Les humains risquent de causer une extinction sans précédent de grands animaux marins

grands animaux marins

Des thons rouges au marché aux poissons de Tsukiji, principal marché aux poissons de la métropole de Tokyo, le 5 janvier 2016 © AFP/Archives Yoshikazu TSUNO

Washington (AFP) – Les humains risquent de provoquer une extinction sans précédent sur Terre en chassant de manière excessive les grands animaux marins, tout en laissant proliférer les petits et donc de bouleverser durablement les écosystèmes océaniques, ont mis en garde des scientifiques.

Pour leur étude publiée mercredi par la revue américaine Science, ils ont analysé les cinq grandes extinctions survenues sur la planète.

Cette « sixième extinction », déjà engagée, est sans pareil à cause de la propension à chasser et à pêcher les plus grandes espèces marines comme la baleine bleue, le thon rouge ou le grand requin blanc.

La disparition progressive de ces prédateurs situés au sommet de la chaîne alimentaire est dévastatrice pour l’écologie des océans, ont prévenu ces scientifiques de l’université Stanford en Californie.

« Nous avons constaté que la menace d’extinction dans les océans aujourd’hui est fortement liée aux animaux de grande taille », a indiqué Jonathan Payne, un paléobiologiste de la faculté des sciences de la Terre de cette université.

« Cela s’explique très probablement par le fait que l’industrie de la pêche cible en priorité les plus grandes espèces pour la consommation » car c’est plus rentable, a-t-il ajouté.

Si ce phénomène n’est pas surveillé étroitement, « un grand nombre d’espèces des plus grands animaux marins finiront par disparaître », a relevé M. Payne.

Les chercheurs ont examiné 2.497 groupes de vertébrés et de mollusques marins des 500 dernières années, et les ont comparés à ceux d’une période remontant jusqu’à 445 millions d’années. En se concentrant particulièrement sur les 66 derniers millions d’années.

« Nous avons analysé les collections de fossiles qui montrent clairement que ce qu’il se passe actuellement dans les océans est vraiment différents que dans le passé », a souligné Noel Heim, un chercheur membre de l’équipe du professeur Payne.

« Notre analyse indique que plus un animal est grand, plus son risque d’extinction est élevé », a précisé ce dernier.

« Les études sur les fossiles indiquent que ce phénomène n’existait pas auparavant », a ajouté Judy Skog, directrice du programme des sciences de la Terre à la National Science Foundation, qui a financé cette étude.

Selon elle, ces résultats devraient être pris en compte dans les décisions sur la gestion des ressources océaniques comme la pêche.

La tendance à cibler les plus gros animaux a déjà été constatée pour les espèces terrestres. Ainsi, des éléments montrent que les hommes préhistoriques sont responsables de l’extinction des mammouths et d’autres espèces de la mégafaune.

Les écosystèmes marins avaient été épargnés jusqu’à relativement récemment car les humains ne pouvaient chasser et pêcher qu’au large des côtes, faute d’avoir la technologie nécessaire pour une pêche au grand large à l’échelle industrielle.

Mais il n’est pas trop tard pour inverser la tendance si des mesures de conservation sont mises en oeuvre, ont jugé les scientifiques.

« On ne peut pas faire grand chose pour rapidement inverser le réchauffement ou l’acidification des océans, de graves menaces auxquelles il faut faire face, mais on peut modifier les traités internationaux sur la chasse et la pêche », a estimé M. Payne.

« Les populations de poissons peuvent récupérer beaucoup plus rapidement que le climat », a-t-il fait valoir.

Au cours des cinq dernières années, la communauté internationale a commencé à prendre des mesures agressives de conservation des écosystèmes marins en établissant des zones protégées pouvant contribuer à la préservation des espèces menacées.

Le président américain Barack Obama vient par exemple de créer la plus grande réserve marine au monde, dans le Pacifique, qui abrite quelque 7.000 espèces parmi lesquelles les baleines bleues, albatros à queue courte, ou encore des phoques moines endémiques de Hawaï.

On trouve également à Papahanaumokuakea, autour de l’atoll de Midway (Hawaï) du corail noir, qui peut vivre plus de 4.500 ans, record absolu pour une espèce marine.

© AFP

5 commentaires

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    • DESCLAUD Patrice

    Oui, encore une nécessité d’inverser la courbe; mais ce qui est largement visible pour l’homme (le vrai gros prédateur de la chaine alimentaire) n’est hélas pas dans la vie animale comme végétale, ce qui se voit.
    Dans la faune et flore marine proche du littoral, la pollution des rejets industriels (ex : boues rouges de la bauxite), comme les extractions de granulats, comme les plastiques et autres PCB, pesticides divers tuent irréversiblement un monde plus petit (planctons, bactéries …) qui est dans la chaîne vitale des océans. Il ne faut pas non plus les oublier. L’homme doit ré-freiner ses instincts mortifères de profits court terme et laisser à la nature le temps de se reconstituer à son rythme et jeter moins !

    • Christophe BIZEUL

    Ne pouvant compter en rien sur nos gouvernants,à nous de jouer:les associations de défense de la nature et de l’écologie doivent lancer des campagnes de boycott sur les produits de grande consommation des pays et des entreprises baffouants la biodiversité:Evitons tant que possible d’acheter japonais,chinois(ils ne comprennent que le langage du fric et ne craignent que cela)….Bref soyons cohérents avec nous même.

    • pelerins

    Notre surpopulation est aussi la principale cause de ces destructions de la faune marine et des autres espèces terrestres.
    Nous sommes 7 milliards ….de pillards pour la terre qui n’en peut plus.
    Oui, nous devons aussi équilibrer notre démographie, comme le font les animaux dans la nature; Car, l’harmonie d’une vie sur cette planète c’est aussi de pouvoir côtoyer des espèces animales et profiter de beaux espaces préservés (et moins manger de viande et de poissons) .
    Notre démographie ne sert que le productivisme et les religieux fanatiques. Claude Lévi-Strauss tirait la sonnette d’alarme sur ce sujet bien tabou et volontairement occulté par les politiques médias .
    Croissez, multipliez ……….et entassez vous ..

    • d'oh

    Mais pourquoi personne n’évoque la première cause ?
    La courbe démographique, la natalité.

  • Quitte à pécher pour se nourrir il me semble qu’il vaut mieux pécher les gros spécimens que les petits

    Balendard septembre 2016