« Nourris aux OGM »: l’étiquetage doit être obligatoire, réclame un collectif

OGM

Une pancarte à l'effigie d'un épi de maïs grimé façon haloween dans un champ après une manifestation d'anti-OGM, le 2 mai 2014, près de Roquettes (Haute-Garonne) © AFP/Archives PASCAL PAVANI

Paris (AFP) – Le beurre, les oeufs, le poisson et les autres aliments que nous consommons sont-ils issus d’animaux nourris aux organismes génétiquement modifiés (OGM)? Un collectif réclame un étiquetage obligatoire des produits alimentaires, une revendication déjà ancienne au nom du droit des consommateurs à la transparence.

« En France aujourd’hui, les OGM sont tous interdits à la culture, mais ils sont autorisés à l’importation », notamment pour l’alimentation animale, rappelle la campagne « OGM Transparence ».

Pour les viandes, mais aussi les produits laitiers ou tous aliments transformés issus de produits d’animaux nourris avec des OGM, l’étiquetage est « une nécessité pour permettre aux consommateurs de faire des choix économiquement et écologiquement responsables », fait valoir Bernard Astruc, coordinateur de « Consommateurs pas cobayes! », créé en 2012 et porteur de la campagne.

La pétition réclamant cette mesure à l’Etat a, selon lui, recueilli 240.000 signatures, dont celles de Marc Jolivet, Coline Serreau, Antoine et Irina Brook, et vise le million, soutenue par France Nature Environnement, la Fondation Hulot, les Amis de la Terre ou le Mouvement des Amap.

« On se bat pour la démocratie », a dit en conférence de presse le biologiste Jacques Testart, rappelant qu’en 1998, aux débuts de la commercialisation des OGM, une conférence citoyenne avait déjà réclamé cette mesure: « les choses n’ont pas beaucoup avancé! »

« Pour que les consommateurs puissent se mobiliser, il faut qu’ils sachent », a appuyé l’avocate Corinne Lepage.

Leur requête se base sur le non-respect de la Convention d’Aarhus sur l’accès à l’information et la justice en matière d’environnement, texte signé en 1998 par 39 Etats.

Elle devait être adressée au ministère de l’Economie (DGCCRF), avec copie aux ministères de l’Ecologie et de l’Agriculture et à la Commission européenne.

Depuis 1997, il est obligatoire d’indiquer la présence d’ingrédients transgéniques dans les produits alimentaires, ce qui a eu un effet largement dissuasif, notent les associations.

En revanche, les fabricants ne sont pas tenus de faire savoir si les animaux alimentant la composition ont eux-mêmes été nourris avec des OGM.

Concernant la santé, les opposants aux OGM invoquent les incertitudes entourant l’impact de ces organismes.

Côté préservation des ressources de la planète, « les OGM ont des impacts considérables sur l’environnement », a insisté mardi Olivier de Schutter. Et l’ancien rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation d’énumérer: essor d’immenses monocultures, difficulté à les confiner, érosion génétique, perte de biodiversité, développement de « super mauvaises herbes » et d’insectes résistants nécessitant encore plus de pesticides…

En 2012, la France a pris un décret autorisant l’étiquetage « Nourri sans OGM » ou « Issu d’animaux nourris sans OGM » pour valoriser les produits des filières n’alimentant pas les bêtes avec OGM.

Mais un an plus tard, une enquête de l’UFC-Que Choisir relevait la trop faible présence de ces étiquettes en grandes surfaces (hormis quelques marques, ainsi que les marques de distributeurs de Carrefour et Auchan).

« Les consommateurs peuvent pérenniser ces filières sans OGM, c’est entre leurs mains », dit aujourd’hui à l’AFP Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à l’UFC, qui relève que ces produits ne sont pas plus chers que les autres.

Autre solution: remplacer peu à peu cette alimentation animale transgénique par une production nationale. Manière aussi de « rompre la dépendance des agriculteurs » à l’égard de leurs fournisseurs, relève Anaïs Fourest, chargé de campagne agriculture chez Greenpeace.

En France, l’alimentation industrielle, notamment à base de soja et maïs, est devenue une composante importante du régime des animaux d’élevage.

Or, environ 15% de ces céréales et oléoprotéagineux sont importés, surtout le soja (3,6 millions de tonnes importées en 2014 selon FranceAgriMer), qui vient du Brésil ou des Etats-Unis, connus pour leurs productions d’OGM.

En septembre, deux députés (EELV et UDI) avaient tenté, en vain, de faire adopter au Parlement l’étiquetage obligatoire des produits alimentaires issus d’animaux nourris par des OGM. La ministre de l’Ecologie Ségolène Royal avait renvoyé notamment à l’aboutissement de « réflexions en cours au niveau européen ».

© AFP

7 commentaires

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    • Francis

    Le problème n’est pas simple. Ce n’est jamais tout l’un ou tout l’autre. Les vaches mangent environ 40 kg de ration complète mélangée par jour dans laquelle il y a 2 kg de tourteau de soya importé.Le reste est des fourrages français. Peut-on parler d’alimentation industrielle OGM ?

