Montréal (AFP) – Le transport aérien est devenu jeudi le premier secteur industriel à adopter un mécanisme de limitation des émissions carbone, un accord qualifié d’historique à l’issue de son adoption à l’assemblée triennale de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).
« C’est un moment historique », a déclaré le Malaisien Azharuddin Abdul Rahman, président de la session plénière de cette agence des Nations unies.
« Vous avez donné au secteur les derniers outils » pour lutter contre les dérèglements climatiques, a indiqué Paul Steele, un des directeurs de l’association internationale du transport aérien (IATA) représentant les compagnies aériennes.
Cet accord est obtenu au lendemain de l’assurance de l’entrée en vigueur dans moins d’un mois de l’accord de Paris sur le climat après avoir satisfait aux critères minimum de pays et de volumes d’émissions pour sa mise en oeuvre.
« L’esprit de Paris a soufflé sur Montréal » où étaient réunis en assemblée les délégués des 191 pays membres de l’OACI et « le secteur aérien peut légitimement être fier de ce magnifique succès », a estimé Philippe Bertoux, ambassadeur de France.
Si le secteur aérien n’est pas inclus dans l’accord de Paris sur le climat, il doit faire sa part pour l’environnement. En dépit de la croissance inévitable du trafic aérien, l’aviation civile s’engage donc à limiter le volume des émissions de gaz à effet de serre (GES) grâce notamment au développement d’agrocarburants à des moteurs moins gourmands ou à l’optimisation du tracé des vols.
Poussés par cet élan international et la crainte d’être fustigés par l’opinion publique, les délégués à l’OACI ont presque gommé leurs différences pour adopter un processus en deux phases et limiter d’ici 2035 les émissions carbone sur des niveaux observés en 2020.
La première phase sur une base volontaire va démarrer en 2021 par une étape pilote qui, après une évaluation l’année suivante, sera mise en application avec une mesure mondiale basée sur le marché (GMBM).
C’est ce système qui a été entériné jeudi et qui se traduira par l’achat par les compagnies aériennes de crédits carbone auprès d’autres secteurs économiques sur une bourse d’échanges.
A partir de 2027, ce mécanisme sera obligatoire pour tous les pays à l’exception des plus pauvres, les micro-Etats ou ceux qui pèsent pour moins de 0,5% du trafic mondial de passagers.
Soixante-quatre pays ont d’ores et déjà confirmé leur participation volontaire à la première phase dont tous les pays européens, les Etats-Unis, la Chine, le Canada ou le Japon. Il est à noter que le système porte uniquement sur les vols internationaux exploités par les compagnies aériennes des Etats adhérents. Les émissions des vols intérieurs ne sont pas comptabilisés dans ce mécanisme.
« Environ 80% des émissions seront couvertes par ce mécanisme entre 2021 et 2035 », a souligné Violeta Bulc, commissaire européenne au Transport. De plus, a-t-elle assuré, une clause prévoit si nécessaire « l’amélioration de ce GMBM, en conformité avec les objectifs de l’accord de Paris ».
Si par consensus l’OACI a entériné cet accord, certains pays ont émis de sérieuses réserves, dont l’Inde et la Russie, et dans une moindre mesure la Chine.
La Russie a parlé d’un « objectif irréaliste » et a régulièrement insisté depuis le début de l’assemblée le 27 septembre que bien au contraire les émissions de GES du secteur aérien allaient augmenter. « La Russie n’est pas encore en position de manifester sa participation », a prévenu sa délégation jeudi en déposant des réserves.
Globalement, les environnementalistes ont exprimé leur satisfaction, comme Nathaniel Keohane, responsable climat au Fond de défense de l’environnement (EDF), pour qui « cet accord positionne l’aviation comme moteur dans l’objectif de réduire la pollution carbone dans le monde ».
Lou Leonard pour le WWF a tempéré l’enthousiasme en estimant qu’avec cet accord, « nous étions loin de la ligne d’arrivée dans la lutte contre la pollution carbone générée par l’aviation internationale » même si les fondations étaient posées pour s’attaquer au problème. Un avis non démenti par l’OACI. Son président Olumuyiwa Benard Aliu a convenu jeudi en conférence de presse que « beaucoup de travail reste à faire ».
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3 commentaires
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Grossmann alias Balendard
Autrement dit on donne à l’aviation internationale une autorisation à polluer moyennant dédommagement au titre de la taxe carbone. Ceci avec une redistribution au travers d’une finance elle aussi internationale vers les pays pauvre que l’on peut espérer à hauteur de la taxe
Quant à l’aviation nationale des vols intérieurs chaque pays est libre de polluer à sa guise sur son territoire sans dédommagement
Cette autorisation à polluer est une incitation à utiliser les agrocarburant qui seraient de l’avis de nombreux « organismes abilités » moins générateur de GES que le kérosène chaîne de production incluse.
Quant à Balendard si l’on était pas aussi pressé d’arriver, il estime que l’avenir est plutôt l’aile volante gonflée à l’hélium équipée de moteurs électriques alimentés par l’électricité produite par des panneaux voltaïque implantés sur l’extrado de l’aile volante.
Voir
https://www.goodplanet.info/actufondation/2016/09/19/decouvrez-le-solar-impulse-logbook/
Octobre 2016
Rozé
Bla bla bla bla … Pour réduire l’empreinte environnementale du transport aérien, il faut réduire le nombre des vols AVANT TOUT. Et rapidement, sinon l’empreinte restera la même au mieux grâce à quelques moteurs plus performants et quelques avions déjà gigantesques, au pire cette empreinte augmentera !
La recherche du profit, non contestée, est suicidaire pour l’humanité.
Claude Renaud
Depuis la COP21, le nombre de victoires remportées dans la lutte contre le réchauffement climatique
est impressionnant. On signe, on ratifie, on passe des accords qualifiés d’historiques, avec une
facilité qui force le respect. La COP22 qui arrive, ne peut pas être en reste, et sera forcément une
grande réussite.Est-ce que ça ne vous paraît pas un peu suspect, cet élan soudain de bonne volonté?
Les Cies Aériennes se fichent pas mal de leurs émissions carbone, puisqu’elles sont là pour faire du
profit. Ce que je crois, c’est qu’entre voyous, il est facile de signer tous les accords qu’on veut, et de le
faire savoir, si on sait que de toute façon, les promesses ne seront pas tenues.
L’article dit, »limiter d’ici 2035 les émissions de carbone sur des niveaux observés en 2020″. Je croyais
que les accords de Paris entraient en vigueur dans un mois. Les Cies Aériennes échappent encore une
fois à la règle générale, et pour elles, le temps n’est pas le même. Comme si nous avions des décennies devant nous.
Et dans le même temps, il question de doubler, d’ici 20 ans, un trafic déjà saturé. Cherchez l’erreur.
Notre-Dame-des-Landes fait partie de la bonne volonté ambiante.
Il n’y a qu’une solution : que les citoyens prennent leur responsabilité et réduisent leurs déplacements
en avion. Mais ça, c’est une autre histoire!