Île-Molène (France) (AFP) – Molène, Ouessant et Sein, trois îles au large du Finistère, qui ne sont pas raccordées au réseau électrique du continent, ont donné mardi le coup d’envoi à un ambitieux programme de transition énergétique avec l’objectif d’être alimentées en énergies 100% renouvelables d’ici 2030.
« Nous lançons aujourd’hui le processus de transition énergétique » sur les trois îles, s’est réjoui le maire de Molène, Daniel Masson, lors d’une présentation sur son île de cet ambitieux programme soutenu par la région et le gouvernement.
« Bientôt à Ouessant il faudra coller les horaires des marées sur les machines à laver », s’est amusé le maire d’Ouessant Denis Palluel, également président de l’Association des îles du Ponant, qui regroupe quinze îles de la Manche et de l’Atlantique habitées à l’année, mais non reliées au continent par un pont ou une route submersible, ce qui exclut Oléron, Ré ou Noirmoutier.
A l’horizon 2030, Ouessant, Molène et Sein visent un objectif de production de 100% d’énergies renouvelables, alors que ces territoires sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique, notamment en raison de la montée du niveau des océans.
Sein et Molène sont actuellement alimentées par des centrales au fioul, tandis qu’Ouessant bénéficie d’un mix énergétique fioul et énergies renouvelables grâce à l’hydrolienne de la PME Sabella.
La machine, qui transforme l’énergie du puissant courant du Fromveur en électricité, a injecté à partir de 2015 et pendant plusieurs mois de l’électricité sur l’île, avant d’être relevée et ramenée à Brest en juillet pour une série de tests. Elle devrait être à nouveau immergée dans le puissant courant à l’automne.
La PME quimpéroise prévoit à terme l’implantation d’une ferme pilote dans le courant du Fromveur.
Les trois îles prévoient également d’installer des éoliennes et des panneaux photovoltaïques, d’améliorer les performances énergétiques du bâti existant, de moderniser l’éclairage public, de réduire les consommations d’énergie dans l’habitat privé, d’installer des bornes de recharge autonomes pour les véhicules électriques, ou encore de promouvoir l’élevage des poules pour réduire la part des déchets dans les ordures ménagères.
A Molène, il s’agit également de restaurer d’anciennes cabanes de goémoniers situées sur l’ilot de Ledenez, accessible à pied à marée basse, pour en faire des refuges de mer, à l’instar des refuges de montagne, totalement autonomes au niveau énergétique.
A terme, le programme lancé sur les trois îles a vocation à être décliné dans douze des îles réunies au sein de l’Association des îles du Ponant.
Celle-ci a été lauréate, pour le compte des trois îles finistériennes, d’un appel à projet de la région Bretagne, ainsi que d’un autre appel à projets national, pour le compte de ces trois îles mais également de celles de Batz et Saint-Nicolas des Glénan. Les financements s’élèvent à plus d’1,5 million d’euros sur trois ans pour ces cinq îles, qui représentent une population totale de 1.750 habitants.
« On voit les dégâts du changement climatique à chaque tempête », a assuré Nadine Caraven, 59 ans, une habitante de Molène, interrogée par l’AFP. « A chaque tempête la côte se réduit », a-t-elle expliqué, se disant cependant dubitative sur l’objectif de 100% d’énergies renouvelables d’ici 2030.
« Je ne suis pas prête à mettre des panneaux photovoltaïques chez moi », a-t-elle reconnu, disant s’interroger sur le coût d’une telle installation et sur son efficacité.
Même prudence, bien que pour d’autres raisons, du côté de l’île de Sein, où le maire, Dominique Salvert, s’interroge sur la possibilité d’y installer une éolienne.
« On a peu de chances que notre permis (de construire, ndlr) soit accepté s’il n’y a pas une modification de la réglementation », a expliqué l’édile. « On a tout contre nous, la loi littorale, on est un site classé Natura 2000, on a le phare qui est classé monument historique… », a-t-il énuméré, appelant de ses voeux « une modification de la réglementation sur les îles ».
© AFP
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