Montréal (AFP) – Après des années d’atermoiements et d’échecs, le transport aérien engage mercredi à Montréal une négociation compliquée pour mettre en place un mécanisme de gel, sinon de réduction, des émissions carbone pour contribuer à la lutte contre le réchauffement de la planète.
Si les émissions de CO2 du secteur aérien n’entrent pas dans l’accord de Paris (COP21), les compagnies aériennes doivent cependant faire leur part du chemin pour contenir les gaz à effet de serre (GES).
A l’ouverture mardi de la 39ème assemblée de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), le dossier de l’environnement a été le point majeur de l’ordre du jour soumis aux délégués des 191 pays membres de cette agence des Nations unies spécialisée dans le transport aérien.
« L’aviation mondiale prend en charge actuellement quelque 10 millions de passagers chaque jour avec environ 100.000 vols, en contribuant pour 1,3% aux émissions de CO2 chaque année » et 2% si l’on prend en compte les vols intérieurs, a rappelé mardi le président de l’OACI Olumuyiwa Benard Aliu.
Les négociateurs doivent décider d’un mécanisme mondial de compensation des émissions carbone de l’aviation internationale (Corsia pour son acronyme anglais) avec l’objectif d’ici 2035 de maintenir, au pire, les volumes d’émission du transport aérien observés en 2020.
Un véritable défi quand les estimations prévoient plus d’un doublement du nombre de vols et des passagers d’ici là. Pour le relever, l’OACI compte procéder en deux phases, d’abord sur une base volontaire, puis à partir de 2027 sur un mode obligatoire
A ce stade, 59 pays ont accepté de participer à la première phase, dont tous les pays européens, les Etats-Unis, la Chine, le Canada, l’Australie ou le Japon.
Ces pays qui représentent 80% du trafic aérien, et donc un volume conséquent d’émissions de GES, vont pousser pour l’adoption par consensus de ce mécanisme Corsia avant la fin de l’assemblée triennale de l’OACI, le 7 octobre.
Après des échecs répétés ces dernières années, notamment pour un système de bourse carbone de l’aérien, l’Union européenne entend cette fois être moteur.
Sur le volet des changements climatiques, « il n’y a pas d’autre façon de le dire, nous sommes à un moment historique », a assuré mardi Violeta Bulc, commissaire européenne au Transport.
Pour gérer l’empreinte carbone de l’aviation, les Etats doivent instaurer une mesure mondiale basée sur le marché (GMBM). Les compagnies aériennes pourront alors acheter des crédits carbone auprès d’autres secteurs économiques au prix du marché.
« Nous appuyons totalement ce mécanisme » proposé à la négociation, a souligné Paul Steene, un des directeurs de l’association internationale du transport aérien (IATA). Pour les compagnies aériennes, le pire scénario, qui signifie aussi une forte croissance des vols, il en coûterait près de 25 milliards de dollars (22 milliards d’euros) en 2035 pour acheter des crédits carbone, soit 1% du chiffre d’affaires estimé du secteur, a-t-il ajouté.
Si l’OACI adopte ce mécanisme, tous les pays à l’exception des pays les plus pauvres ou ceux pesant pour moins de 0,5% du trafic mondial de passagers, devront dès 2027 adhérer à la seconde phase du Corsia.
Cela ne va pas sans grincements et la Russie ou l’Inde ont affiché leur opposition à un tel mécanisme à la veille des négociations.
« Nous ne sommes pas d’accord avec un gel des émissions au niveau de celles de 2020, ce serait un retour en arrière et cela impacterait le secteur aérien (…) particulièrement pour des pays où ce secteur n’est pas mature », a déclaré Gajapathi Ashok, ministre indien de l’Aviation civile.
Pour sa part, Valery Okulov, ministre adjoint russe au Transport, a jugé qu’un tel système « ne va pas réduire le volume de GES mais plutôt l’augmenter ». Le mécanisme Corsia aura « une influence négative sur le développement de l’aviation civile », a-t-il estimé en demandant aux négociateurs une approche « sage et pondérée » du BMGM.
Si la négociation s’annonce âpre, le secteur n’a pas vraiment le choix car, comme l’a rappelé Paul Steele, « il n’y a pas de plan B ».
© AFP
5 commentaires
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Mona
Quand la puissance monnaie passe avant l’importance de nos vies….
Scénario catastrophe. ….!
Le trafic aérien, par les investissements qu’il provoque n’est pas prêt à diminuer.
En France, les aéroports sont passés aux mains étrangères.
Y a t-il encore une solution avec de futurs avions solaires…?
Alors… il y a urgence…!!
Mona
Et les avions solaires, ce sera pour quand…?
Instinct de survie…!!
Quand l’appât du fric est l’alzheimer du monde..
Claude Renaud
Si on devait décerner une palme de l’hypocrisie, je crois que l’aviation civile aurait toutes les chances
d’être nominée. Les millions de tonnes de kérosène brûlées chaque année par le trafic aérien
n’émettent pratiquement pas de CO2. C’est un miracle.
Encore une fois, je me permets de m’inscrire en faux par rapport à l’article.
L’avion, est le moyen de transport le plus polluant qui soit, malgré l’effort des Cies aériennes pour
minimiser l’impact du trafic aérien sur le Climat, qui a doublé en 20 ans.
Les émissions liées au trafic aérien échappent complètement aux règlementations internationales pour
la lutte contre le réchauffement climatique. Or, il est impossible de lutter contre celui-ci sans s’attaquer
à la pollution des avions.
Quand du kérosène est brûlé, le carbone qu’il contient est libéré et se combine avec l’oxygène pour
former du dioxyde de carbone (CO2). De la vapeur d’eau, des oxydes nitreux, des sulfates et des suies
sont également libérés. Les trainées de condensation qui suivent les avions sont dues aux gaz
d’échappement et formes des cirrus, ces petits nuages blancs qui s’étirent derrière eux, mais ils sont sales.
Le kérosène est le seul carburant qui ne soit pas taxé, ce qui est injuste, parce qu’il bénéficie avant tout aux classes aisées, qui constituent l’essentiel des passagers réguliers en avion et pénalise les
autres moyens de transport. C’est une concurrence déloyale. Quant aux Cies Low Cost, qui sont une aberration, c’est carrément un permis à polluer bon marché.
Plus d’avions, signifie aussi, plus d’hôtels, plus des piscines, de terrains de golf, donc plus de consommation d’eau, dans des pays souvent en déficit, plus de safaris en 4X4, plus de visites de sites en hélicoptère, etc.. Le cocktail, avions plus tourisme de masse, est une catastrophe pour l’environnement. 3,5 milliards de passagers ne 2015 et une projection de 7 milliards en 2030.
Si nous ne sommes pas devenus fous, que faut-il penser?
Claude Renaud
Les champs obligatoires ont été renseignés, mais mon commentaire a encore été refusé.
Je commence à douter de l’objectivité de GoodPlanet, qui est censé défendre l’environnement.
GoodPlanet
Bonjour Claude,
La modération des commentaires se fait uniquement pour les nouveaux utilisateurs, vus avez deja une cinquantaines de messages… donc vos nouveaux post devraient apparaitre immédiatement.
Aucun d’entre eux n’a été supprimé, si un commentaire n’apparait pas, c’est qu’il doit y avoir un probleme technique sur le site.
Je vous invite donc à reposter le message
Julien