Coquelicots, bleuets et nielles des blés de retour dans l’Eure

l'eure

Des bleuets et des coquelicots en fleurs dans un champ près de Mariental (centre de l'Allemagne), le 24 juin 2013 © DPA/AFP/Archives JULIAN STRATENSCHULTE

Paris (AFP) – Coquelicots, bleuets et nielles des blés, ces fleurs sauvages dites messicoles qui, de tout temps, parsemaient les champs sont aujourd’hui en danger, le département de l’Eure a donc monté une filière pour assurer leur production et ainsi leur garantir un avenir.

Victimes de la modification des pratiques agricoles et de l’utilisation des herbicides, les fleurs des champs sont aujourd’hui en forte régression dans toute la France. Dans l’Eure, sur une centaine d’espèces, 25% sont considérées comme disparues.

Pour y remédier, l’Eure proposait aux collectivités la mise en place de jachères fleuries mais s’est aperçue que pour les planter, on utilisait des mélanges d’espèces horticoles importées, parfois d’Australie ou d’Amérique du nord, « avec le risque d’une pollution génétique, les bleuets horticoles s’hybridant avec les bleuets des champs » par exemple, raconte à l’AFP la responsable du projet pour le département Emmanuelle Morin.

Le Conseil général a donc décidé en 2012 de lancer la production de ces fleurs d’origine locale dans le département. Un travail de longue haleine car il a fallu récolter des graines en milieu naturel et en confier la multiplication à des producteurs locaux.

L’un d’eux, Alexandre Leveau, de la Ferme aux fleurs, s’est ainsi aperçu que la nielle des blés, fleur mauve aujourd’hui en voie de disparition, était « une espèce facile à cultiver (et) qui a une forte productivité ».

Mais, « le département n’a pas vocation à devenir un acteur économique, et l’objectif c’est que la filière vive par elle-même », explique Mme Morin qui annonce que « la filière est finalisée et nous avons la chance d’avoir trouvé un repreneur ».

Le belge Ecosem va ainsi assurer le tri des semences produites par les trois fermes de l’Eure engagées dans le projet et « va les commercialiser sous le label +vraies messicoles+ », créé par la Fédération des conservatoires botaniques nationaux, explique son dirigeant Pascal Colomb.

Ce spécialiste des prairies fleuries qui travaille déjà avec des collectivités locales françaises ensachera les graines qui seront vendues au grand public, à partir du printemps, dans les jardineries Gamm Vert du département, en partenariat avec la coopérative agricole Cap Seine.

Progressivement, Ecosem « va réduire et arrêter de produire ces semences en Belgique pour les produire dans l’Eure », indique à l’AFP M. Colomb.

Parallèlement, le Conseil général poursuit son travail pour réintroduire ces fleurs des champs auprès du syndicat des agriculteurs et de la fédération de chasse avec une subvention dédiée à l’achat de semences de messicoles.

Les fleurs messicoles ont un intérêt pour les papillons, les oiseaux des plaines qui se nourrissent des graines, et pour les insectes pollinisateurs.

Il n’y aura jamais de miel de messicoles notamment parce que certaines de ces fleurs comme le coquelicot produisent du pollen mais pas de nectar. Par contre, ces fleurs sauvages permettent de nourrir les colonies d’abeilles en période de disette.

Pour Etienne Minot, apiculteur dans l’Eure, si le département a raflé autant de médailles pour son miel au dernier concours régional, « ce n’est pas le fait du hasard », mais « parce que nos abeilles ont pu butiner au moment opportun » des fleurs messicoles plantées dans le département.

Sauvegarder ces espèces est important pour la « conservation du patrimoine biologique », mais également « pour la pérennité des paysages dans le cadre du changement climatique », renchérit Stéphanie Robinet, responsable du pôle environnement au Conseil général de l’Eure.

© AFP

Un commentaire

Ecrire un commentaire

    • Paisant

    Oui , protégeons cette nature si martyrisée .
    C est si beau. L été de voir tant de fleurs , abeilles , papillons , leur vie est si courte .
    Respectons ce monde merveilleux .