L’Afghanistan bientôt fixé sur le niveau de réengagement de ses donateurs

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Des soldats en véhicules blindés lors d'un siège des talibans à Kunduz, le 4 octobre 2016 dans le nord de l'Afghanistan © AFP BASHIR KHAN SAFI

Bruxelles (AFP) – L’Afghanistan, ravagé par la guerre et porté à bout de bras depuis quinze ans par la communauté internationale, saura mercredi dans quelle mesure ses principaux donateurs se réengagent à ses côtés pour les quatre prochaines années, à l’occasion d’une conférence à Bruxelles.

La réunion, copilotée par le président afghan Ashraf Ghani et par le président du Conseil européen Donald Tusk, devrait déboucher sur la promesse d’une aide annuelle globale d’au moins trois milliards d’euros par an jusqu’en 2020, un seuil en deçà des quatre milliards des quatre dernières années mais qui serait synonyme de « succès » d’après une source européenne.

Elle se tient dans un contexte tendu pour les forces gouvernementales afghanes, confrontées lundi à un siège de près de 24 heures des talibans à Kunduz (nord), puis mardi à la mort d’un soldat américain tué par un engin explosif lors d’une opération dans l’est contre l’organisation Etat islamique (EI), illustrations de l’insécurité persistante dans le pays.

Les talibans, chassés du pouvoir en 2001 par une intervention américaine lancée peu après les attaques du 11 septembre 2001, avaient déjà repris Kunduz pendant trois jours fin septembre 2015.

Ils n’ont cessé de gagner du terrain depuis un an, notamment dans la province du Helmand (sud), et contrôlent aujourd’hui environ 10% du pays, selon l’état-major américain de la mission de l’Otan, prolongée cet été.

Insécurité, corruption, chômage, émigration massive des jeunes: le président Ghani a tenté de gommer la mauvaise image qui colle à son pays en venant à Bruxelles vanter les réformes engagées par son gouvernement d’union nationale depuis l’été 2014.

Mardi, dans un premier échange au côté du chef de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini, il a insisté sur l’autonomisation croissante des femmes et leur accès à l’éducation et à l’emploi comme conditions essentielles de la « prospérité » de son pays.

Et s’il laisse sur leur faim les ONG, l’élan réformiste de son administration devrait être salué mercredi matin par les principaux orateurs, notamment Ban Ki-moon, secrétaire général de l’Onu, et John Kerry, secrétaire d’Etat américain, arrivé mardi et qui s’est déjà brièvement entretenu avec Ashraf Ghani.

Depuis deux ans, « le rythme des réformes a augmenté de manière significative », parfois « au-delà de nos attentes », a souligné avant la réunion un haut responsable européen, saluant en particulier la collecte des impôts « en hausse de 20% depuis un an ».

Une manière de dire que l’Afghanistan mérite la confiance renouvelée de ses principaux donateurs que sont l’Union européenne, les Etats-Unis et un groupe de pays dominé par le Japon pour le troisième tiers.

A condition de ne pas oublier les Afghans en droit de demander des comptes à leur gouvernement, a prévenu Mme Mogherini, parlant d’une conférence « dédiée au soutien international à l’Afghanistan et au soutien de l’Afghanistan à sa population ».

Dans un rapport publié à l’occasion de ce rendez-vous médiatisé, l’ONG Transparency International (TI) a invité M. Ghani à « accélérer » le rythme de la lutte anti-corruption en ciblant une vingtaine de mesures clés.

Un huitième de l’aide internationale est dilapidé dans la corruption ou l’enrichissement personnel de hauts responsables, estime TI.

De son côté, Amnesty International a exigé que le soutien des Occidentaux ne soit « pas conditionné » par la réadmission de migrants afghans sur leur sol, alors que l’Afghanistan est actuellement le deuxième pourvoyeur de demandeurs d’asile dans l’UE, après la Syrie.

L’UE a annoncé lundi avoir conclu un « arrangement » avec Kaboul destiné notamment à faciliter les retours des Afghans déboutés de l’asile.

Il y est question d' »explorer la possibilité de construire à l’aéroport de Kaboul un terminal dédié aux retours » par des vols non réguliers.

A plus court terme, l’UE s’est engagée officiellement mardi à verser directement au budget afghan un montant de 200 millions d’euros sur 2017 et 2018, par le biais d' »un contrat d’appui à la consolidation de l’Etat ».

L’aide s’intègre dans l’enveloppe de 800 millions promise par l’UE sur ses fonds propres (hors Etats membres) pour la période 2017-2020.

© AFP

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