    • DEDE

    @ Francis.
    Prenons un exemple. Prenons le cas de la drogue, la drogue en tant que produit est dangereux et interdit a la consommation et a la vente.
    Une personne, sur laquelle on ne trouve pas de drogue en tant que produit. Mais après analyse salivaire ou de sang, on trouve de la drogue dans son organisme.
    Est elle répréhensible et peux etre considérer comme drogué??OUI. On ne pénalise pas la personne en tant qu’humain mais sur le fait qu’il contient des substances non naturelles et pouvant altérer la condition de sa personne.
    Donc Oui a votre question Francis. Dans le cas de mélange Fourrage français mélangés aux OGM, On peut parler d’alimentation industrielles a bases d’OGM.

    • benbarek

    Ce serait bien que toutes ces associations essaient de comprendre ce que c’est que les dits OGM; mais non!
    Peur de devenir moins bêtes?

    • mona

    Nous ne voulons pas des Ogm.. ni en culture, ni en conso.
    Évidemment si l’on change la génétique d’un
    être vivant sain, quel qu’il soit, il y a danger..
    sauf application, à l’inverse, sur êtres malades
    que l’on pourrait ainsi guérir…
    Pour ce qui concerne nos aliments et produits de notre quotidien , ne jouons pas avec le feu….

    • Francis

    Il est facile de répondre qu’ un gène,qu’il soit naturel ou modifié (c’est dans ce cas qu’on utilise l’acronyme OGM) n’est pas une substance,c’est une information.La substance est dans tous les cas de l’ADN. C’est l’ordre de rangement des couples de bases A-T et C-G qui détermine l’information exactement comme le système binaire 0-1 qui est à la base de l’informatique et qui nous sert à communiquer aujourd’hui. La composition chimique de L’ADN est invariable.
    L’information portée sur chaque gène est la notice de montage qui permet à chaque cellule vivante de fabriquer des protéines à partir des acides aminés fournis par son alimentation: les protéines de structure,les enzymes et les hormones.
    Quand le gène,donc l’ADN, est détruit,l’information est perdue.Et à ce moment-là,peu importe la question de savoir si la protéine est nocive ou bénéfique. Il faut s’assurer que la digestion détruise l’ADN de tous les aliments. Et là,moi éleveur,je dispose d’un moyen très simple et gratuit:c’est de ne jamais ajouter à la ration du phosphate minéral,contrairement aux recommandations de la science officielle. Les microbes du système digestif ont besoin de phosphate pour se reproduire (c’est un constituant de l’ADN) donc si on ne leur en donne pas sous forme minérale,ils le prennent là ou il se trouve:dans l’ADN des aliments. Ce n’est pas plus compliqué que ça.
    Je ne dit pas que la question des OGM soit sans importance. Il s’agit en réalité d’ une tentative de prise d’otage planétaire du monde paysan par quelques multinationales. Qui dit modification de gène dit dépôt de brevet, et en plus brevet éternel: le renouvellement des variétés fait que le délai de prescription de 20 ans n’est jamais atteint. Quand le glyphosate est tombé dans le domaine public, Monsanto a perdu une rente de situation. En mettant sur le marché des semences résistantes au glyphosate dont l’achat est obligatoirement couplé avec celui du désherbant, Monsanto a récupéré cette rente de situation, sans s’occuper des conséquences à court et long terme du glyphosate sur les sols et l’environnement.

      • dany

      La nourriture OGM a-t-elle un effet sur la qualité de l’animal qui l’ingère, … je ne sais pas, je ne suis pas scientifique pour faire une démonstration digne de ce nom.
      Le problème ne réside pas que là.
      Pour nourrir avec les plantes OGM il faut les produire, et c’est là qu’il y a grand danger.
      Il y a la culture pour produire des plastiques, carburants etc.. qui commence à dominer et à influer gravement le cours des marchés, augmentant considérablement le prix des cultures vivrières concernées par ce phénomène, mettant très à mal les populations pauvres, puis,
      les millions d’ ha de soja, de maïs, de palmier à huile, de canne à sucre etc… pratiqués en monoculture, arrosés à tord et à travers de poisons dangereux pour le reste du monde animal et végétal, la perte irrémédiable de biodiversité tant animal que végétal, la déforestation responsable de désertification, le « bétonnage » des sols liées à la monoculture par les engins agricoles très lourd et passant des milliers de fois dans les champs, tassant irrémédiablement le sol en profondeur, le délavement et l’appauvrissement de la terre arable, les inondations qui s’en suivent,
      La liste est interminable (dans ce sens, il n’y a pas que les OGM qui sont concernés).
      Cette cupidité démoniaque aveugle les dirigeants des sociétés concernées. Ils ne se rendent même pas compte que leurs propres enfants seront exterminés par leurs agissements, mais un jour viendra ou leurs enfants seront atteints de maladies dues aux agissements des parents….
      Qui les arrêtera ?

  • […] by Yves CARMEILLE in Newsletters On février 12, 2016 Depuis http://www.goodplanet.info « Un collectif réclame un étiquetage obligatoire des […]