La lutte contre le changement climatique attendra chez ExxonMobil et Chevron

exxon
Les actionnaires d'ExxonMobil et de Chevron ont rejeté mercredi des propositions favorables à la lutte contre le changement climatique © AFP/Archives SAUL LOEB
Les actionnaires d'ExxonMobil et de Chevron ont rejeté mercredi des propositions favorables à la lutte contre le changement climatique © AFP/Archives SAUL LOEB

New York (AFP) – Les actionnaires d’ExxonMobil et de Chevron ont rejeté mercredi des propositions favorables à la lutte contre le changement climatique, un coup d’arrêt pour les militants écologistes dont la pression sur les deux majors pétrolières commençait à porter ses fruits.

Quelque 38,2% seulement des actionnaires d’Exxon ont approuvé, lors de leur assemblée générale annuelle à Dallas (sud), une résolution demandant au géant texan d’évaluer l’impact financier des politiques publiques environnementales sur son activité à la suite de l’accord de Paris sur le climat conclu en 2015. Au sein de Chevron, 41% des actionnaires, réunis à San Ramon (Californie), ont soutenu la motion. Dans les deux cas, c’est un énorme progrès par rapport aux années précédentes où de telles propositions avaient été largement rejetées.

Une autre motion voulant contraindre les deux compagnies pétrolières à adopter une politique limitant le réchauffement climatique à 2°C par rapport à la période pré-industrielle n’a recueilli que 18,5% des suffrages exprimés chez Exxon et 8% chez Chevron.

Le rejet a également été massif pour une proposition portant sur la nomination d’un expert climat au sein des conseils d’administration respectifs des deux entreprises: elle n’a recueilli que 21% des suffrages chez Exxon et seulement 19% chez Chevron.

Les conditions d’une victoire étaient pourtant remplies: plongeon des prix du pétrole, fonte des bénéfices et des dividendes et ouverture de multiples enquêtes aux Etats-Unis contre Exxon, soupçonné par l’Etat de New York d’avoir financé des études climatosceptiques.

Exxon et Chevron avaient recommandé à leurs actionnaires de s’opposer à ces résolutions déposées par des fonds de pension publics américains et britanniques et soutenus par d’importants actionnaires tels le fonds souverain de Norvège, le plus gros au monde, les banques européennes BNP Paribas, Natixis et HSBC ou encore les assureurs Axa et Aegon.

Au final, ce sont les fonds américains Vanguard, BlackRock et State Street, principaux actionnaires, qui ont fait la différence.

ExxonMobil et Chevron restent les deux plus gros producteurs de brut au monde à résister aux pressions des défenseurs de l’environnement car leurs principaux rivaux européens BP, Royal Dutch Shell et Statoil ont adopté des politiques pro-climat.

Pas lâcher

« Suivant l’accord de Paris, le temps de publier les risques pour le climat est bel et bien arrivé et l’appel des investisseurs à cet effet est clair. On ne lâchera pas », veut croire Edward Mason, responsable des investissements pour l’Eglise d’Angleterre.

« Exxon a le devoir d’expliquer à ses actionnaires comment il va adapter son activité pour répondre aux efforts mondiaux de réduction de la consommation des énergies fossiles », renchérit Pete Grannis, adjoint au contrôleur financier de l’Etat de New York à l’origine des propositions.

Les défenseurs de l’environnement demandent à ExxonMobil et à Chevron de réduire leurs investissements dans l’exploration de nouveaux puits pétroliers parce que, font-ils valoir, les nouvelles politiques environnementales vont rendre cette activité, première contributrice aux bénéfices, moins lucrative.

Les deux sociétés se défendent en expliquant que la demande énergétique va augmenter et qu’il faudra par conséquent satisfaire tout le monde et surtout proposer l’énergie à un coût abordable pour tous.

S’ils ont perdu cette importante bataille, les activistes écologistes ont réussi néanmoins à transformer les deux assemblées générales en tribunes pour sensibiliser sur les risques posés par les énergies fossiles.

« Des décennies ont été perdues à cause de la campagne délibérée de désinformation de notre entreprise », a fustigé Patricia Daly, une religieuse américaine dont la congrégation, basée dans le New Jersey (est), est actionnaire d’ExxonMobil. Agir contre le changement climatique est « une responsabilité morale. Exxon doit faire sa part », a-t-elle lancé, réussissant à subtiliser un aveu inédit au PDG Rex Tillerson.

« Nous reconnaissons que les risques sont sérieux et exigent des mesures réfléchies », a admis le dirigeant. « Nous n’ignorons pas les risques. La différence est juste dans la façon que nous approchons le problème », a-t-il fait remarquer.

Défaits sur le climat, les petits actionnaires peuvent se consoler avec l’adoption – 61% des suffrages – par Exxon d’une motion permettant à des actionnaires minoritaires remplissant certaines conditions de nommer un membre de leur choix au sein du conseil d’administration. En 2015, une proposition similaire avait été approuvée par Chevron.

© AFP

2 commentaires

Ecrire un commentaire

    • dany

    Qui est étonné ?

  • Je suis comme Dany, je ne suis pas étonné.
    Il est logique que les plus puissants resistent et argumentent en expliquant qu’il sont encore indispensables par le fait qu’il leur faudra de toutes façons satisfaire le besoin mondial. Il faut se rendre à l’evidence il n’y a peut-etre plus beaucoup de jus mais le citron sera pressé tant qu’il pourra l’être. CAD tant que l’exploitation des produits fossiles conventionnels restera rentable malgré l’obligation de se plier a la rude baisse des prix provoquée quoiqu’on en dise par les exportations américaines de gaz non conventionnels. Il faut se rendre à l’évidence c’est seulement en :
    1 Diminuant le prix de l’énergie électrique d’origine renouvelable principalement avec le voltaique
    2 Remettant en cause les chaînes energétiques des chaufferies et de la motorisation des véhicules routiers. Ceci afin de diminuer le besoin et d’atteindre plus rapidement l’équilibre entre production et consommation
    3 Supprimant toute aide a l’exploitation des produits fossiles.
    4 Établissant une gouvernance mondiale des océans à défaut de pouvoir le faire sur terre. Ceci afin d’éviter des zones de non droit comme celle du traffic maritime internatiobal avec les pavillons de complaisance libérien ou celle qui se prépare en Norvège avec l’exploitation offshore de nos plus beaux santuaires marins.
    Que l’on sortira du culte de sac dans lequel nous nous sommes enfoncés

    Balendard mai 2016

Celeste Saulo, la future cheffe de l'OMM entend impulser un vrai combat contre le changement climatique

Lire l'article