Syrie: les centres médicaux soutenus par MSF « décimés » en 2015

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Des secouristes dans les ruines d'un hôpital soutenu par Médecins Sans Frontières le 15 février 2016 près de Maaret al-Numan en Syrie © AL-MAARRA TODAY/AFP GHAITH OMRAN

Paris (AFP) – Quatre-vingt-quatorze frappes aériennes et tirs de roquette ont touché, en 2015, 63 structures soutenues par Médecins sans frontières (MSF) en Syrie : les infrastructures sanitaires sont « décimées » par la guerre, dénonce l’ONG dans un rapport publié jeudi.

Selon ce document, ces frappes et tirs ont conduit à la destruction totale de 12 de ces structures, alors que 81 membres du personnel médical ont été tués ou blessés.

« Après cinq ans de guerre en Syrie, les infrastructures sanitaires sont décimées », constate l’organisation non gouvernementale.

Lundi, des tirs de missiles ont encore visé cinq établissements médicaux, dont un soutenu par MSF, et deux écoles à Alep et Idlib, dans le nord du pays, faisant près de cinquante morts et de nombreux blessés, selon l’ONU.

Vingt-cinq personnes sont mortes dans la seule destruction de l’hôpital d’Idlib, selon un dernier bilan de l’ONG communiqué jeudi à l’AFP.

MSF ne dispose plus que de trois structures en propre en Syrie. Cinq de ses expatriés ayant été kidnappés à Lattaquié, dans le nord-ouest du pays, en janvier 2014 – puis relâchés quelques mois plus tard -, elle se limite à envoyer matériel et médicaments aux centres médicaux existants.

Dans son rapport, l’organisation chiffre à 7.000 les personnes mortes du fait de la guerre et à près de 155.000 les blessés qui ont été enregistrés en 2015 dans les seules structures sanitaires qu’elle soutient en Syrie. Un tel bilan est « particulièrement préoccupant » car « les 70 hôpitaux et centres de traitement de fortune bénéficiant d’une aide régulière de la part de MSF ne représentent qu’une petite part des structures médicales en Syrie », note-t-elle.

Femmes et enfants représentent 30% à 40% des victimes, « laissant présager que les zones habitées par des civils ont constamment été la cible de bombardements aériens ou d’autres types d’attaques », relève MSF, qui dit ne pouvoir travailler sur le territoire contrôlé par le gouvernement syrien, faute d’autorisation.

Les pics de décès et de blessés enregistrés correspondent à « plusieurs grandes offensives militaires et à l’entrée des forces armées aériennes russes, françaises et britanniques dans le conflit en Syrie ».

Dans son rapport, MSF pointe également quatre attaques dites à « double impact », qui frappent des secouristes ou des structures sanitaires peu de temps après une première attaque, alors que ceux-ci arrivent sur place ou que les blessés se rendent dans un centre de santé.

« L’obligation de protéger les civils contre les violences de guerre n’est pas respectée », alors qu’écoles, cliniques, mosquées et places de marché sont « délibérément » visées, ce qui constitue « une violation du droit international humanitaire », s’insurge MSF.

Quatre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Russie, France et Royaume-Uni) étant « activement engagés dans le conflit syrien via des frappes aériennes », cette « incapacité à mettre en oeuvre les résolutions » onusiennes « semble indiquer que ce sont leurs propres armées et alliés qui ne parviennent pas à appliquer – ni à encourager leurs alliés à appliquer – ces dispositions », déplore-t-elle.

Le 22 décembre, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité une résolution enjoignant les différentes parties à respecter le droit international humanitaire et à cesser tout attaque sur des civils et des infrastructures civiles.

Outre les morts et blessés de guerre, l’ONG déplore des épisodes de « famine ». Dans la ville assiégée de Madaya, dans la région de Damas, où aucun convoi de ravitaillement médical ni alimentaire n’a été autorisé à rentrer, 49 personnes sont mortes de faim entre le 1er décembre et le 29 janvier, affirme-t-elle.

Le conflit en Syrie a fait au total 260.000 morts et poussé des millions de personnes à chercher refuge hors du pays.

© AFP

2 commentaires

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  • Le monde est décidément malade du pétrole et le réchauffement climatique une conséquence du problème planétaire de l’énergie.
    Comment peut-il se faire que deux pays qui s’opposent frontalement en Syrie, le premier l’Arabie saoudite condamnant le régime de Bachar Al-Assad alors que le deuxième la Russie le soutient en bombardant les positions rebelles au mépris des populations civiles et des actions humanitaires de Médecins sans frontière, cherchent à s’entendre politiquement en augmentant leur production pétrolière. Ceci voire même en les doublant afin d’améliorer les rentrées financières de leurs pays quitte à ce que l’offre devenant supérieure à la demande, les prix du Brent baisse encore un peu plus. Au travers de ces faits on se dit que l’argent du pétrole est décidément un argent sale.
    Le président Obama, évoquant la précarité énergétique expliquait que le meilleur moyen de la combattre était selon lui de rendre l’aide inutile. Balendard va un peu dans le même sens que le Président américain en estimant que selon lui pour éviter de tels débordements, il suffirait de rendre le pétrole inutile.
    Il défend cette position avec opiniâtreté dans son livre « La chaleur renouvelable et la rivière ».Une position qui va d’ailleurs dans le sens souhaité par le Président américain. Il y propose même une solution techniquement envisageable dès à présent pour le chauffage de l’habitat urbain, le poste le plus énergivore dans notre pays et probablement dans beaucoup d’autres pays dans le monde

    http://infoenergie.eu/riv+ener/argent-sale.htm

    Balendard février 2016

  • Balendard qui a laissé un message hier sur ce sujet extrêmement important a mal dormi et est inquiet. Son inquiétude s’aggrave encore en remarquant qu’il n’y a eu aucune réaction en dehors de la sienne. Balendard se dit que tenter dans le cadre de la précarité énergétique de faire baisser le prix des combustibles fossiles en augmentant la production de telle sorte que l’offre excédant la demande, le prix de ces produits vont nécessairement baisser, même si cela est d’ailleurs exact, est pour finir une mauvaise idée.
    Cela une simple raison : la baisse du prix de vente de ces produits aggrave leur consommation de masse et nous entraîne dans une voie opposée à celle des résolutions de la COP 21.
    L’idée du président Obama de saturer le marché des combustibles en sacrifiant son pays sur le plan environnemental avec l’exploitation des gaz de schiste était donc une mauvaise idée même si la motivation était sociale et celle de rendre l’aide inutile.
    À la réflexion, pour satisfaire cette dernière condition et améliorer par voie de conséquence le climat social, la solution semble bien être non pas de produire plus mais de consommer plus intelligemment. Ceci bien entendu à condition que le besoin reste satisfait dans de bonnes conditions.
    Balendard vous invite à prendre connaissance comment cela est possible sans se priver dans son livre « La chaleur renouvelable et la rivière »
    http://infoenergie.eu/riv+ener/LCU.htm

    Balendard février 2016