Paris (AFP) – Les insectes envahissants, en pleine expansion sous l’effet des échanges mondiaux et du réchauffement planétaire, font chaque année au moins 69 milliards d’euros de dégâts dans le monde, un chiffre largement sous-estimé, selon une étude parue mardi.
Dommages aux biens et aux services, coûts en matière de santé, pertes agricoles… les impacts des insectes envahissants (proliférant hors de leur milieu naturel) sont nombreux et le résultat chiffré de cette évaluation est a minima, soulignent les auteurs de cette synthèse inédite publiée dans Nature Communications.
Sur 69 milliards d’euros de dommages (76,9 mds USD), le termite de Formose (Coptotermes formosanus) apparaît comme l’un des plus destructeurs, relève cette équipe pluridisciplinaire impliquant notamment le CNRS, l’Université Paris-Sud, AgroParisTech et I’lnstitut de recherche pour le développement (IRD).
Une fois établi, ce termite n’a d’ailleurs jamais pu être éradiqué, et son établissement en Europe est à craindre avec le changement climatique.
Également en haut du classement, la teigne des choux (Plutella xylostella) coûte 4,1 milliards d’euros par an et le longicorne brun de l’épinette (Tetropium fuscum) 4 milliards d’euros rien qu’au Canada.
Sur la santé, le coût attribuable aux insectes envahissants dépasse les 6,1 milliards d’euros annuels (non inclus le paludisme -dont l’essentiel est lié à un moustique présent naturellement- ou le virus Zika). La dengue est la maladie la plus coûteuse (84% des dépenses, rien que pour les zones où ces moustiques sont envahissants). Le virus du Nil occidental en représente 15%.
La somme de 69 milliards a été obtenue grâce à quelque 700 articles et rapports, mais de ce fait elle tient peu compte d’espèces et de régions sous-étudiées.
Le calcul n’intègre pas non plus le coût des perturbations générées aux « services » de la nature (par exemple la pollinisation des cultures).
Ainsi, « l’extrapolation minimale que l’on peut faire [du coût de ces insectes] serait plutôt de 270 milliards de dollars », indique à l’AFP l’écologue Franck Courchamp, auteur principal et directeur de recherche au CNRS.
Or, la situation devrait encore se dégrader avec le réchauffement planétaire: son coût devrait croître de 18% d’ici 2050 si rien n’était fait pour freiner le dérèglement climatique, relève l’étude.
Depuis des milliers d’années, les insectes ont propagé des maladies et généré des dommages aux écosystèmes: ils forment « probablement le groupe le plus +coûteux+ » du règne vivant, rappellent les auteurs.
Aujourd’hui, environ 10% des insectes introduits dans une nouvelle région s’y implantent et 10% d’entre eux finissent par y proliférer.
Pour M. Courchamp, outre l’information du public et la lutte climatique, la solution réside dans la « biosécurité », des mesures en amont pour limiter ces invasions: surveillance des cargaisons sensibles en provenance de certaines régions, législations limitant certains exports non contrôlés (par exemple pulvérisation d’insecticides pour certaines cargaisons à risque avant export) etc.
Ce genre de protocoles est en place et très efficace dans certains pays comme les États-Unis ou l’Australie, ajoute le chercheur.
© AFP
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