Nucléaire: l’Allemagne fait payer 23,5 milliards aux énergéticiens

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La centrale nucléaire d'Obrigheim (Allemagne), en cours de démantèlement, le 1er juillet 2014 © AFP/Archives DANIEL ROLAND

Francfort (AFP) – Berlin a adopté mercredi un projet de loi prévoyant le transfert par les opérateurs nucléaires de 23,5 milliards d’euros à un fonds chargé de la gestion des déchets, dans le cadre de l’abandon par l’Allemagne de l’énergie atomique.

Selon ce texte, qui doit encore passer devant le Parlement, les quatre géants EON, RWE, Vattenfall et EnBW, devront s’acquitter de cette somme d’ici 2022, année où la dernière centrale nucléaire allemande cessera son activité.

Le fonds public aura la responsabilité du stockage et du transport des déchets.

Le projet garantit le financement à long terme de la sortie du nucléaire, « sans que les coûts ne soient assumés unilatéralement par la société et sans mettre en danger la situation économique des opérateurs », a jugé le ministre de l’Economie social-démocrate Sigmar Gabriel dans un communiqué.

EON, qui devrait contribuer à lui seul pour quelque 10 milliards d’euros au fonds, a salué l’adoption du texte.

La chancelière allemande Angela Merkel a décidé en 2011 un abandon progressif de l’atome après la catastrophe de Fukushima. Huit centrales sont actuellement encore en activité en Allemagne.

Le total se compose d’une enveloppe de 17,4 milliards d’euros, correspondant aux provisions mises de côté par les opérateurs pour la problématique « déchets ». S’ajoute une prime de 6,2 milliards d’euros qui leur permet de se dégager de toute responsabilité dans leur gestion future, renvoyant ainsi les risques à l’Etat.

Ce projet de loi reprend fidèlement les conclusions annoncées en avril d’une commission mise en place par Berlin afin de s’assurer que les provisions constituées par les opérateurs de centrales seront suffisantes et mobilisables le moment venu.

Les groupes d’énergie ont globalement mis de côté 40 milliards d’euros mais leurs difficultés financières avaient fait craindre que ces sommes ne soient plus disponibles.

Une fois les 23,5 milliards versés au fonds, les opérateurs utiliseront le reste de leurs provisions pour démanteler leurs centrales et sceller leurs déchets nucléaires avant stockage – opérations dont ils restent financièrement et juridiquement responsables.

En raison de leur santé financière toujours fragile, il est toutefois probable « qu’ils ne puissent pas assumer eux-mêmes les coûts pour le démantèlement des sites », et la facture risque du coup de monter pour les contribuables, prévient Claudia Kemfert, experte en énergie de l’institut économique allemand DIW.

© AFP

4 commentaires

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    • Oskar Lafontaine

    Quand on voit la somme, ici rapportée dans cet article, plus de 40 milliards d’euros, que les 3 entreprises d’électricité allemandes, plus la suédoise Vattenfall qui opère aussi en Allemagne, ont déjà provisionné pour le nucléaire allemand à démanteler et ses déchets à enfouir, et que l’on compare avec ce qu’EDF, Areva et le CEA ont péniblement mis de côté en provisions, dont une partie a en plus déjà été discrètement utilisée pour autre chose,(puisque un texte de loi passé inaperçu, l’autorisait) soit moins de 30 milliards, alors même que la France à quatre fois plus d’installations nucléaires à démanteler et de déchets radioactifs mortels à enfouir que l’Allemagne, on est bien obligé de conclure que notre situation, en France, sur ce plan de la fin du nucléaire à sécuriser, conclure et enterrer, n’est guère brillante et est même très inquiétante.
    Pour information, rien que le centre d’enfouissement, donc pas les démantèlements, de déchets nucléaires, prévu à Bure et qui n’en est qu’au tout début de son creusement des galeries, celui de l’expérimentation, devrait coûter, selon les estimations sérieuses qui circulent dans la presse économique depuis trois, quatre ans, jusqu’à 35 milliards d’euros, même si, pour permettre à EDF de présenter, pour la forme, un bilan comptable 2015 pas trop calamiteux, ce chiffre, sans doute encore insuffisant, a été d’un coup de plume ministériel, que rien de techniquement connu n’autorisait, artificiellement ramené, en février 2016, à 25 milliards d’euros, « seulement ».

  • L’Allemagne une fois de plus montre la voie. Ferme sur la décision de stopper le nucléaire, mais en préparant aussi l’échéance avec les opérateurs concernés. rf

    • Rozé

    Curieux, amusant ? En France c’est l’inverse: EDF demande des milliards à l’Etat pour fermer ses centrales ! Cela étant, les énergéticiens atomiques allemands paient … pour se libérer de leurs obligations de pollueurs et compte tenu de la difficulté à gérer ces déchets sans doute pire que les GES sur le très long terme, ils ne paient pas cher.

    • dany

    La corruption des hommes d’état français, les interets financiers privés vont faire payer très cher au contribuable français. Bravo les politiciens français tous ripoux.