La plus grande centrale photovoltaïque d’Europe inaugurée en Gironde

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Un ouvrier marche sur le site de construction de la centrale photovoltaique de Cestas en Gironde, le 19 mai 2015 © AFP/Archives MEHDI FEDOUACH

Cestas (France) (AFP) – La plus grande centrale photovoltaïque d’Europe, qui produit l’équivalent de la consommation annuelle d’une ville de 300.000 habitants, a été inaugurée mardi dans le sud de la Gironde et prouve, selon son exploitant Neoen, que le solaire est « aujourd’hui capable de prendre le relais » du nucléaire.

Mise en service par tranches successives depuis fin septembre, la centrale de Cestas, du nom de la commune du sud de Bordeaux où elle a été construite sur 260 hectares de pinède abîmée par la tempête de 2009, est opérationnelle à plein régime depuis la mi-novembre.

Son raccordement a permis de faire bondir au 3e trimestre la capacité de production en France d’électricité d’origine solaire (+22% par rapport à la période équivalente de 2014) qui représente désormais 1,7% de la consommation électrique nationale, contre 1,4% un an auparavant.

Posés sur 16.500 tables de support en acier et aluminium, ses 983.500 panneaux photovoltaïques raccordés par plus de 4.000 km de câbles (aériens et souterrains) injectent dans le réseau d’EDF une électricité vendue 105 euros le mégawatt-heure.

Outre ses dimensions uniques – plus de 300 terrains de football -, la force de cette installation réside dans la puissance développée par hectare occupé, insistent ses concepteurs. Si la technologie est classique, l’orientation vers l’est et vers l’ouest des panneaux solaires a permis de les resserrer et « de produire plus tôt le matin et plus tard le soir. » « Soit trois à quatre fois plus d’électricité que d’autres centrales solaires construites en France avec des panneaux seulement orientés vers le sud », explique Xavier Barbaro, le Pdg de Neoen.

Cette société française créée en 2008, et détenue majoritairement par Impala SAS, détient 40% de la centrale de Cestas, le reste étant partagé entre sept coactionnaires (Mirova, Acofi, Omnes Capital, KKB, etc.)

Le chantier, réalisé en dix mois à peine, a été confié à un consortium mené par Eiffage et sa filiale Clemessy, en partenariat avec Schneider Electric et la branche française de l’allemand Krinner.

Selon M. Barbaro, le solaire, longtemps cantonné à des projets de petite envergure, est avec cette mise en service « entré dans une nouvelle phase de développement ». « Le photovoltaïque aujourd’hui n’est plus une énergie d’appoint mais peut livrer des volumes importants de manière compétitive », souligne-t-il.

« On peut faire du photovoltaïque sur le toit des maisons mais il ne faut pas s’interdire non plus de faire des centrales de grande taille sur des espaces comme ici, plats et près d’une ligne haute tension. Il y a en France énormément de foncier disponible, de grandes friches industrielles, des terrains pollués, des sites abimés par la tempête et partiellement reboisés », énumère-t-il.

Si le contrat d’achat d’électricité porte sur 20 ans, il estime qu »‘au-delà on sera capables de baisser ce prix et livrer une électricité qui sera extrêmement compétitive, du même ordre que l’éolien (87 euros le kWh) ». « Sans opposer renouvelable au nucléaire, aujourd’hui on est capables de prendre le relais », affirme le chef d’entreprise de 40 ans.

Mêmes louanges de la part de RTE (filiale d’EDF), qui relève que cette centrale solaire développe une puissance comparable à celle d’un quart à un tiers de réacteur nucléaire « et de l’ordre d’une centrale thermique, mais sans combustible, ni déchet, ni émission de gaz toxiques ».

Sur un investissement de 360 millions d’euros, « 60% sont allés à des entreprises françaises », a relevé M. Barbaro, même si les panneaux proviennent de Chine, « seule aujourd’hui capable de livrer des volumes importants avec une qualité homogène ».

Mais « le panneau en termes économiques est une part minoritaire de l’investissement. L’essentiel de la valeur ajoutée dans une centrale est dans la construction, l’ingénierie, les équipements électriques, les câbles. Et sur ces secteurs des compagnies françaises sont très bien placées », assure le patron de Neoen.

