Sydney (AFP) – Le géant français Engie a annoncé jeudi la fermeture en mars de la centrale australienne au charbon d’Hazelwood, l’une des plus polluantes du pays, une décision saluée par les organisations de défense de l’environnement.
Le groupe (ex-GDF Suez) s’était montré sceptique fin octobre quant aux chances de trouver un repreneur pour cette usine vieille de plus d’un demi-siècle, située dans la vallée Latrobe, dans l’Etat de Victoria (sud).
Un demi-millier d’employés perdront leur emploi en raison de cette fermeture, tandis que 250 autres demeureront sur le site pour démanteler la centrale d’ici 2023 et réhabiliter la mine voisine.
« Hazelwood a plus de 50 ans. Elle a contribué de façon superbe au marché électrique national, mais son activité n’est désormais plus viable », a déclaré dans un communiqué le directeur général d’Engie en Australie, Alex Keisser.
« Viabiliser les opérations et, ce qui est plus important, les sécuriser, coûterait plusieurs centaines de millions de dollars à Engie Australie », a-t-il ajouté.
« Ce niveau d’investissements ne peut se justifier au vu des conditions actuelles du marché, et des prévisions. »
La centrale d’Hazelwood était entrée dans le périmètre d’activités d’Engie (ex-GDF Suez) lors du rachat du producteur d’électricité britannique International Power en 2010. Elle est détenue à 72% par Engie et à 28% par le Japonais Mitsui.
Engie a renoncé à investir dans de nouveaux projets de production d’électricité à base de charbon, l’énergie fossile la plus polluante.
Le groupe dit aussi avoir prévu 15 milliards d’euros de cessions d’actifs sur trois ans, dans le cadre de son ambition de se concentrer sur les énergies bas carbone.
Hazelwood est une centrale thermique fonctionnant au lignite, une ressource considérée plus polluante encore que la houille en terme de rejet de CO2.
La centrale avait notamment fait parler d’elle en 2014 lors d’un incendie qui avait fait rage pendant plusieurs semaines dans la mine à ciel ouvert attenante qui l’alimente, enveloppant la petite ville voisine de Morwell (14.000 habitants) d’une épaisse fumée noire.
« Hazelwood est la centrale la plus sale d’Australie et l’une des plus polluantes au monde », a déclaré Kelly O’Shanassy, directrice de l’Australian conservation foudation.
« C’est donc un moment clé dans une transition qui est déjà bien lancée entre l’énergie polluante et l’énergie propre. »
Le gouvernement fédéral a annoncé une enveloppe de 43 millions de dollars australiens (29 millions d’euros) pour le recasement des employés de la centrale. L’Etat de Victoria a débloqué 22 millions.
Le ministre australien de l’Energie Josh Frydenberg a annoncé qu’il étudierait l’impact de la fermeture de Hazelwood sur l’approvisionnement énergétique. Hazelwood fournit encore 22% des besoins de l’Etat de Victoria, et 4% de ceux du pays.
L’Australie rejette environ 1,3% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, mais est un des plus gros émetteurs de la planète par habitant en raison de l’importance de son secteur minier et de sa dépendance à l’électricité produite grâce au charbon.
En 2014-2015, le pays, qui a longtemps dépendu de ses exportations de matières premières pour alimenter sa croissance, devait encore 63% de son électricité au charbon, selon les chiffres officiels.
Le débat sur la sécurité énergétique du pays a également été relancé en septembre quand l’ensemble de l’Etat d’Australie-méridionale, dont la superficie est d’une fois et demie celle de la France, a été privé d’électricité en raison d’un orage sans précédent.
© AFP
2 commentaires
Ecrire un commentaire
Mona
Pour en ouvrir ailleurs. …?
Jean Grossmann alias balendard
Ce qui se passe en Australie nous concerne autant que ce qui se passe dans notre pays
Vitrine de ce que Paris pourrait faire avec la Seine et son dogger, chacun d’entre nous devrait savoir que le complexe de pompage Thassalia tire profit de la mer pour chauffer et climatiser l’habitat marseillais.
Le droit à polluer qui a été accordé à Engie pour développer ses centrales à gaz a financé en partie ce complexe. Cela n’excuse pas le manque de sérieux, l’incompétence flagrante et le manque de réalité physique du journaliste qui a probablement été missionné par Engie pour décrire cette réalisation exemplaire.
Mona a raison
Tout cela est désolant
Balendard novembre 2016