Wind Prospect, le petit indépendant arrivé sur le podium de l’éolien français

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Eoliennes implantées sur une ligne de crêtes dans le parc d'éoliennes de Merdelou-Fontanelles dans le sud Aveyron, l'un des premiers de Midi-Pyrénées, 22 octobre 2005 © AFP/Archives GEORGES GOBET

Paris (AFP) – De petite filiale d’un groupe britannique à troisième gérant de parcs éoliens en France derrière les géants EDF et Engie, c’est le parcours réussi en moins de dix ans par Wind Prospect fruit d’un positionnement singulier défendu par son président Barthélémy Rouer.

Avec 65 salariés et un chiffre d’affaires qui devrait approcher les 7 millions d’euros en 2016, Wind Prospect fait figure de petit poucet parmi les acteurs de l’éolien français.

Mais depuis sa création en 2007, la société indépendante a réussi à agglomérer un portefeuille de 512 mégawatts éoliens, derrière Engie (1.225 MW) et EDF (1.040 MW), selon les chiffres dévoilés mi-septembre par l’association des industriels du secteur France énergie éolienne.

« Nous sommes un peu le +Free+ du secteur par rapport à un EDF ou un Engie », ironise Barthélémy Rouer, président de l’entreprise: « tout le monde a besoin d’avoir un opérateur, mais chez nos clients il y a une composante: +je ne vais pas chez les gros parce que tout le monde y va+ ».

Cet ingénieur bientôt quadragénaire, passé brièvement par l’industrie pétrolière avant d’être séduit par l’éolien au début des années 2000, a bâti le modèle de Wind Prospect sur un principe simple: « celui qui opère n’est pas celui qui contrôle ».

Wind Prospect ne possède aucun parc mais est mandaté par leurs propriétaires, surtout des investisseurs financiers, pour gérer des installations, un peu à l’image d’un syndic dans l’immobilier.

« Nous ne développons pas de parcs éoliens et nous n’effectuons pas directement des opérations de maintenance », explique M. Rouer.

A cela s’ajoutent des métiers de conseil en analyse de projets et de suivi d’inspection de sites, qui représentent 20% de l’activité.

Un positionnement particulier dans le marché français et même en Europe, où les développeurs sont aussi souvent ceux qui gèrent les parcs, supervisent la maintenance et vendent l’électricité.

Peu d’entreprises ont réussi à avoir une place significative sur ce marché du service, à l’image du britannique Natural Power, référence en Europe avec quelque 3 GW sous gestion, ou de l’allemand WSB.

Si cette stratégie limite les revenus, elle permet à l’entreprise de ne pas avoir à assumer le parcours du combattant du développement et de la construction des installations qui nécessitent des investissements colossaux.

Une stratégie née aussi de l’histoire de Wind Prospect. En 2008, le groupe britannique Wind Prospect Group, déjà bien installé outre-Manche, s’implante en France.

Barthélémy Rouer prend la tête de cette filiale, en faisant déjà le choix de rester dans la gestion de parcs.

En 2012, Wind Prospect Group veut se recentrer en Grande-Bretagne et Barthélémy Rouer rachète la filiale française qu’il dirige et dont il détient aujourd’hui 85%. L’an dernier, il acquiert même la branche de son ex-maison mère dédiée à la gestion d’actifs éoliens.

Une fois l’opération finalisée, WP gèrera près d’1,5 GW d’éolien en France, en Grande-Bretagne, en Irlande, en Suède et en Allemagne, contre 48 MW seulement en 2010. A cela s’ajoute 440 MW de solaire en France.

Et la société « est profitable depuis 2008 », se félicite son président.

Le groupe a surfé sur l’intérêt croissant pour les énergies renouvelables des fonds d’investissements (fonds d’infrastructures, de private-equity, assureurs, etc.), à la recherche de rendements sûrs grâce aux mécanismes de soutiens publics.

« Le secteur de l’éolien va bien en France », assure Barthélémy Rouer, un peu à contre-courant des acteurs du secteur, qui critiquent les lenteurs administratives et la réglementation fluctuante, même s’il reconnaît « une grande vulnérabilité » liée à ces sujets pour les développeurs de projets.

Wind Prospect entend désormais passer à la vitesse supérieure: « notre assise financière aujourd’hui est suffisante pour permettre des acquisitions » en France et en Europe, avance Barthélémy Rouer, qui veut faire de son groupe « la première plateforme européenne » de gestion de capacités renouvelables.

© AFP

Un commentaire

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    • Oskar Lafontaine

    Small is beautiful !
    Souvent les petits font bien mieux que les grands et pour moins cher.
    Confirmation par cet exemple que l’éolien est une activité qui permet de dégager des bénéfices quand le nucléaire accumule les déboires et ne survit plus que de subventions publiques, chaque année plus importantes en France comme dans le monde, en dépit de l’effondrement du prix de l’uranium, ce mois ci tombé à 20% seulement (source Le Monde d’hier Dimanche) de son prix maximum atteint en 2007.