© AFP

4 commentaires

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    • Oskar Lafontaine

    Il fut un temps, pas si lointain, où des esprits qui se croyaient forts, ne parlaient du solaire qu’avec commisération, sinon pitié, ne jurant que par le nucléaire.Les temps changent et le photovoltaïque est bel et bien en train d’enterrer le nucléaire, c’est-à-dire qu’une fois de plus le petit, David, la cellule photovoltaïque, aura vaincu le gigantesque réacteur nucléaire, Goliath. La simplicité en effet finit toujours par triompher de la coûteuse et dangereuse complexité.
    Une simple comparaison entre les constructions respectives de l’EPR de Flamanville, débutée en 2007 et celle de cette centrale solaire de Cestas, terminée et opérationnelle, construction qui commença en novembre 2014, est déjà très révélatrice, soit au minimum dix fois plus de temps de montage pour le nucléaire que pour le solaire, et encore si, et seulement si, la connexion au réseau de l’EPR sera bien effective début 2019, ce qui n’est pas assuré du tout, les essais du monstre atomique, sans connexion au réseau d’abord, ne devant débuter, au mieux, qu’en fin 2018….et si ces » essais » ne sont pas concluants, comme ce fut déjà le cas il y a 20 ans, pour le surrégénérateur de Creys Malville, il n’y aura jamais de connexion au réseau, alors qu’à Cestas les premières connexions au réseau, partielles, par tranches, furent réalisées dès cet été et que l’ensemble fonctionne et produit aujourd’hui, alors qu’on en a encore pour plus de trois ans à poireauter avec Flamanville avant d’en voir sortir un simple petit kilowattheure !!!
    Il y a à Flamanville jusqu’à 3500 personnes, jamais moins de 1500, qui travaillent jour et nuit depuis 2007, contre pas plus de 200 sur 12 mois au total à Cestas…alors que les puissances respectives des deux installations ne sont que dans un rapport de 4,7, soit 1650 MW à Flamanville et 300 à Cestas.
    Au final, et il suffit de faire la division (investissement total divisé par la puissance en MW) pour le réaliser, le coût d’installation d’un MW de puissance à Cestas ressort à 1,2 million d’euros seulement, et, tenez-vous bien à 9,8 millions d’euros à Flamanville. Quant à la production effective d’électricité elle sera seulement, et en étant généreux pour l’EPR, sept fois moins importante à Cestas qu’à Flamanville, par mégawatt de puissance installé, soit 80 % du temps en nucléaire et 15 % du temps en solaire. C’est-à-dire que l’investissement de départ est moins élevé en solaire qu’en nucléaire par mégawattheure d’électricité fournit à l’année au réseau. Et je vous fais grâce du calcul financier, calamiteux pour l’EPR, du « retour sur investissement », avec 11 mois de travaux d’un côté à Cestas et plus de 11 ans (2007-2019) de l’autre, Flamanville !!!
    Mais l’investissent n’est pas tout, encore faut-il, pour disposer d’électricité, faire « tourner » les installations, c’est-à-dire rajouter les frais de fonctionnement, et, là encore, le photovoltaïque écrase le nucléaire, au moins parce que l’usage du soleil est gratuit quand il faut payer, et c’est pas donné, le combustible nucléaire d’uranium, entièrement importé, bonjour l’indépendance nationale, et rajouter en nucléaire, d’importants frais de personnel très qualifié, sur place 24 heures sur 24, et bien entendu, les coûts des démantèlements en fin de vie et de l’enfouissement des déchets, monstrueusement minorés en évaluation en France, où c’est en effet calculé, par EDF, qui fournit les chiffres et donc qui est, là encore, juge et partie, mais ressort quatre fois plus cher en Allemagne ou en Suisse, où des démantèlements de réacteurs du même type qu’en France, sont déjà effectivement en cours.
    Enfin le coût des futures fermes solaires construites d’ici deux à trois ans, soit toujours avant la mise en service, mais en sévices plutôt, de l’EPR de Flamanville, sont déjà anticipés, par comparaison avec ce qui se fait ailleurs dans le monde, de 20 à 30 % moins élevés qu’à Cestas. plaçant leur futur mégawattheure (1000 kilowattheures) à moins de 80 euros peut-être même à 70 seulement, quand l’EPR de Flamanville délivrera à cette date, à 110 euros au mieux !!!
    Il n’y a pas photo, le nucléaire c’est du passé. C’est même dépassé, bon pour le musée des technologies entre la loco à vapeur et le Constellation, un avion des années 1950.

