Paris (AFP) – Greenpeace a demandé jeudi la publication de la liste des installations nucléaires concernées par les anomalies dans les contrôles de fabrication détectées à l’usine d’Areva au Creusot (Saône-et-Loire) et leur arrêt immédiat jusqu’à la levée des doutes sur leur sûreté.
Areva avait annoncé fin avril que des « anomalies » avaient été détectées dans le suivi des processus de fabrication d’équipements au sein de son usine du Creusot, dans le cadre d’un audit qualité lancé en 2015 à la suite de la découverte d’un défaut dans la composition de l’acier de la cuve du réacteur EPR de Flamanville (Manche) fabriquée sur le site.
Selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), ces irrégularités consistent en « des incohérences, des modifications ou des omissions dans les dossiers de fabrication » et concernent environ 400 pièces produites sur 10.000 depuis 1965, dont une cinquantaine seraient en service sur le parc nucléaire français, dans des centrales non précisées.
Ces anomalies ne remettent pas en cause l’intégrité des composants nucléaires forgés sur place, et qui équipent des installations dans le monde entier, a assuré le groupe nucléaire lors d’un point d’étape fin mai sur leur caractérisation. Il n’exclut pas d’éventuelles falsifications.
Mais c’est insuffisant pour Greenpeace: « il est impossible aujourd’hui de préjuger de bons résultats », affirme l’ONG dans une note transmise à l’AFP, estimant que les anomalies sont susceptibles de porter « une grave atteinte à la sûreté » et réclamant « un contrôle indépendant et transparent ».
Jugeant que « seul un réexamen technique des pièces concernées peut permettre de (…) lever » les doutes sur la conformité des pièces, Greenpeace a demandé que la liste des pièces concernées soit rendue publique « ainsi que le détail des documents incriminés ».
Selon l’ONG, des dossiers concernent notamment « des équipements actuellement en service dans des réacteurs en exploitation à l’étranger », évoquant au moins une douzaine de pays potentiellement concernés outre la France (Royaume-Uni, États-Unis, Brésil, etc.).
« Greenpeace demande que, dès publication de la liste des installations concernées, celles-ci soient immédiatement stoppées en attendant qu’un premier examen permette d’identifier les contrôles à effectuer, et les démonstrations complémentaires à apporter, afin de lever les doutes sur la qualité de toutes les pièces incriminées », a-t-elle ajouté.
« Les clients du groupe à l’étranger concernés par les constats identifiés ont tous été informés », a réagi Areva jeudi dans une déclaration écrite transmise à l’AFP. « Ces constats font l’objet d’un examen approfondi mené par un comité d’experts en lien direct avec les clients concernés », a ajouté le groupe.
Par ailleurs, Areva précise que l’audit et les analyses complémentaires « se poursuivent au Creusot » et que le groupe « fournira un nouveau point d’avancement avant fin juin ».
©AFP
3 commentaires
Ecrire un commentaire
grossmann
Il faut savoir que contrairement au chauffage thermodynamique on améliore les performances d’une centrale nucléaire à eau pressurisée en augmentant la température de la source chaude. Lorsque l’on observe les courbes caractéristiques pression-température de l’eau on observe que cette augmentation de température entraine une augmentation de la pression à l’intérieur de la cuve du réacteur. Ceci a évidemment pour effet d’augmenter les contraintes mécaniques dans le couvercles sujet d’après l’ASN à défaut métalurgique. Il ne faudra pas oublier cela lorsque l’EDF actuellement en difficulté financière souhaitera « pousser » la machine pour rentrer dans ses frais….
Balendard juin 2016
Oskar Lafontaine
Les « principes de Carnot » sur la thermodynamique lient le rendement d’une machine thermique transformant de la chaleur en mouvement mécanique, à la pression d’une part, à la température d’autre part.Plus ces deux données physiques sont élevées et plus le rendement (pourcentage de chaleur transformé en mouvement mécanique) est élevé.
Ainsi par exemple la différence de consommation entre un moteur à essence et un moteur diesel, n’a pas d’autre cause plus fondamentale que ce principe de Carnot, puisque la pression peut être plus élevée avec un diesel, que dans un moteur à essence, l’essence en effet s’enflamme spontanément, sans étincelle d’allumage, dès qu’une certaine pression, bien inférerieure à celle que supporte le gasoil, est atteinte, d’où un allumage du mélange air-carburant dans les cylindres à contre-temps (cliquetis) , une destruction rapide du moteur, et un rendement 20% plus faible en moyenne d’un moteur à essence par rapport à un moteur diesel, qui monte plus haut en pression, car il n’y a en effet pas plus d’énergie dans un litre de gasoil que dans un litre d’essence.
Dans un réacteur nucléaire il n’est pas possible de faire monter la température au-delà de celle, dans les 300 degrés celsius seulement, où le métal du combustible nucléaire, de l’uranium et, ou du plutonium, va fondre. Ainsi le rendement d’un réacteur nucléaire est forcément limité et la seule solution pour l’élever à une valeur pas trop ridicule, reste de monter en pression, même si on ne peut dépasser ainsi guère plus de 30% de rendement.
Donc la pression dans un réacteur nucléaire électrogène se doit d’être élevée, et, par conséquent, les parois de la cuve, assez solides pour résister à cette pression élevée, et surtout, doivent rester solides sur la durée de fonctionnement, soit des dizaines d’années.
EPR signifie d’ailleurs : « Réacteur Européen Pressurisé », même si on aurait naturellement tendance, confronté aux retards et surcoûts de ce projet, à remplacer le mot « pressurisé » par celui de « Pathétique ».
Grossmann
Mr Oskar Lafontaine a bien résumé la situation
voir
http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LCU_fichiers/LT-chaines-energetiques.pdf
du livre « la chaleur renouvelable et la rivière »
Balendard juin 2016