Fessenheim (France) (AFP) – Seuls quelques kilomètres séparent la commune de Fessenheim (Haut-Rhin), qui défend sa centrale nucléaire menacée de fermeture, et les communes allemandes voisines. Pourtant, l’incompréhension entre les deux côtés du Rhin est profonde, le souhait de préserver des emplois se heurtant à la peur d’un accident nucléaire.
En France, Fessenheim revient régulièrement dans l’actualité depuis 2011 et la promesse du candidat François Hollande de fermer la doyenne des centrales françaises, mise en service en 1977, d’ici 2017.
Le débat a été relancé la semaine dernière par les médias allemands, selon lesquels un incident survenu en avril 2014 s’était avéré plus grave qu’annoncé.
Il n’en fallait pas davantage pour braquer la petite commune alsacienne de 2.300 habitants, où une banderole proclame depuis l’élection de François Hollande « ensemble, préservons la centrale nucléaire », juste devant la mairie.
Le maire sans étiquette Claude Brender va jusqu’à parler d' »un ressentiment anti-allemand par rapport à ce qui est vécu comme une ingérence dans la souveraineté de la France ».
M. Brender rappelle que la centrale fait entrer près de 4 millions d’euros par an dans ses caisses, ce qui n’est par rien dans cette région défavorisée du Hardt. Fessenheim a ainsi pu investir, se doter d’une médiathèque et d’un musée Victor Schoelcher.
« S’il n’y a pas d’alternance en 2017, clairement on est mort » s’emporte Claude Brender qui compte sur le retour de la droite pour sauver la centrale, 1.100 emplois directs sans parler des commerçants.
« On va se retrouver tous au chômage s’ils ferment la centrale et de toute manière, c’est la mieux sécurisée de France », s’impatiente Loïc Marten, serveur dans un restaurant de Fessenheim.
Malheur aux quelques écolos du cru qui s’attaque à la poule aux oeufs d’or. Gabriel Weisser, un riverain qui se présente comme un simple « écocitoyen », a lancé une pétition pour demander une enquête parlementaire sur l’incident de 2014.
Il se heurte à l’hostilité de nombreux habitants de la commune. « Dès qu’on évoque la centrale, on sent que c’est le casus belli, les gens sont prêts à l’affrontement », déplore-t-il.
En Allemagne, à seulement 5 km de là, les avis sur la centrale sont nettement plus tranchés.
« Il faut la fermer immédiatement, parce qu’elle n’est pas sûre, trop vieille et trop proche de chez nous », insiste Hans Peter Joswig, un septuagénaire habitant Heitersheim (Bade-Wurtemberg). « La politique d’information de la population est très médiocre ».
Un avis partagé par toutes les personnes interrogées dans cette petite ville coquette au pied de la Forêt Noire.
« S’il y a un problème grave à Fessenheim, ce seront les Allemands qui seront les plus touchés, à cause des vents qui soufflent majoritairement du Sud-Ouest. Fribourg sera la première grande ville concernée », explique Jürg Stöcklin, président de l’Association trinationale de protection nucléaire, qui regroupe des communes suisses, allemandes et une seule française.
Alors que l’Allemagne, en pleine transition énergétique, arrête progressivement ses propres réacteurs nucléaires, le ministre de l’Environnement du Bade-Wurtemberg, Franz Untersteller, a écrit à son homologue française Ségolène Royal pour lui demander l’arrêt « le plus tôt possible » de la centrale.
Tout en plaidant ardemment pour la fermeture, le maire social-démocrate d’Heitersheim, Martin Löffler, évoque la possibilité d’aider Fessenheim à se reconvertir économiquement, en misant sur les besoins de main-d’oeuvre non pourvus côté allemand.
Côté français, le dossier rebondit encore. La procédure de fermeture sera lancée cette année, sans aucune garantie sur la date d’arrêt effectif, a indiqué mardi le ministre de l’Economie Emmanuel Macron. En 2011, François Hollande promettait de fermer Fessenheim en 2016.
© AFP
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Phebe Archer
Always focus on profit and little on the world we leave to our children and grandchildren. We have alternatives: the sun and the wind. I read nothing about what gets dumped into rivers and the ocean as the nuclear plants have to be on shores and river banks. The warm temperature of the waste water kills fish.