Miami (AFP) – Un ancien détenu américain à Cuba, libéré en décembre 2014 après cinq ans de prison pour espionnage, a estimé mardi dans un entretien à l’AFP que l’essor d’internet était inéluctable, malgré les tentatives de certains Etats de vouloir le contrôler.
« Les gouvernements commencent à se rendre compte qu’ils ne peuvent contrôler la pensée des gens », a estimé Alan Gross, 67 ans, condamné en 2011 à quinze ans de prison pour avoir introduit du matériel de transmission satellitaire pour internet interdit dans l’île communiste.
Il a été libéré en décembre 2014, en même temps que l’annonce historique d’un réchauffement des relations entre Cuba et les Etats-Unis.
« Peu importe l’ampleur des moyens que (les gouvernements) emploient, les gens pensent par eux-mêmes et c’est une chose naturelle. Qu’une entité tente de le contrôler est contre nature et les gens vont se rebeller », a-t-il déclaré en marge de Cuba Internet Freedom, une conférence de deux jours à Miami (Floride, sud-est).
Il avait été arrêté en 2009 alors qu’il travaillait comme sous-traitant pour l’agence fédérale pour le développement international (USAID), une branche du département d’Etat. Il avait déjà installé des équipements similaires dans d’autres pays défavorisés.
Mais cette technologie était illégale à l’époque à Cuba.
« C’est une zone d’ombre. Ce qui est légal à Cuba et ce qui n’est pas légal à Cuba dépend de qui décide de ce qui est légal ou non », a réagi M. Gross, soulignant que certaines personnes avaient accès à internet à cette époque sur l’île, « mais pas la majorité ».
Et « tous les touristes y avaient accès dans les hôtels », a-t-il poursuivi. « Mais si un Cubain entrait dans un hôtel puis tentait de se connecter à internet, il était soit expulsé (de l’établissement) soit arrêté ».
Sa mission, à savoir participer à un projet pilote de l’USAID, portait « seulement sur la technologie, pas le contenu, pas la démocratie, rien de cela. Simplement la technologie ».
En juin 2013, a-t-il rappelé, internet a été légalisé pour tous les Cubains.
Reste que, selon des journalistes et des blogueurs cubains participant à la conférence, l’accès au réseau est actuellement onéreux, restreint et soumis à censure.
Depuis sa libération, Alan Gross s’est transformé en porte-étendard du libre accès à la toile dans le monde entier. D’où sa présence à la conférence de Miami.
Un rassemblement critiqué sur Twitter par Josefina Vidal, responsable des négociations diplomatiques avec les Etats-Unis au ministère cubain des Affaires étrangères. Selon elle, il s’intègre dans un programme visant à utiliser « internet comme une arme subversive ».
Réplique de M. Gross auprès de l’AFP: « La liberté d’internet est désormais en première ligne de notre pensée », et « de plus en plus de gens ont conscience de l’importance de ce véhicule (de communication) pour pouvoir vivre une vie épanouie ».
Quand à son état d’esprit concernant Cuba, il a confié qu’il y retournerait « à la minute » s’il pouvait, pour rendre visite à ses compagnons de cellule et à leurs proches qui l’ont aidé pendant sa détention, au cours de laquelle il a perdu cinq dents et près de 50 kilos.
« C’est merveilleux de pouvoir marcher sur de grandes distances en ligne droite », s’est-il notamment réjoui. « Quand j’étais à Cuba, je pouvais seulement marcher en ronds », a-t-il souligné, qualifiant sobrement les pires périodes de sa détention de « moments pas toujours 100% positifs ».
© AFP
Un commentaire
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Chango
Ce type est soit fou, soit bien mal informé.
Il faudrait que quelqu’un lui explique que c’est bien le gouvernement des USA qui interdit aux entreprises privées des USA de raccorder l’île aux fibres optiques qui passent à quelques kilomètres….
Et que si le taux de raccordement est si faible et les prix si élevés, c’est que la seule possibilité est d’utiliser des liaisons satellites, très onéreuses…..