A Gardanne, prochaine mise en route controversée de la plus grande centrale biomasse française

Gardanne

Un technicien montre des plaquettes de bois qui vont être brûlées dans la plus grande centrale biomasse de France, à Gardanne, près d'Aix-en-Provence, le 3 février 2016 © AFP BORIS HORVAT

Gardanne (France) (AFP) – A Gardanne (Bouches-du-Rhône), le chantier de la centrale biomasse, la plus grande de France, est quasi terminé et les derniers tests sont en cours mais sa mise en marche, prévue au deuxième semestre 2016, est contestée par les écologistes et des collectivités voisines.

Deux cent cinquante millions d’euros ont été investis par le groupe énergétique allemand E.ON pour transformer l’unité 4 de la centrale à charbon en centrale biomasse. Sa filiale, Uniper, indépendante depuis janvier, a pris la suite. Le projet prévoit de brûler 855.000 tonnes de bois par an pour une puissance de 150 MW.

Mi-janvier, les premières plaquettes de bois, près de 40.000 tonnes en provenance du Brésil, ont été réceptionnées. « Du bois certifié, provenant de vieilles plantations d’acacias et d’eucalyptus », a indiqué lors d’une visite de presse du site, Jean-Michel Trotignon, directeur de la centrale.

Au démarrage, 55% du bois sera importé et 45% proviendra de ressources locales dont 60% issus de recyclage et de l’élagage et 40% de bois forestiers. A l’horizon 2026, Uniper utilisera 100% de bois local.

Ecologistes et scientifiques redoutent les répercussions de ce projet gigantesque -avec 2.500 tonnes de bois consommées par jour- sur la forêt régionale. Ils regrettent l’absence de toute étude d’impact sur la biodiversité ou la raréfaction du bois.

La filière bois est en outre particulièrement morcelée en Paca – 73% des propriétaires étant des privés. L’Etat tente de les structurer en incitant aux regroupements. Gérard Gauthier qui préside un syndicat forestier y voit une opportunité de « régénération des forêts » qui ont « un cycle de vie de 80 ans ».

Mais pour Aline Salvaudon, du parc du Luberon, la demande en bois « dépasse la capacité de production de la forêt locale ».

Pour répondre aux inquiétudes, le plan d’approvisionnement de la centrale a revu à la baisse le tonnage en bois local : 83.000 tonnes par an contre 331.000 prévues dans un premier temps.

« A ce niveau c’est soutenable mais l’idée est de monter en puissance à 450.000 en dix ans », s’inquiète Mme Salvaudon.

L’Etat soutient la démarche de cette centrale au nom de la transition énergétique dans la troisième région forestière de France qui compte 1,5 million d’hectares de forêt (9 % de la surface nationale) mais où la récolte de bois demeure faible : 720.000 m3 de bois brut en 2012, soit 2% de la production française.

Le projet « est une incitation au développement durable », fait valoir M. Trotigon mettant en exergue une diminution de l’empreinte carbone de 4,5 par rapport à la production charbon grâce à un système de dépollution. Elle produit « 100 fois moins de particules que le brûlage à l’air libre », ajoute-t-il. Uniper a aussi prévu un recyclage des cendres, revendues aux cimenteries.

Le responsable vante aussi un meilleur rendement (40%) que celui des centrales classiques (30%).

La municipalité communiste de Gardanne et la CGT soutiennent la transformation de la centrale qui emploie 180 personnes. Mais les écologistes sont loin d’être convaincus sur ses performances en matière de prévention de la pollution.

« Il y a certes des filtres à particules mais rien n’est prévu pour les toutes petites particules », dit Rémy Carrodano, membre d’un « collectif de vigilance ».

« Cette centrale n’a aucun sens », fustige le député EELV François-Michel Lambert déplorant « l’argent public dilapidé et une pollution atmosphérique renforcée ». Car Uniper « bénéficie d’une détaxe totale sur le charbon et 70 millions d’euros de subventions » avec l’achat d »électricité à un taux plus cher que sur le marché.

Selon lui, « on ne s’en sortira que par la fermeture du site ou le versement de subventions ad vitam aeternam ». A sept reprises, en 2014 et 2015, le député EELV a interrogé, par le biais de questions écrites, la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal. Elles sont restées sans réponse.

Les collectivités concernées craignent en outre une augmentation du prix du bois pour les particuliers et la mise en péril des petites chaudières biomasse gérées par les communes.

« On brûle ce dont personne ne veut », affirme M. Trotignon notamment les déchets verts.

Trois recours ont été déposés pour demander l’annulation de l’autorisation d’exploitation de la centrale.

© AFP

12 commentaires

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    • Francis

    La filtration et la purification des fumées est certainement à améliorer dans le but,aussi, de bruler de ordures ménagères,plutôt que de continuer à les mettre en décharge.

    • OUI cela est assurément la bonne orientation un tri sélectif plus rigoureux des ordures en amont permettant d’entretenir la combustion sans apport de gaz et injection d’air

      Balendard février 2016

  • La centrale biomasse de Gardanne = Déforestation : C’est une centrale anti respect de l’environnement au même titre que les centrales nucléaires et les centrales à charbon. On marche vraiment sur la tête !!!!!!

