Paris (AFP) – La commission d’experts mise en place par le gouvernement après le scandale Volkswagen pour enquêter sur les émissions polluantes des voitures diesel va mener des « tests complémentaires » sur des véhicules dépassant les normes et décortiquer les logiciels des moteurs .
La commission, qui s’est réunie jeudi en fin d’après-midi, s’attachera en particulier à aller plus loin dans l’étude des logiciels de gestion moteur des véhicules, a précisé la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, dans un communiqué.
En outre, des « tests complémentaires » ont été proposés sur sept véhicules. Ces derniers sont en cours par l’Institut Français du pétrole – Energies nouvelles (IFPEN), selon la même source.
Jeudi, lors de la réunion à laquelle, pour la première fois, quelques journalistes avaient été conviés, un représentant de l’IFPEN a détaillé les résultats de premiers tests, menés sur une Fiat 500X.
Ils ont été effectués selon différents protocoles pour déceler une éventuelle triche aux émissions polluantes, comme celle reconnue par Volkswagen.
La Fiat, qui avait déjà été épinglée par les premiers tests menés par l’organisme UTAC-Ceram, a à nouveau présenté des dépassements conséquents des niveaux d’oxydes d’azote (NOx), jusqu’à dix fois la norme d’homologation, selon les résultats présentés par le responsable de l’IFPEN, Gaëtan Monnier.
Des voitures d’autres constructeurs vont être examinées par l’IFPEN dans les prochaines semaines, dont une Peugeot 5008 et deux Volkswagen.
Une 5008 testée par l’UTAC émettait en effet du NOx en quantités anormales. Toutefois, souligne-t-on jeudi soir chez le groupe PSA, « une deuxième 5008 équipée du même moteur a présenté de bons résultats, figurant dans le rapport » publié fin juillet.
En rendant ce rapport, la commission avait indiqué ne pas pouvoir exclure que, malgré leurs dénégations, d’autres constructeurs que Volkswagen aient recours à des logiciels de gestion moteur truqués pour abaisser leurs émissions en conditions d’homologation.
Les experts avaient en effet remarqué qu’il leur avait été impossible d’inspecter en profondeur ces logiciels, une nouvelle étape évoquée jeudi soir dans le communiqué de Mme Royal.
L’expertise de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) va être mise à contribution pour établir un protocole d’inspection, selon les discussions auxquelles l’AFP a assisté.
Membre de la commission, le sénateur UMP des Alpes-Maritimes Louis Nègre a soutenu l’idée d’aller « au bout de la démarche » en décortiquant les logiciels.
Il a également devancé les arguments éventuels de constructeurs qui invoqueraient le « secret industriel » pour refuser de livrer leur codes-source, soulignant que les logiciels utilisés dans l’aéronautique étaient certifiés sans trahir les brevets.
« Comme lors de la première phase des contrôles réalisés par l’UTAC, les constructeurs seront appelés à donner des explications sur les résultats de ces nouveaux tests » et « une synthèse de ces investigations complémentaires et des réponses des constructeurs sera publiée à l’issue de l’ensemble des essais », a promis Mme Royal.
Jeudi, des représentants d’associations de défense de l’environnement membres de la commission se sont élevés contre le silence de la plupart des constructeurs aux modèles en anomalie, qui ont été invités à présenter des « plans d’action » pour corriger les défauts constatés.
Outre Fiat, Opel et Renault notamment ont été épinglés. Seul ce dernier constructeur a pour l’instant publié un tel plan, alors que plusieurs de ses modèles, dont la récente berline Talisman, ont présenté de forts dépassements des seuils de NOx lors des tests.
Pour dépolluer les diesel de ses voitures de tourisme, le constructeur français recourt à la techologie dite du « piège à NOx » par combustion, dont les travaux de la commission ont montré qu’elle était globalement moins efficace que celle par injection d’urée choisie par plusieurs de ses concurrents, dont PSA.
Dans la foulée de premières révélations de la commission, l’hiver dernier, le groupe au Losange avait promis de réduire ces émissions de NOx par des évolutions techniques appliquées en usine à partir de juillet, et de faire évoluer ses futurs modèles dans la même optique.
© AFP
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