Le Bourget (France) (AFP) – Dix milliards de dollars pour les énergies vertes en Afrique, une alliance dans la géothermie: responsables politiques et entreprises affichent à la COP21 leur volonté d’accélérer la transition énergétique, malgré les réticences de certains pays très dépendants des sources fossiles.
« La transition énergétique est centrale » pour limiter le réchauffement climatique, a affirmé lundi au Bourget près de Paris Rachel Kyte, vice-présidente de la Banque mondiale, en lançant une journée de conférences dédiée à l’énergie.
Le secteur de l’énergie est responsable des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre de la planète, notamment du fait de l’exploitation massive des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon).
Depuis le début de la COP21, les annonces se multiplient, à la fois de la part des États et des entreprises, pour accélérer le développement des énergies renouvelables.
Lundi, 36 pays et 23 institutions ont annoncé la création d’une Alliance mondiale de la géothermie dans le but de multiplier par six la capacité de production d’électricité à partir de cette source d’énergie souterraine et de tripler la production de chaleur d’ici 2030.
Elle vise notamment l’Afrique, dont la demande d’énergie est appelée à croître considérablement dans les décennies à venir.
Une initiative sur ce continent prévoit aussi de déployer 300 gigawatts de nouvelles capacités de production d’électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici 2030, contre un parc électrique total actuel de 150 gigawatts.
Elle a déjà mobilisé 10 milliards de dollars de financements publics de la part des pays développés, a annoncé le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius lundi.
Déjà la semaine dernière, le Premier ministre indien Narendra Modi avait lancé une Alliance internationale pour le solaire de 121 pays richement dotés en ensoleillement.
Pour les pays en développement et l’Afrique en particulier, l’enjeu est aussi d’assurer un accès à l’électricité pour toute la population. « 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité » en Afrique, a rappelé lundi Elam Ibrahim, commissaire aux infrastructures et à l’énergie de l’Union africaine.
L’ONU estime qu’il faudra globalement mobiliser 45,4 milliards d’euros (49,4 milliards de dollars) pour faire en sorte que l’ensemble de la population mondiale ait accès à l’électricité.
Aux côtés des pays, des villes se sont engagées dans une mutation de leur modèle énergétique. Un millier de maires se sont engagés samedi à Paris à oeuvrer pour un objectif de 100% d’énergies renouvelables dans leurs villes, d’ici 2050.
Des entreprises suivent également le mouvement. Six entreprises, dont BMW et Coca Cola ont rejoint lundi 47 autres groupes, comme H&M, Goldman Sachs, Ikea ou Nestlé, au sein de l’initiative RE100 pour consommer une énergie 100% renouvelable.
« La COP21 est là pour cela aussi, cela permet d’inciter, pour ne pas dire d’obliger, les pays à faire des annonces », constate Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot.
La baisse très importante des coûts des énergies renouvelables porte cette transition énergétique. Pour le solaire, ils ont chuté de 80% ces cinq dernières années. Les énergies vertes sont désormais compétitives par rapport aux sources fossiles dans de nombreuses régions du monde.
A tel point que les pays les plus vulnérables aux conséquences du changement climatique appellent à ce que l’accord de Paris mentionne un objectif de 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050.
Sans succès pour l’instant. « Les énergies renouvelables sont une des solutions majeures pour résoudre le problème climatique, plus de 160 pays ont pris des engagements sur les énergies renouvelables, mais le mot +énergie renouvelable+ n’est pas cité une seule fois » dans le texte, regrette Matthieu Orphelin, pointant la responsabilité des pays pétroliers.
L’accord « doit également couvrir tous les secteurs (de l’économie, ndlr) plutôt que de se concentrer uniquement sur celui de l’énergie », a d’ailleurs affirmé lundi le ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi. Les politiques de réductions d’émissions de gaz à effet de serre ne doivent discriminer « aucune source d’énergie », selon lui.
© AFP
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