Brésil: des panneaux solaires pour réparer un « crime contre l’environnement »

panneaux solaires

Il existe déjà dans le monde des installations de panneaux solaires flottants dans des réservoirs d'eau ordinaires, pour l'agriculture par exemple, mais c'est la première fois que ces panneaux sont installées dans le lac d'un barrage © AFP/Archives EVARISTO SA

Presidente Figueiredo (Brésil) (AFP) – Un barrage ayant inondé des centaines d’hectares de forêt amazonienne au Brésil et taxé de « crime contre l’environnement » est en passe de devenir un projet durable grâce à des panneaux flottants destinés à produire de l’énergie solaire, un projet inédit.

Au pied de ce barrage Balbina, construit il y a plus de 20 ans, sous la dictature, à un coût très élevé et avec une faible capacité de production d’énergie, s’étend à perte de vue un gigantesque lac artificiel de 2.400 kilomètres carrés.

« C’est l’un des plus grands crimes contre l’environnement commis par l’ingénierie dans ce pays. Et comment atténuer le coût de ce crime ? En améliorant la relation coût-bénéfice de cette usine » hydroélectrique, a affirmé cette semaine le ministre brésilien des Mines et de l’Énergie, Eduardo Braga.

Le ministre a inauguré les premiers panneaux flottants qui produiront de l’électricité en profitant de la lumière abondante à cet endroit de la jungle, à proximité de la ligne de l’équateur, à quelque 200 km de Manaus, la capitale de l’Etat d’Amazonas (nord du Brésil).

Il existe déjà dans le monde des installations de panneaux solaires flottants dans des réservoirs d’eau ordinaires, pour l’agriculture par exemple, mais c’est la première fois que ces panneaux sont installées dans le lac d’un barrage.

Le gouvernement vient d’inaugurer le projet pilote d’une grande plateforme qui sera terminée en 2017 quand 50.000 m2 de panneaux – une superficie équivalente à cinq terrains de football – auront fini d’être installés, avec une capacité de 5 mégawatts donc pouvant approvisionner en énergie quelque 9.000 foyers.

Dans une phase postérieure, on estime que cela pourrait être porté à une puissance de 300 mégawatts, ce qui permettrait à Balbina d’approvisionner 540.000 domiciles.

Inauguré en 1989 après une décennie de travaux, le barrage Balbina a une capacité théorique de 250 mégawatts mais il n’en produit actuellement qu’un cinquième.

Le principal avantage de ce système hybride (solaire + hydroélectrique) est qu’il permet de profiter de l’infrastructure de transmission déjà disponible et aujourd’hui inutilisée, ainsi que de la superficie, pour installer les panneaux sans avoir besoin d’exproprier des terres.

« Nous allons transformer les centrales hydroélectriques, qui ont des limites en fonction du climat, en usines +illimitées+, parce que nous allons avoir aussi de l’énergie solaire », s’est félicité Orestes Goncalves, président de Sunlution, l’entreprise brésilienne qui s’est associée à la française Ciel et Terre pour installer les panneaux solaires de Balbina.

Cette initiative pionnière inclut un projet de recherche pour connaître l’efficacité de ce modèle hybride de production dans deux contextes très différents : l’humidité de la forêt amazonienne et le climat semi-aride de l’Etat de Bahia (nord-est) où un second prototype est en cours de montage.

S’ils ne calculent pas l’impact qu’il aura dans la réduction de la facture d’électricité, la baisse du tarif de l’énergie à long terme est l’un des objectifs du projet.

Par le biais d’appels d’offres, ce projet pionnier devrait ensuite être mis en place dans d’autres barrages du géant sud-américain où 60% de l’énergie électrique provient de centrales hydroélectriques.

© AFP

Un commentaire

Ecrire un commentaire