Pékin (AFP) – Une ville de Chine a indiqué mercredi qu’elle allait suspendre ses préparatifs pour l’implantation potentielle d’une usine franco-chinoise de traitement de combustibles nucléaires usés, après de fortes manifestations des habitants inquiets des répercussions environnementales.
Après une mobilisation de plusieurs jours d’habitants en colère, la municipalité de Lianyungang (est de la Chine, à 480 km au nord de Shanghai) va « suspendre temporairement » sa participation au processus de sélection d’un lieu pour le futur site nucléaire, a-t-elle affirmé sur son compte officiel de microblogs.
Des milliers de personnes avaient manifesté au cours du week-end, brandissant des banderoles et martelant des slogans devant des bâtiments publics, s’alarmant des possibles effets néfastes de l’usine « franco-chinoise » en projet, selon des témoignages recueillis par l’AFP.
Peu de précisions étaient disponibles sur le projet incriminé.
Le français Areva avait signé en 2015 avec le géant chinois du nucléaire CNNC un protocole d’accord dans le cadre d’un projet de développement d’une usine de traitement-recyclage des combustibles usés en Chine –mais aucune localisation n’avait été dévoilée. Un projet jugé crucial pour le groupe français, qui se recentre sur la gestion du cycle du combustible.
Xu Dazhe, président de l’Agence chinoise de l’Energie atomique, avait confirmé en mars dernier que les discussions avec Areva se poursuivaient mais qu' »il y avait encore beaucoup de chemin à parcourir avant de conclure (la négociation), à la fois techniquement et commercialement ».
Les habitants de Lianyungang, cité portuaire de la province du Jiangsu, redoutent cependant que leur ville soit in fine choisie pour établir cette usine de retraitement, car une nouvelle centrale nucléaire de grande ampleur est actuellement construite à proximité par CNNC.
De leur côté, les Etats-Unis se sont inquiétés au printemps de voir gronfler les stocks de matériaux radioactifs en Asie orientale, notamment à la faveur de projets de retraitement d’uranium.
Les manifestations contre des sites industriels, menées par des riverains inquiets, ne sont pas rares en Chine, où la classe moyenne se préoccupe davantage de l’environnement, et conduisent régulièrement les autorités à abandonner des projets.
L’an dernier, des officiels de Mongolie intérieure avaient promis de fermer plusieurs usines chimiques après des manifestations contre lesquelles la police aurait utilisé des gaz lacrymogènes.
Une massive mobilisation à Dalian (nord-est) avait conduit en 2011 les autorités à annoncer la fermeture d’une grande usine chimique, même si le site était apparemment toujours en activité deux ans plus tard.
La Chine s’impose comme le premier marché pour l’atome civil, avec 34 réacteurs en opération et 20 réacteurs actuellement en construction, selon la fédération World Nuclear Association (WNA).
Mais un nombre grandissant de manifestations illustre les inquiétudes de la population, cinq ans après l’accident nucléaire de Fukushima au Japon.
© AFP
3 commentaires
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Oskar Lafontaine
On est entré, en Chine et dans le monde en phase de blocage du nucléaire par les populations elles-mêmes, contre la volonté des autorités qui tentent de poursuivre, par le mensonge, car elles sont, plus que vraisemblablement, alimentées en dessous-de-table par des industriels irresponsables, avides de gains, et qui se soucient de la santé des populations, autant que de leur première chemise.
Rozé
Les chinois sont entrés tardivement et à fond dans l’industrialisation et la mondialisation. Ca ne les empêche pas de comprendre la nocivité de certaines de ces industries (charbon, nucléaire). Bravo à la population qui résiste aux pressions des lobbies. Honte aux politiques et hommes d’affaires qui ne pensent qu’à l’argent.
Le vivant et l’humain doivent passer avant toutes ces industries qui créent des déchets qui mettent en péril la survie de tous (hommes, animaux, plantes).
Michel Vanquaethem
Dans les années 1970, l’option nucléaire a été vendue aux populations comme étant la seule alternative face à la 1 ère crise pétrolière.
Les risques, les coûts et la recherche d’alternatives plus efficientes et moins risques technologiquement ont cédé le pas devant l’urgence politique de satisfaire les besoins en électricité des populations.
Les industriels concernés y ont cru également puis, élevés au grade de démiurge, se sont fermés à toute autre forme de pensée que la leur, faisant en France le nécessaire pour stériliser les « jeunes pousses » concurrentes, dans les énergies nouvelles et renouvelables aussi bien que dans les économies d’énérgies.
Or, de l’aveu des scientifiques travaillant le sujet « uranium, plutonium », le nucléaire est la manière la plus dangereuse et la plus chère pour faire bouillir de l’eau.
Aujourd’hui des technologies mieux adaptées à produit de l’électricité à coût soutenable, sans risque, en bonne gestion d’intermittence, sont industrialisées et proposées au plan mondial. Elles s’insèrent bien dans le mouvement de nécessaire transition énergétique en cours. Elles sont technologiquement et économiquement à même d’assurer la suffisance mondiale de production d’électricité, sans risque pour les populations.
http://www.sortirdunucleaire.org/infographie-climat
Ne reste à traiter que les égos et appétits des Maitres de l’énergie, en France et ailleurs. Les fronts se déplacent. Le nucléaire ne sera dans 50 ans qu’un mauvais souvenir avec un coût de démantèlement associé au coût de gestion des déchets bien pesant pour ne nombreuses générations.
Merci à la population de la municipalité de Lianyungang de poursuivre le combat au nom des terriers lucides, pour nos enfants et les enfants de nos enfants.
Merci aux lecteurs de suivre ou participer au combat en cours au centre d’enfouissements Areva-Andra de Bure: 100 000 ans de risque nucléaire légués aux générations futures.. FOLIE !
http://sortirdunucleaire.org/Campagne-Bure-Stop
Michel Vanquaethem