Paris (AFP) – La chasse, l’exploitation forestière, la surpêche et l’intensification de l’agriculture menacent bien plus la biodiversité que le réchauffement climatique, affirment mercredi des chercheurs, appelant les défenseurs de l’environnement à concentrer leurs efforts sur ces « ennemies de longue date ».
« S’agissant des menaces pesant sur la biodiversité, les médias ont de plus en plus tendance à se concentrer sur le changement climatique », écrivent des universitaires de l’Université de Queensland (Australie), Sean Maxwell, James Watson et Richard Fuller, dans une analyse parue dans la revue Nature.
Pourtant, après avoir étudié les dangers pesant sur 8.688 espèces menacées ou quasi-menacées figurant sur la Liste Rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), « nous avons trouvé que la surexploitation (…) et l’agriculture (…) sont de loin les principales causes du déclin de la biodiversité », relèvent-ils.
Il est donc « crucial » que l’UICN, qui tient un congrès début septembre à Hawaï, « et la société en général fassent en sorte que les efforts déployés pour lutter contre le changement climatique n’éclipsent pas les priorités plus immédiates pour la survie de la faune et de la flore mondiales », soulignent-ils.
En conséquence, ils appellent les défenseurs de l’environnement à « +re-concentrer+ leurs efforts » sur la surexploitation des ressources et l’intensification de l’agriculture, ces « deux ennemies de longue date ».
En effet, près des trois quarts (72%) des espèces examinées, soit 6.241, sont victimes de la surexploitation, notamment de l’exploitation forestière, de la chasse et de la surpêche,font valoir les auteurs de cette analyse intitulée « Les ravages des fusils, des filets et des bulldozers ».
Le rhinocéros de Sumatra, le gorille de l’Ouest et le pangolin de Chine, par exemple, sont chassés illégalement pour leur viande ou certaines parties de leurs corps, très prisées comme trophées ou pour leurs supposées vertus médicinales. Le rhynopithèque de Stryker, un singe de Birmanie, est quant à lui menacé par l’exploitation forestière.
Deuxième fléau pour la biodiversité: les activités agricoles dont l’expansion menace 62% (5.407) des espèces étudiées, dont le guépard d’Afrique et la loutre de Sumatra.
Loin derrière ces deux « big killers » (grands tueurs), mais aussi derrière le développement des villes, les espèces invasives, les maladies ou la pollution, figure le réchauffement climatique, selon les chercheurs.
Ce phénomène, qui se traduit notamment par des tempêtes, des inondations, des températures extrêmes et des sécheresses, « touche actuellement 19% des espèces menacées ou quasi-menacées », soit 1.688 espèces, comme le phoque à capuchon. Sa population s’est effondrée de 90% ces dernières décennies dans l’océan Arctique, victime de la fonte de la banquise.
Le réchauffement a été récemment mis en cause dans la diminution du nombre de poissons dans le lac Tanganyika, le plus vieux et le plus profond d’Afrique, ses conséquences s’ajoutant à celles de la surpêche.
« Le changement climatique va devenir un problème de plus en plus important dans la crise de la biodiversité », admettent les signataires de cette analyse. « Mais « les impacts de la surexploitation et de l’expansion agricole vont aussi augmenter », du fait notamment de la croissance de la population.
Les politiques environnementales doivent donc « accorder la priorité aux principales menaces actuelles » plutôt qu’au réchauffement. D’autant que s’attaquer à la surexploitation des ressources et aux pratiques agricoles « aidera à relever les défis » du changement climatique, soulignent-ils.
Une approche contestée par les auteurs de l’étude sur le lac Tanganyika. « Le changement climatique est la toile de fond dans laquelle s’inscrivent les autres problèmes », explique à l’AFP son principal auteur, Andrew Cohen, professeur de géosciences à l’université d’Arizona.
Pour son coauteur Peter Mcintyre, il ne faut pas distinguer des priorités dans les actions, « il les faut toutes ». « Personne sur le terrain n’a oublié les défis » de la surexploitation et de l’agriculture, assure-t-il. Mais chacun s’efforce d’intégrer le réchauffement climatique « dans sa réflexion et ses priorités ».
© AFP
3 commentaires
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DBAU
A qui s’adresser, tous souffrent de surdité. La surpopulation est pour moi le plus grave fléau. Il est inconcevable qu’aucune entente internationale ne puisse éclore pour endiguer cette procréation dangereuse. La destruction des forêts est principalement due à la recherche de nouvelles terres agricoles. Cependant ces terres sont souvent très éloignées des points névralgiques et donc n’apportent pas la solution au problème. L’industrie chimique aggrave dangereusement le problème, c’est elle qui impose ses conditions aux politiques a l’aide de transactions peu recommandables. Ce qui pour l’instant freine ce désastre, c’est la conscience de certains humains vigilants et responsables. ce ne sera plus suffisant demain. Les lieux de construction ne sont plus contrôlés, des zones inondables sont bâties sous prétexte que les inondations ne sont plus survenues depuis un siècle. Hélas, subitement on déplore des victimes et des gens en souffrance parce qu’ils n’ont plus leur bien.
Rodolphe
Tant qu’on ne réduit pas un coefficient dans l’équation, rien n’ira et ça va s’aggraver !
Ce coefficient c’est la croissance de la population ! Il devrait être à ZERO !
C’est à dire qu’on devrait interdire de faire + de 2 enfants partout sur la planète !
Alors là effectivement les coefficients de sur-exploitation cesseront de grimper !
Sinon c’est fichu !
On parle de croissance de population mais comme d’habitude on regarde ailleurs dans cet article comme si on allait trouver des solutions sans toucher à cette croissance !
Quand va t’on cesser d’éviter ce sujet crucial !?
pelerins
OUi exact le fléau numéro 1 est la surpopulation humaine encouragée par l’obscurantisme religieux et des politiques fondées sur un productivisme destructeur des espaces et des autres.espèces .
Claude Lévi-Strauss à la fin de sa vie interpellait les gouvernants pour rappeler que la plus grande catastrophe écologique était avant tout générée par cette surpopulation humaine.
Ce sujet tabou pourtant abordé par de grands économistes dans les années 80-90, est crucial et essentiel…car nous sommes désormais 7 milliards ….de pillards.