Le Center Parcs de Roybon de retour devant les juges

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Un Zadiste dans la forêt de Chambaran, près de Roybon, à l'est de la France, le 4 décembre 2014 © AFP/Archives PHILIPPE DESMAZES

Grenoble (AFP) – Nouvelle bataille judiciaire pour le Center Parcs de Roybon, en Isère: la cour administrative d’appel (CAA) de Lyon examine jeudi la légalité de ce projet controversé de village-vacances. Avec à la clé une éventuelle reprise des travaux.

« La loi a été bafouée depuis le départ dans ce dossier! », tonne Christian Brély, le patron de la fédération des pêcheurs de la Drôme, qui revendique 17.500 adhérents.

Comme deux autres associations, la fédération a attaqué en justice le projet de Center Parcs, bâti dans la forêt des Chambaran, à la frontière de leur département, « sur le château d’eau de la Drôme ».

Lancés à l’automne 2014, les travaux de défrichement avaient été interrompus quelques semaines plus tard après l’irruption de militants qui occupent depuis lors une maison forestière à proximité du chantier.

Puis la justice a porté un sévère coup d’arrêt au projet. D’abord en décembre 2014, par une décision en référé du tribunal administratif de Grenoble, confirmée sur le fond à l’été 2015.

Le tribunal avait alors annulé l’arrêté du préfet de l’Isère du 3 octobre 2014 qui autorisait le projet au titre de la loi sur l’eau, au motif de l’insuffisance des mesures prises par le groupe Pierre & Vacances pour compenser la destruction de zones humides.

Le tribunal a ainsi pointé le « morcellement », « la dispersion » et « la distance » des sites de compensation « situés sur cinq départements, de l’Ardèche à l’Ain et au nord de la Haute-Savoie ».

Le groupe a fait appel du jugement et tente désormais de répondre à ces critiques en recherchant des sites de compensation plus proches de la zone impactée, une question qui devrait être au cœur de l’audience de jeudi. « C’est un de nos principaux arguments », reconnaît une porte-parole.

Après ses revers judiciaires, le PDG Gérard Brémond a assuré qu’un abandon du projet n’était « pas envisageable » et a promis que Pierre & Vacances reverrait sa copie dans le but de relancer les travaux.

Les arguments du groupe ne semblent cependant pas avoir convaincu le rapporteur public de la cour de Lyon, qui penche pour une annulation des arrêtés autorisant la construction du centre, selon un avis transmis aux parties la semaine dernière.

Le magistrat, qui détaillera son argumentation lors de l’audience, demande en effet la confirmation du jugement du tribunal de Grenoble du 16 juillet 2015 en ce qui concerne l’arrêté « loi sur l’eau ».

Il penche en outre pour l’annulation d’un autre jugement du tribunal de Grenoble, rendu le même jour, et qui avait donné raison à Pierre & Vacances: la juridiction grenobloise avait refusé d’annuler l’arrêté préfectoral autorisant la destruction d’espèces protégées.

Le rapporteur public de la CAA de Lyon estime au contraire qu’il n’y a pas de « raisons impératives d’intérêt public majeur » justifiant la destruction de ces espèces menacées.

« Autrement dit, la construction d’un Center Parcs n’est pas un projet d’intérêt général », a commenté Me Sébastien Le Briero, avocat de la Frapna (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature).

Les opposants ne crient pas victoire pour autant. « C’est bon signe mais il convient d’attendre l’audience et l’arrêt de la cour », estime Me Le Briero.

L’association « Pour les Chambaran sans Center Parcs » (PCSCP) se refuse aussi à tout commentaire avant la décision judiciaire.

Quant aux partisans du projet, ils ne baissent pas les bras: une manifestation a réuni 150 personnes vendredi soir dans les rues du village de Roybon.

Ils sont notamment soutenus par le président de la région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (LR), qui a fait voter une subvention de 4,7 millions d’euros en faveur de ce village-vacances de mille cottages, commerces et restaurants autour de l' »Aquamundo », une bulle transparente maintenue à 29°c, avec piscine et jacuzzi.

Le projet prévoit la création de 468 emplois équivalent temps plein.

© AFP

Un commentaire

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    • Rozé

    Ce village de vacances est réservé aux gens les plus aisés et ne peut donc être considéré d’intérêt général puisque une grande partie de la population n’y aura pas accès de fait.
    De plus ce projet est tout à fait contraire à la loi sur la transition énergétique et son corollaire, la sobriété énergétique. En effet les constructions, la bulle transparente maintenue à 29°, les routes d’accès, … sont tous très énergivores. Il est regrettable que Laurent Wauquiez ne comprenne pas l’ineptie de ce projet et qu’il alloue une subvention de 4,7 Méga euros à ce projet de vacances pour riches. LW le LR aurait il des intérêts dans Pierre et Vacances ? LW le LR ne peut il pas comprendre que l’avenir de ses enfants et petits enfants se joue dans ce type de décision et qu’il importe de prendre la plus raisonnable pour notre espace de vie ?
    Le chantage à l’emploi est encore de mise et comme toujours complètement biaisé; pour plusieurs raisons: d’une part ces emplois sont inutiles voire néfastes au sens de la préservation de l’environnement. D’autre part parce que le maintien et l’entretien de l’espace naturel devrait être une priorité, laquelle génèrerait beaucoup d’emplois plus réalistes et pertinents.
    Enfin disons avec force que la rentabilité économique est un concept dépassé; en effet sur le plan environnemental qui est la chance de survie de l’humanité, c’est la rentabilité environnementale qui est à retenir. Planter un arbre, investir même à perte pour préserver voire sauver l’environnement ça rapporte gros pour les générations futures ! A l’inverse des constructions énergivores, ce sont de futures ruines dégradant un peu plus notre environnement.