Boues rouges: Royal met la pression, le préfet s’exécute

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La ministre de l'Energie, Ségolène Royal le 6 septembre 2016 à Paris © AFP/Archives Philippe Lopez

Marseille (AFP) – Le préfet des Bouches-du-Rhône a intensifié la pression lundi, à la demande de la ministre de l’Environnement Ségolène Royal, sur l’industriel Alteo, responsable pendant un demi-siècle des rejets de boues rouges dans les calanques près de Marseille.

L’usine de Gardanne (Bouches-du-Rhône) a rejeté pendant 50 ans des « boues rouges », toxiques, en plein coeur de l’actuel Parc national des calanques.

Elle a été autorisée fin 2015 à poursuivre pour six ans son activité de production d’alumine, moyennant une modification de ses procédés : elle ne rejette plus qu’un liquide filtré, que ses opposants continuent néanmoins de dénoncer comme très polluant.

Au cours d’une réunion lundi, le préfet a exigé davantage d’études « sur la dispersion des émissions de poussières dans le voisinage du site de stockage des déchets » solides de l’usine, et leur radioactivité.

Il exécutait ainsi une directive de Ségolène Royal, qui lui avait adressé vendredi une lettre de deux pages, révélée par le site d’information régionale Marsactu et consultée par l’AFP, comportant une série de recommandations détaillées sur le dossier Alteo.

La préfecture, qui avait constaté des anomalies dans les rejets liquides et mis en demeure, le 21 juin, l’usine de corriger le tir, a délivré un satisfecit sur ce point : « au vu des derniers contrôles de juillet et août, la qualité des rejets aqueux de l’usine de Gardanne s’est améliorée », selon un communiqué.

Le préfet Stéphane Bouillon n’a pas non plus fait état d’autres pollutions relevées lors des contrôles de l’usine, des canalisations ou des rejets.

Conformément à des demandes de Ségolène Royal, qui manifeste depuis fin 2015 son opposition au feu vert donné par le Premier ministre Manuel Valls à la reprise de l’activité, le préfet a néanmoins rappelé que l’industriel s’était engagé à remettre un « rapport détaillé » sur ses efforts pour limiter encore ses émissions polluantes d’ici 2021.

« Ce rapport sera complété par une étude sur le devenir des boues stockées conformément à la demande de la ministre », a précisé le préfet, qui a également révélé avoir demandé fin juin à Altéo de renforcer les contrôles sur les canalisations qui convoient les effluents de l’usine à la mer.

Dans l’après-midi, des opposants aux rejets dans les Calanques s’étaient rassemblés devant la préfecture, dont Cécile Duflot et Michèle Rivasi, toutes deux candidates à la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts en vue de la présidentielle.

La député européenne Michèle Rivasi a dénoncé la « malhonnêteté » de l’entreprise. « Le problème qu’il y a, c’est qu’il y a un transfert de pollution » vers le site de Mange Garri sur la commune de Bouc-Bel-air (Bouches-du-Rhône), où Alteo entrepose les rejets solides issus du traitement des effluents, estime-t-elle.

Pour supprimer les boues rouges, Alteo a installé des « filtres-presses », qui séparent la partie solide, non dangereuse d’après elle, de la partie liquide. Sur les rejets liquides, Alteo affirme être en avance sur le calendrier fixé par le gouvernement avec des concentrations en métaux « en moyenne 6 fois plus basses que les seuils autorisés ».

Cécile Duflot a dénoncé « le chantage à l’emploi » exercé par Alteo.

« Ce quinquennat est un vrai gâchis pour l’écologie », a-t-elle commenté: « que ce soit sur l’abandon des trains de nuit, que ce soit sur l’abandon de la taxe poids lourds, que ce soit sur les mesures très molles voire absentes sur le diesel, que ce soit sur les boues rouges ici ou sur le sable coquillier à Lannion, les décisions qui sont prises montrent bien que s’il n’y a pas de cap écologiste à la tête de l’Etat, s’il n’y a pas une présidente écologiste, en fait ça ne change pas ».

© AFP

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