Energies renouvelables: la croissance va s’accélérer si les politiques suivent, selon l’AIE

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Un parc d'éoliennes, le 18 août 2016 à Guillonville, dans le centre de la France © AFP/Archives JEAN-FRANCOIS MONIER

Paris (AFP) – Les énergies renouvelables vont se développer plus vite que prévu d’ici 2021 mais cette accélération de la transition énergétique dans le monde masque des différences régionales et reste conditionnée à des politiques publiques favorables, estime l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Après des années de prévisions prudentes et parfois critiquées, l’AIE a revu à la hausse ses prévisions de développement à cinq ans des énergies vertes utilisées pour la production d’électricité, selon son rapport annuel de moyen terme sur les renouvelables publié mardi.

Elle évalue désormais à 825 gigawatts les nouvelles capacités électriques renouvelables (solaire, éolien, hydroélectricité, etc.) qui devraient être installées d’ici 2021, soit une progression de 42% par rapport à leur niveau de 2015, et 13% de plus que ce qu’elle envisageait dans ses précédentes estimations.

Ces perspectives « plus optimistes » font suite à une année 2015 record pour le développement de l’éolien terrestre et du solaire, avec 112 GW installés, et 153 GW pour l’ensemble des renouvelables.

« Nous assistons à une transformation des marchés mondiaux de l’électricité, sous l’impulsion des renouvelables », a commenté le directeur exécutif de l’AIE Fatih Birol, cité dans un communiqué.

Selon l’agence basée à Paris, les énergies renouvelables représenteront 28% de la production d’électricité mondiale en 2021 contre 23% fin 2015.

Pour expliquer l’accélération attendue, l’AIE met en avant la baisse des coûts de l’éolien et du solaire, déjà forte ces dernières années et qui va encore s’intensifier, rendant ces énergies toujours plus compétitives.

En cinq ans, les coûts du solaire devraient encore baisser de 25%, et de 15% pour l’éolien terrestre.

Ces deux énergies représenteront les trois quarts des nouvelles capacités électriques installées sur la période.

« Seuls l’éolien terrestre et le solaire photovoltaïque sont sur la trajectoire » de l’accord international de Paris sur le climat, prévient d’ailleurs l’AIE.

Car pour les autres énergies, le scenario est moins dynamique. L’installation de nouvelles capacités hydroélectriques va ralentir, avec moins de grands projets en Chine et au Brésil.

La biomasse, le solaire à concentration, la géothermie ou les énergies de la mer vont croître moins vite.

L’AIE alerte plus fortement sur la chaleur renouvelable et les biocarburants, dont le développement se fait « très très lentement », selon M. Frankl, qui pointe notamment l’impact « direct » des prix bas du pétrole.

Alors que la chaleur (chauffage, cuisson…) représente plus de la moitié de la consommation finale d’énergie, la part des renouvelables devrait à peine passer de 9% à un peu plus de 10% en cinq ans.

Au final, l’Agence a surtout relevé ses prévisions dans quatre pays: les Etats-Unis, la Chine, l’Inde et le Mexique, du fait de « l’évolution des politiques » qui y ont été annoncées ces derniers mois, explique M. Frankl.

Les Etats-Unis ont par exemple prolongé jusqu’en 2021 un crédit d’impôt sur l’investissement et la Chine s’est fixé des objectifs ambitieux dans son 13e plan économique quinquennal avec d’importants soutiens.

Globalement, « l’Asie prend définitivement la tête » du développement des énergies vertes, en concentrant plus de la moitié de la croissance attendue.

Toutefois « les énergies renouvelables n’y représentent qu’une part limitée de la croissance de la production d’énergie », toujours dominée par les énergies fossiles, relève M. Frankl.

« La concurrence entre les renouvelables et le gaz et surtout le charbon en Asie est le facteur déterminant qui fera que la lutte contre le changement climatique sera gagnée ou perdue », prévient-il.

A l’inverse, si la croissance sera moins forte dans les pays de l’OCDE, « la croissance de la production renouvelable y dépasse celle de la production totale d’énergie », ce qui signifie qu' »il y a un remplacement des énergies conventionnelles », ajoute M. Frankl.

Un des critères d’atteinte de ces nouveaux objectifs restera toutefois conditionné aux politiques mises en place dans chaque pays.

L’AIE pointe notamment des incertitudes politiques dans « trop de pays », une impréparation des réseaux électriques pour intégrer les renouvelables, par exemple en Chine ou en Afrique du sud, ou encore des conditions de financement pénalisantes dans les pays émergents.

© AFP

4 commentaires

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  • Nous nous dirigeons vers un monde décarboné dans lequel la combustion n’aura plus sa place
    Nous solutionnerons le problème des réseaux par l’autoconsommation
    de l’électricité produite par le voltaïque
    Il faudra probablement pour le chauffage de l’habitat que l’homme fasse un petit effort d’adaptation pour que cette autoconsommation ne génère pas la nécessité de stocker trop d’énergie thermique localement
    Par exemple se doucher plutôt le soir que le matin pour que le dispositif de chauffage collectif n’ait pas à assurer simultanément la fourniture de l’ECS et la chute de temperature dans les logements consécutif au cycle de nuit

    Balendard qui part demain en vacances
    Octobre 2016

    • Oskar Lafontaine

    Pour une fois que l’AEI, cet organisme bidon de chez Bidon et infesté de lobbys, dont surtout celui du nucléaire, soit l’horreur absolue, nous sort quelque chose de pas trop contraire aux évidences, on peut au moins saluer et encourager cet effort louable d’aller vers la vérité.
    L’essentiel demeure que les énergies renouvelables progressent, et bien plus vite que toutes les autres, qui vont entrer en voie de régression, et avant tout parce que les renouvelables sont au final, et deviennent chaque années un peu plus, bien moins onéreuses à mettre en oeuvre puis à exploiter, que les énergies thermiques conventionnelles, le nucléaire, le monstre à abattre, étant, sur ces deux points, l’investissement de départ, puis les frais d’exploitation, totalement largué, question coûts, depuis des années déjà.
    Enfin la volonté des politiques de soutenir, soit peu, soit pas du tout, les renouvelables, n’a que peu d’importance puisque c’est au final toujours le prix le plus bas qui l’emporte.

  • OUI
    Oskar a raison, c’est bien le prix le plus bas qui va maintenant l’emporter.
    Ce ne devrait pas être l’OPEP, qui vient d’ouvrir les vannes afin de rester compétitive en augmentant l’offre qui va changer la donne. La fiscalité va encore augmenter et le prix de l’énergie ne va pas baisser. Cela donne envie à Balendard d’écrire un 3ème livre sur ce sujet. Un livre qui pourrait bien mettre le soleil et l’eau douce (ou salée) ainsi que le « consommer moins » à besoin équivalent au-devant de la scène. Ceci au détriment de la combustion et de l’effet joule. Un livre qui expliquerait clairement les choses afin qu’elles se fassent. Ceci afin que « l’immeuble de Mr tout le monde » puisse bénéficier de ces mesures comme le médiateur de l’énergie et en droit de l’attendre sur le plan social.

  • Article très pertinent qui mérite réflexion….
    Merci