va devenir nécessaire pour améliorer les performances de mettre l’eau au coeur de nos préoccupations comme le fait la « Solar Water Economy »

      Environ 3 ans apres la COP21 notre intérêt va être maintenant d’agir en arrêtant de tourner uniquement autour de l’isolation des bâtiments en n’évoquant pas l’essentiel: les performances de nos chaînes énergétiques. Ceci afin de respecter nos propres lois, notamment la LTECV.

      Nous n ‘allons en effet pas avoir d’autre choix pour minimiser nos émissions de gaz à effet de serre que de reconsidérer les chaînes énergétiques que nous utilisons actuellement pour nous chauffer.

      Ceci en considérant l’énergie thermique naturelle contenue dans l’eau en y prélèvant au mieux et selon les conditions locales l’énergie thermique qu’elle contient. Et ceci dans l’eau géothermale, dans celle des nappes libres, dans celle du fleuve lui même ou dans l’eau de mer pour les villes situées sur le littoral voire en conjuguant ces sources. Il est possible de le faire sans modifier notre modèle économique en s’appuyant à la fois sur les 3 piliers que constituent le social, la défense de notre environnement et la stabilité de notre économie.

      Il ne sera pas besoin de modifier notre constitution pour parvenir à ce résultat vu que celle-ci stipule déjà que nous devons vivre dans un monde équilibré et favorable à notre santé.

      Force est de constater en effet que la France ne vit pas actuellement dans un monde équilibré vu que c’est encore la rivière qui fourni dans notre pays pratiquement à elle seule l’intégralité de l’énergie électrique propre produite grâce à nos barrages hydroélectriques (environ 10%). Et cela facteur aggravant en dégradant cette coûteuse électricité pour chauffer les plus démunis d’entre nous en créant les problèmes de précarité énergétique que nous connaissons vu les performances déplorable de l’effet Joule.

      De plus, est-ce être dans un monde favorable à notre santé que de rouler en ville avec les voitures individuelles equipées de moteur à combustion ayant un rendement de 30% alors que nous pourrions le faire en mode électrique avec un rendement proche de 95%

      Le batiment et la voiture logée dans son sous-sol représentent le plus gros poste d’émission de GES devant l’industrie, le transport aérien, et l’agriculture ), il s’agit d’un défi immense qu’il va falloir relever sans attendre

      Le porte parole du CSLT espère dans l’intérêt des professionnels et de celui des ménages que le comité de pilotage du Plan de rénovation des bâtiments lancé en mars 2018 conscient de l’enjeu va devenir être le catalyseur qui va faire sortir le politique de sa léthargie.
      Ceci par exemple en orientant la politique du prix de l’énergie vers l’égalité des kWh gaz et électrique à la vente ( 10 cts d’€ le kWh)