La Rochelle (AFP) – Tige blafarde et écaillée, « poilue et glanduleuse », l’orobanche, qui parasite le colza dans le Poitou-Charentes, faisant chuter les rendements agricoles, a tout de la plante-vampire, un monstre qui colonise un peu plus la France chaque année.
« En moyenne, je produisais environ 35 quintaux de graines de colza à l’hectare. Avec l’orobanche, je récolte jusqu’à 20 quintaux de moins »: le bilan dressé par Maxime Guiberteau, céréalier installé près de Saint-Jean-d’Angély (Charente-Maritime), suffit à résumer les ravages de cette plante invasive, dont rien ne semble pouvoir venir à bout.
L’orobanche rameuse est entièrement dépourvue de chlorophylle et incapable de réaliser seule la photosynthèse. Elle a donc besoin d’une espèce « hôte » pour se fournir en eau et en nutriments, ce qui réduit fortement les rendements des plantes qu’elle parasite, voire les détruit totalement.
Dans l’Est de la Charente-Maritime, identifié par les biologistes comme le berceau de l’orobanche dans la région, la présence du prédateur se remarque de loin, avec les grandes zones sombres créées dans les parcelles de colza arrivé à maturité. De près, il faut pourtant se courber pour apercevoir les petites fleurs bleu-violet de cette plante, haute d’une dizaine de centimètres seulement, fixée systématiquement à un pied de colza.
Mais le colza n’est pas la seule victime de l’orobanche rameuse, qui se répand lentement mais sûrement vers d’autres départements. Sa présence a d’abord été détectée sur le tabac dans les années 1950, puis sur le colza dans les années 1990, sur le chanvre dans les années 2000, le melon en 2004 et le tournesol en 2007.
Dernièrement, l’institut technique des producteurs d’oléagineux, de protéagineux, de chanvre et de leurs filières, Terres Inovia (ex-Cétiom), l’a même observée sur des cultures maraîchères comme la tomate, la pomme de terre ou le haricot.
27 départements menacés
Si l’on en croit la cartographie établie par les agriculteurs et les chercheurs, le fléau s’étend désormais bien au-delà du Poitou-Charentes, jusque dans l’Est de la France.
« L’orobanche est classée comme espèce à problème dans 27 départements. Mais la situation du colza est catastrophique », avertit Xavier Reboud, du département Santé des plantes et environnement de l’Institut national pour la recherche agronomique (INRA).
En Charente-Maritime, Maxime Guiberteau n’a pas d’autre choix que d’arrêter de cultiver du colza ou de réduire drastiquement le nombre de parcelles qu’il y consacre, comme beaucoup d’agriculteurs. « Au début des années 2000, jusqu’à 1.800 hectares étaient semés de colza. Aujourd’hui c’est moitié moins », souligne Jacky Auvinet, conseiller à la coopérative agricole de Saint-Pierre-de-Juilliers.
Pour Xavier Reboud, l’espèce est « d’autant plus difficile à éradiquer que chaque pied d’orobanche mature produit sans peine 100.000 graines, capables d’attendre 15 ans leur hôte » pour germer.
Pour contrer l’orobanche, les agronomes n’ont pour l’instant pas de solution miracle, à part diminuer la fréquence du colza dans la rotation des cultures, comme le fait Maxime Guiberteau. « Je l’ai remplacé par des pois et du tournesol, mais ces cultures n’offrent pas les mêmes marges que le colza. J’ai perdu entre 10 et 15% de mon chiffre d’affaires », d’autant que le colza favorise la reprise du blé cultivé après lui, « trois à quatre quintaux en plus à l’hectare. »
Les recherches s’orientent aussi vers des variétés de colza plus résistantes, ou des croisements. Mais le parasite peut évoluer et trouver à son tour une parade: « c’est d’ailleurs comme ça qu’il existe une variante de l’orobanche sur la tomate. Elle a trouvé comment s’adapter », explique Xavier Reboud, évoquant une « course aux armements » entre la plante-hôte et son parasite.
Victime collatérale de cette guerre, l’abeille, privée d’une partie de sa nourriture au printemps, quand les fleurs sont encore peu nombreuses. « Avec le tournesol, le colza assure environ les deux tiers de la production de miel en France », insiste Pierre Testu, animateur du Réseau biodiversité pour les abeilles.
« Sa disparition risque d’avoir des conséquences dramatiques pour un secteur apicole déjà en crise », s’alarme-t-il.
© AFP
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Fisel
Aujourd’hui c’est l’orobanche venue d’on ne sait où et comment. Personne ne s’interroge sur les déséquilibres du sol provoqués par un usage peut être abusif de pesticides toujours plus agressifs.Où sont les vers de terre qui autrefois recyclaient la partie utile du sol ? Les graines d’orobanche ne transitent plus dans le TUBE DIGESTIF de ces vers qui peut être les auraient digérées !!!!!! Les agriculteurs sont à la veille de faire de découvrir les terribles conséquences de l’agriculture productiviste. Il n’y a pas longtemps, longeant un champ planté de tournesol, sur la butte de PUYROLLAND, ce sont des centaines d’escargots morts empoisonnés qui bordaient cette culture sur un sol d’une propreté indécente. Cet agriculteur qui de toute apparence se fiche pas mal des désastre biologiques qu’il provoque viendra un jour pleurer sur le préjudice causé à ses cultures par l’orobanche. QU’IL AILLE AU DIABLE ! Il se pourrait même qu’il en ait déjà un pied dans le crâne.