Le Bourget (France) (AFP) – Objectifs et niveau d’ambition de l’accord, aide financière aux pays du Sud, répartition des efforts entre pays développés et en développement… ces questions épineuses restent à trancher d’ici la fin vendredi de la conférence sur le climat, censée produire un pacte universel contre le réchauffement climatique.
2°C OU 1,5°C?
En 2009 à Copenhague, les Etats ont décidé de limiter la hausse de la température à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, ce qui impose de limiter drastiquement les émissions de gaz à effet de serre (GES) en prenant des mesures d’économies d’énergie, en investissant dans les énergies renouvelables, en reboisant les forêts…
De nombreux pays, notamment les Etats insulaires menacés par la montée du niveau de la mer, s’estiment en danger à plus de 1.5°C, mais un tel objectif entrainerait des efforts considérables des grands pollueurs, comme la Chine et Inde, qui s’opposent à un tel seuil.
Dans le texte proposé mercredi, toutes les options sont encore ouvertes: 2°C seul, 1,5°C seul, ou une très probable formule de compromis réaffirmant l’objectif de 2°C, assorti d’un « accroissement des efforts » pour arriver à 1,5°C.
COMMENT Y ARRIVER ?
Sur 195 pays, 185 ont annoncé des mesures pour limiter ou réduire leurs émissions de GES à horizon 2025/2030. Mais même si elles étaient tenues, la hausse du mercure serait ramenée à environ 3°C.
Le texte hésite entre des objectifs précis et ambitieux – réduire les émissions de 40 à 70% (scenario pour arriver à 2°C) ou 70 à 95% (scenario pour 1,5°C) d’ici 2050 par rapport à 2010, ou encore atteindre « zéro émissions » à la moitié du siècle – et une formule vague, n’engageant les parties qu’à agir « au cours du siècle ».
CARBONE OU PAS ?
Fait-on aussi figurer dans le texte l’idée qu’il faut à terme se passer des énergies fossiles? Une perspective à laquelle s’opposent les pays pétroliers et charbonniers. Une des formules proposées est la « neutralité climatique » dont le flou fait bondir les ONG environnementales.
REVISION DES ENGAGEMENTS ?
Un des dispositifs clé de l’accord est la mise en place d’un mécanisme de révision des engagements des différents pays. Il est déjà acté qu’elle aura lieu tous les 5 ans et qu’à chaque fois, il y aura une « progression » par rapport aux engagements précédents. Mais quand commence-t-elle?
La date de 2020/21 pour de nouveaux engagements est proposée. Deux bilans d’étape pourraient par ailleurs intervenir en 2018/2019 puis en 2023/2024.
La convention climat de l’ONU de 1992 a instauré une division stricte entre pays développés/en développement dans le partage des obligations.
Les pays industrialisés, Etats-Unis en tête, voudraient assouplir cette ligne de partage mais des pays comme l’Inde refusent de l’effacer, au nom de leur droit au développement et de la responsabilité historique du Nord dans le dérèglement climatique.
Ce point ultra sensible se décline tout au long du projet d’accord, notamment sur la répartition des efforts de réduction des émissions. Le choix reste ouvert: que seuls les pays développés prennent des mesures de réduction d’émissions en valeur absolue ou bien qu’à terme tous les pays leur emboîtent le pas.
En 2009, les pays riches ont promis de verser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour financer les politiques climatiques des pays en développement.
Ces derniers veulent que l’enveloppe augmente après 2020, pour financer leurs énergies propres mais aussi les mesures d’adaptation aux effets du réchauffement (digues, alerte météo, semences résistantes…), et soulignent l’importance des « fonds publics », plus prévisibles. Un équilibre entre ces deux postes de dépenses semble acquis.
Mais les pays industrialisés ne veulent plus être seuls à payer et demandent une contribution aux pays comme la Chine, la Corée du sud, Singapour, les riches pays pétroliers…
Une formule propose que « toutes les parties » mettent à la main au portefeuille mais « que les pays développés soient moteurs ». Une autre ne demande des efforts qu’aux pays du Nord.
© AFP
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