Paris (AFP) – La piétonnisation des voies sur berges rive droite a très sensiblement allongé le temps de transport le soir sur les quais hauts au cœur de Paris, selon un rapport d’étape commandé par la Région Ile-de-France, très critique à l’égard de cette initiative très polémique de la Ville de Paris qui se félicite au contraire de chiffres « loin d’être alarmistes ».
Publié jeudi sur le site de l’IAU (Institut d’Aménagement et d’Urbanisme) d’Ile-de-France, ce « rapport d’étape » de 30 pages d’un comité d’experts indépendants, installé le 12 septembre par la présidente Les Républicains de la Région IDF Valérie Pécresse, affirme qu’en septembre 2016 en un an, « les temps de parcours des automobilistes sur les quais hauts rive droite ont augmenté de +135% », avec neuf minutes de plus, et de 60% le matin (3 minutes et demie de plus).
Ils sont stables ou d’un maximum de 2 minutes et demie sur les Grands Boulevards, le boulevard Saint-Germain et porte de Saint-Cloud.
Les temps de parcours en bus ont augmenté de 0 à 15% sur cinq lignes étudiées (de 0 à plus 8 minutes selon les lignes, certaines étant perturbées par des travaux, reconnaît l’étude).
Voulue par Anne Hidalgo et votée en Conseil de Paris le 26 septembre pour lutter contre la pollution de l’air, la fermeture de la voie Georges-Pompidou interdit désormais aux voitures 3,3 km du quai bas le long de la Seine, de l’entrée du tunnel des Tuileries (Ier arrondissement) à la sortie du tunnel Henri-IV (IVe).
Très critique à l’égard de cette décision, comme de nombreux élus – la plupart de droite à Paris et en banlieue -, Mme Pécresse a mis en place cet observatoire présidé par Pierre Carli, médecin-chef du Samu de Paris. Il rassemble des organismes régionaux étudiant l’air, le bruit, l’urbanisme ou la santé (Airparif, Bruitparif, IAU, ORS), l’autorité de transport régional STIF, France Nature Environnement IDF et a auditionné pour ce premier bilan des associations de défense de l’environnement et la RATP.
Valérie Pécresse « doit en être pour ses frais », a réagi auprès de l’AFP Christophe Najdovski, adjoint EELV aux Transports de Paris, « les chiffres sont loin d’être alarmistes. Ils montrent que la mesure que nous avons prise est tout à fait soutenable ».
Concernant la pollution de l’air, le rapport indique qu' »une pollution de l’air importante » a touché Paris en septembre mais « à ce stade, il n’a pas été établi de lien de causalité » avec la fermeture des voies.
Il note des données « incohérentes » sur le bruit fournies par la Ville de Paris dans son étude d’impact publiée le 25 septembre, et lui reproche de n’avoir pas « partagé avec le comité sa méthodologie d’analyse ou de calcul ».
Le comité demande enfin au Préfet de Police de Paris « d’organiser une concertation des différentes parties » pour confronter les données. Il va également lui proposer une nouvelle méthodologie avec 350 mesures sur l’air, le bruit et le trafic sur un périmètre élargi au périphérique et à l’A86 qui entoure Paris.
La Ville a indiqué de son côté que ses données « sont partagées avec la Préfecture de police, avec l’État et selon une méthodologie approuvée par tous », a répliqué l’élu parisien qui « invite Valérie Pécresse, plutôt que rajouter des comités Théodule, à rejoindre le travail fait par la Ville de Paris ».
La piétonnisation de ces voies, en vigueur de fait depuis mi-juillet, exacerbe les passions depuis des mois. La droite et la banlieue surtout crient à la « thrombose » annoncée, Paris avance des effets « concentrés et temporaires ».
Pas moins de quatre comités et autres observatoires ont placé la mesure sous haute surveillance, la Ville, la Préfecture de police, la Région et la Métropole du Grand Paris.
© AFP
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