De faux certificats pour des pièces métalliques destinées au nucléaire

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La non-conformité du matériau testé aux spécifications attendues a ainsi été occultée dans certains cas © AFP/Archives PHILIPPE DESMAZES
La non-conformité du matériau testé aux spécifications attendues a ainsi été occultée dans certains cas © AFP/Archives PHILIPPE DESMAZES

Paris (AFP) – Une entreprise de mécanique française a fourni des pièces métalliques à certains fabricants travaillant pour le nucléaire, en les accompagnant de certificats falsifiés, a révélé l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) qui collabore à l’enquête judiciaire en cours.

Le parquet de Saint-Etienne (Loire) a été saisi de l’enquête et plusieurs plaintes contre X ont été déposées.

« Nous avons souhaité, dans le cadre de la transparence et de l’information du public, communiquer sur cette affaire sans contrevenir au bon déroulement de l’enquête », a déclaré à l’AFP Julien Collet, directeur général adjoint de l’ASN.

L’Autorité de sûreté ne mentionne pas le nom de l’entreprise concernée, à la demande des autorités judiciaires.

Comme l’a indiqué mercredi Le Monde, il s’agit de l’entreprise SBS, une forge spécialisée dans le laminage circulaire, filiale du groupe Genoyer.

Cette PME située à Boën-sur-Lignon dans la Loire a affirmé à l’AFP que c’était un employé du service qualité qui avait manipulé « à la marge », sur son ordinateur, des certificats délivrés par des laboratoires d’analyse.

La non-conformité du matériau testé aux spécifications attendues a ainsi été occultée dans certains cas.

Selon l’entreprise, qui emploie 85 personnes, ce salarié voulait « gagner du temps » en n’ayant pas à demander de dérogations aux clients. « Il s’agit d’une dérive inadmissible et le salarié a aussitôt été mis à pied puis licencié », selon SBS.

Des rapports d’analyse de matériaux effectués par le laboratoire Bureau Veritas ont notamment été falsifiés.

C’est l’industriel Areva, l’un des destinataires des pièces métalliques, « qui a eu un doute en regardant les certificats et qui a pris contact avec nous » en novembre, raconte Cathy Pianon, à la direction de la communication chez Bureau Veritas.

« Il a été mis en évidence que des certificats avaient été manifestement retouchés et falsifiés », selon la même source.

Des équipements destinés au réacteur de recherche Jules Horowitz, construit actuellement par Areva pour le CEA (Commissariat à l’énergie atomique) à Cadarache (Bouches-du-Rhône), sont concernés.

Bureau Veritas « a immédiatement alerté l’ASN et a porté plainte contre X début 2016 », a-t-elle indiqué.

Areva et le CEA ont également porté plainte contre X.

L’ASN a demandé aux exploitants et aux fabricants d’équipements destinés à des installations nucléaires « de regarder s’ils avaient des pièces concernées par ces falsifications et d’en évaluer l’impact », a déclaré Julien Collet.

« Les investigations sont en cours. On devrait avoir prochainement les résultats. On pourra à ce moment-là évaluer l’ampleur et les conséquences de ces falsifications », a ajouté M. Collet.

L’ASN précise qu’à ce jour elle n’a pas eu connaissance d’ »un équipement en service » affecté par cette falsification. « Notre préoccupation porte surtout sur les équipements qui pourraient être en service », a précisé M. Collet. « Les falsifications ne sont pas toutes récentes ».

SBS déclare avoir prévenu 17 clients entre novembre et janvier. Elle dit avoir pris des mesures correctives « immédiatement », prévoyant notamment un double contrôle sur tous les documents et l’appel à un expert du nucléaire pour vérifier qu’il n’y a pas eu d’impact technique sur les installations.

« Selon les premières analyses, la non-conformité de certaines pièces ne semble pas de nature à obérer le fonctionnement des installations dans lesquelles les pièces sont intégrées », affirme SBS.

En 2012, des falsifications de certificats à grande échelle avaient été découvertes en Corée du Sud. Plusieurs milliers de composants destinés à l’industrie nucléaire étaient concernés.

© AFP

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