Chine: deux avocats de plus inculpés de « subversion »

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Un policier sur la Place Tiananmen à Pékin, le 2 septembre 2015 © AFP/Archives WANG ZHAO

Pékin (AFP) – La Chine a inculpé de « subversion » deux nouveaux avocats défenseurs des droits de l’Homme et détenus au secret, a affirmé mercredi un avocat, portant le total des accusés à neuf dans le cadre d’une campagne de répression menée depuis six mois.

Plus de 130 avocats et employés de cabinets juridiques avaient été interpellés et interrogés en juillet — une rafle d’une ampleur inédite contre ces juristes qui tentent de s’imposer face à des tribunaux soumis au pouvoir politique.

Mme Wang Yu, du cabinet pékinois Fengrui, au centre de la campagne d’arrestations, est désormais officiellement accusée de « subversion contre l’Etat », passible d’une peine de prison à vie, a annoncé son avocat Li Yuhan à l’AFP.

Le mari de Mme Wang, Bao Longjun, est lui accusé « d’incitation à la subversion contre l’Etat » et risque une peine maximale de 15 ans d’emprisonnement, a ajouté M. Li, citant des proches.

C’est la première fois que la famille du couple est informée de leur sort, plus de six mois après le début de leur détention.

Leur fils, Bao Zhuoxuan, 16 ans, est par ailleurs soumis à une forme de résidence surveillée, selon des amis. L’adolescent a été appréhendé en octobre après avoir franchi la frontière terrestre vers la Birmanie, avaient annoncé des médias d’Etat.

Des centaines d’avocats ont déjà utilisé les tribunaux afin de demander réparation pour leurs clients, des victimes d’expropriations ou de « prisons noires » non-officielles, ou encore des intellectuels dissidents.

Mais les médias d’Etat — qui avaient dans le passé parfois soutenu ces initiatives — ont qualifié les avocats de « bande criminelle » qui trouble l’ordre public en organisant des manifestations devant les tribunaux afin d’influencer les verdicts.

Depuis l’arrivée de Xi Jinping à la présidence, en 2013, ONG et experts dénoncent un durcissement croissant de la répression contre les voix critiques à l’égard du régime communiste, qui ne tolère aucune dissidence organisée.

Wang Yu est notamment connue pour avoir défendu l’universitaire chinois d’origine ouïghoure Ilham Tohti et des victimes présumées de démolitions forcées et d’agressions sexuelles.

La télévision d’Etat avait diffusé un enregistrement la montrant élevant la voix lors d’un procès afin d’adresser des remontrances, et avait interviewé un employé du tribunal estimant son comportement dénué d' »esprit judiciaire ».

L’inculpation de sept autres avocats ou juristes chinois, dont celle du fondateur du cabinet Fengrui, Zhou Shifeng, et d’une assistante juridique de 24 ans, Zhao Wei, avait été confirmée à l’AFP mardi.

Les Etats-Unis, qui se sont déjà exprimés par la voix du département d’Etat sur les cas des avocats chinois, ont dénoncé mercredi « la répression en cours » et ont « exhorté la Chine à libérer immédiatement ces avocats et d’autres comme eux arrêtés pour chercher à protéger les droits des citoyens chinois ».

 

© AFP

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