Pollution radioactive près de l’usine Areva de la Hague

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L'usine Areva de Beaumont-Hague, en Normandie, le 14 septembre 2015. © AFP/Archives CHARLY TRIBALLEAU

Beaumont-Hague (France) (AFP) – L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) « prend très au sérieux » l’étude d’une association faisant état d’une pollution à l’américium 241, un élément très radioactif, près de l’usine Areva de Beaumont-Hague, en Normandie, a-t-elle indiqué jeudi.

L’étude de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO), un laboratoire indépendant des industriels, « relève des niveaux anormalement élevés d’américium 241 », a déclaré Hélène Héron, directrice de l’antenne caennaise de l’ASN.

Mme Héron s’exprimait lors d’une commission locale d’information (CLI) réunissant à Beaumont-Hague (Manche) Areva, ASN, syndicats et associations au sujet de l’usine de retraitement des déchets nucléaires d’Areva, site qui concentre le plus de matière radioactive en Europe.

L’ACRO a relevé dans les marécages traversés par un ruisseau baptisé Les Landes, « jusqu’à 71 Becquerels par kilo (Bq/kg) sec (non humide) en américium-241, alors que selon l’IRSN (Institut de radioprotection nucléaire), on ne devrait trouver ce radionucléide qu’à hauteur de quelques dixièmes de Bq/kg sec, les valeurs maximales documentées étant comprises entre 0,1 et 5 Bq/kg sec pour les zones polluées », a précisé André Guillemette, de l’ACRO, lors de la commission d’information. Les prélèvements datent de juillet et septembre 2016.

« La toxicité de l’américium 241 est identique à celle du polonium 210 » que Vladimir Poutine est accusé d’avoir utilisé pour « se débarrasser » de l’ex-agent du KGB Alexandre Litvinenko, a souligné M. Guillemette.

Il faut 432 ans pour que la radioactivité de l’américium 241 diminue de moitié, selon l’IRSN.

« On suit ce ruisseau. On n’a vu aucune évolution », a déclaré de son côté le directeur adjoint de l’usine René Charbonnier.

Interrogé par l’AFP, Didier Le Bel, maire de Gréville, une commune de la Hague, a assuré que l’étude ne l’inquiétait pas. Les doses relevées sont telles qu’il faudrait ingérer 5 à 6 kg de cette boue pour atteindre une exposition de 20 msv, seuil limite annuel fixé pour la population, selon lui.

L’étude de l’ACRO soulève « un point important sur lequel la CLI va se pencher » lors d’une réunion ultérieure, a de son côté souligné le président de la CLI Pierre Bihet.

Autre sujet sur lequel la CLI sera « extrêmement vigilante »: les conséquences éventuelles de la restructuration au sein d’Areva, en difficulté financière, sur la sûreté.

« Dans le service des piscines on va être en sous-effectif de 19 personnes sur un total de 100 d’ici fin 2016 », a affirmé Sébastien Legouix, délégué CFDT du site. Les piscines de la Hague servent au refroidissement, avant retraitement, de tous les combustibles irradiés dans les centrales nucléaires françaises.

Le recrutement de onze personnes d’ici 2017 est en cours dans ce service, a assuré de son côté la direction. Les effectifs restent partout supérieurs au seuil imposé pour la sûreté, a-t-elle ajouté.

« On va passer de 3.500 salariés Areva il y a quelques années à 2.800 demain. Il y a une vraie inquiétude quant au maintien de la sûreté. On a de plus en plus d’accidents » du travail, a affirmé Arnaud Baudry, autre délégué CFDT.

Selon la direction, Areva affiche 7 accidents du travail avec arrêt de travail en 2016 sur le site après 3 en 2015. Pour l’industriel, c’est peu au regard de l’effectif total.

Areva la Hague emploiera 2.898 personnes fin octobre 2017 contre 3.075 fin août 2015, sans licenciements, selon la direction.

© AFP

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