    • Oskar Lafontaine

    Cette réalisation à Gardanne est une erreur totale, tout juste destinée à assurer de l’emploi artificiel et inutile, au personnel maintenu sur le site, mais centrale à bois de Gardanne, qui ne tient la route ni économiquement d’abord, ni écologiquement ensuite.
    Le salaire de 180 personnels c’est de 5 à 6 millions d’euros par an alors que l’investissement de départ à Gardanne, soit 250 millions, c’est déjà plus de 40 années de revenus assurés à ces 180 personnels, où est la logique économique ?
    De plus quel besoin avons nous en France et en Europe d’électricité alors qu’il y a déjà surproduction depuis des années et que le cours de l’électricité s’est effondré de ce fait, à un niveau qui ne permet même plus, hors présentations comptables « arrangées », de rentabiliser la production nucléaire en France, puisque EDF produit à 62 euros du mégawattheure, selon la Cour des comptes, mais ne peut plus vendre, hors son marché captif d’escroqués du nucléaire en France, à plus de 38 euros en moyenne annuelle pondérée et ce chiffre de 38 euros est lui-même en baisse, puisque les renouvelables déjà en place et productifs, fournissent, même à ce tarif ou en dessous, puisque le « coût marginal de production » des renouvelables tend vers zéro, soleil et vent étant gratuits d’usage alors que gaz, charbon, uranium ou même bois ont un prix.

    • chaumien

    A quoi aura servi la Cop 21 si c’est pour faire le contraire dès maintenant!
    Pauvres petits théoriciens; revenez sur terre.

  • Comparé aux centrales biomasses zurichoises de 50 MW qui sont déjà impressionnantes par la taille une centrale biomasse de 150 MW est effectivement une très grosse unité mais au plus froid de l’hiver elle ne peut pour finir chauffer quelque 25 000 à 75 000 foyers fiscaux selon la chaîne énergétique retenue ce qui est bien peu pour finir dans une région surpeuplée comme l’est tout le littoral méditerranéen.

    Voir http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LCU_fichiers/LT-geothermie-profonde.pdf

    De plus une fois coupée le bois n’absorbe plus le gaz carbonique qu’il aurait absorbé s’il ne l’avait pas été. Il faut donc assurément prendre garde à la déforestation de cette région et réfléchir par exemple à la production des plaquettes de bois en s’inspirant peut-être de nos amis népalais

    Voir http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LCU_fichiers/RSE-pac-et-environnement.pdf

    En tout état de cause, il est donc essentiel de prendre garde à ne pas surdimensionner ces centrales biomasses au-delà de ce que la nature peut raisonnablement supporter.
    Il faut aussi s’interroger sur la chaîne énergétique qui sera retenue pour ces centrales : Soit la génération thermique seule pour le chauffage urbain, soit une production mixte production électrique conjuguée à une génération de chaleur.
    Il faudra aussi prendre garde que la combustion du bois n’est envisageable pour l’environnement de nos cités que si les gaz brûlés sont filtrés activement par des filtres au graphite coûteux avant rejet de ceux-ci dans l’atmosphère

    Balendard février 2016

  • Balenfard regtette que Goodplanet ne fasse pas passer son message sur les inconvénients relatifs de ce genre de réalisation ce qui permettrait par le dialogue d’avanver

  • Comparé aux centrales biomasses zurichoises de 50 MW qui sont déjà impressionnantes par la taille une centrale biomasse de 150 MW est effectivement une très grosse unité mais au plus froid de l’hiver elle ne peut pour finir chauffer quelque 25 000 à 75 000 foyers fiscaux selon la chaine énergétique retenue ce qui est bien peu pour finir dans une région surpeuplée comme l’est tout le littoral méditerranéen.

    Voir http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LCU_fichiers/LT-geothermie-profonde.pdf
    De plus une fois coupée le bois n’absorbe plus le gaz carbonique qu’il aurait absorbé s’il ne l’avait pas été. Il faut donc assurément prendre garde à la déforestation de cette région et réfléchir par exemple à la production des plaquettes de bois en s’inspirant peut-être de nos amis népalais

    Voir http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LCU_fichiers/RSE-pac-et-environnement.pdf

    En tout état de cause, il est donc essentiel de prendre garde à ne pas surdimensionner ces centrales biomasses au-delà de ce que la nature peut raisonnablement supporter.
    Il faut aussi s’interroger sur la chaine énergétique qui sera retenue pour ces centrales : Soit la génération thermique seule pour le chauffage urbain, soit une production mixte production électrique conjuguée à une génération de chaleur.
    Il faudra aussi prendre garde que la combustion du bois n’est envisageable pour l’environnement de nos cités que si les gaz brûlés sont filtrés activement par des filtres au graphite couteux avant rejet de ceux-ci dans l’atmosphère

    Balendard février 2016

  • François-Michel LAMBERT déplore l’absence de réponse de Ségolène Royal. Tout comme moi lorsque j’avais tenté de sensibiliser ce ministère ainsi que d’autres instances à l’échelle de l’Europe et du monde sur le problème des déchêts plastic en Atlantique et Pacifique. Les poissons et les oiseaux, prenant celà pour du plancton ou autre nourriture ingèrent ces particules et meurent congestionnés. Mais, un ministre de l’environnement n’a de conscience qu’une flûte à la main lors de colloques ou autres symposium en prenant bien soin d’afficher une mine soucieuse du problème évoqué. En pensant : « C’est quand qu’on bouffe ou qu’on picole? »

  • […] A Gardanne, prochaine mise en route controversée de la plus grande centrale biomasse française […]

    • GASTON HERVIEUX

    PLUS FOU QUE LE FOU IL Y A LES FOUS ATTEINTS D`UNE GRAVE MALADIE CONTAGIEUSE: <> !