    • Rozé

    Je suis heureux que cette réalisation ENR soit déjà opérationnelle. Bravo à tous ceux qui ont oeuvré pour ce bon résultat. Néanmoins je ne puis être pleinement satisfait pour les raisons suivantes:
    1) les terres recouvertes par ces panneaux PV sont désormais difficilement cultivables; un peu d’herbe et des moutons ? Comme à Les Mées où j’ai vu les paneaux mais ni herbe, ni moutons. Or la priorité est de nourrir les gens avant même de leur fournir l’électricité.
    2) cette réalisation est centralisée alors que l’énergie solaire est disponible partout; il y a donc confiscation d’une énergie gratuite au profit de grosses structures financières qui elles vont facturer les kwh produits en final au consommateur. Dommage, non ?
    3) il a été reproché aux quelques particuliers qui avaient investi dans le PV, de faire payer via une petite part de la cspe, tous les autres consommateurs par le fait qu’EDF leur payait la production; mais n’est ce pas ce que fait la Neon en plus grand ?

      • Oskar Lafontaine

      Réponse sur le premier point, l’utilisation de terres agricoles. D’après ce que j’ai lu ces terres étaient devenues impropres à la culture du fait d’inondations. On peut en effet contester ce point, une restauration des terres est toujours possible. Il y a toutefois actuellement surproduction agricole et grosse concurrence au moins dans le sud ouest avec les producteurs espagnols et même marocains.
      En fait il s’agissait dans le cas de Cestas d’une opération de communication, voulue par Hollande, et destinée avant tout à marquer les esprits au moment de la conférence sur le climat actuellement en cours, la COP 21. L’actualité, les attentats à Paris, a contrarié cet objectif et Hollande ne s’est pas déplacé à Cestas, le premier décembre, avec Ségolène, pour l’inauguration en grandes pompes comme c’était prévu de longue date…
      Observons que les panneaux qui ont été installés en 11 mois seulement et par 200 techniciens seulement, pourraient être démontés tout aussi facilement et installés ailleurs, rien n’est perdu, tout se démonte, de même que tout le matériel annexe de régulation, contrôle et transformation en voltage de l’électricité produite pour l’injecter sur le réseau. Rien ne serait abandonné, pas même les supports métalliques. Et les terres ne sont pas polluées.
      Sur le second point, et qui rejoint le premier. Vous avez entièrement raison, le photovoltaïque a vocation à être mis en place à un niveau individuel et non pas sous forme de fermes solaires, tout au plus en grand sur de vastes bâtiments industriels ou encore pour recouvrir des parkings, ainsi que c’est réalisé à Montpellier sur le parking d’une grande surface commerciale. Au moins ainsi on éviterait, outre la perte de terres agricoles ou de surfaces pour les forêts, le coût foncier de l’emploi du sol, achat ou location, qui ne peut que majorer inutilement le coût de l’électricité produite de même que les frais de surveillance contre vol et vandalisme. Enfin un panachage de panneaux espacés sur des terres qui continuent à être agricoles permettrait effectivement, et quelques réalisations pilotes l’ont démontré, dans les zones trop ensoleillées, des cultures avec moins d’irrigation ou plus de rendement naturel grâce aux ombres, et même permettrait de l’élevage plus naturel, les animaux disposant d’ombre.
      Enfin le système centralisateur est conçu, d’où le recours au réseau, pour permettre à l’Etat de toucher ses taxes, soit la TVA sur l’électricité produite, ce que l’autonomie électrique, et même la simple auto-consommation, viennent limiter, contrarier ou empêcher, d’où l’opposition voilée, en France surtout, de l’Etat, par des contraintes administratives absurdes, et le champ libre laissé aux escrocs du nucléaire, au développement dans l’Hexagone, du photovoltaïque individue, ainsi en France, deux projets sur trois sont abandonnés à cause de ces artificielles contraintes administratives et financières, coût monstrueux des compteurs spéciaux par exemple et délais trop long de raccordement alors que l’installation est fonctionnelle. Mais il ne s’agit là que d’un pitoyable combat d’arrière garde perdu d’avance et Bruxelles vient enfin, par exemple, d’obliger les autorités françaises à laisser se développer l’autoconsommation électrique, donc hors réseau et hors taxes. On reçoit maintenant, et c’est nouveau, des propositions commerciales par téléphone pour passer s’équiper en panneaux solaires avec autoconsommation qui serait intéressante dans le sud-est quand on dépense au moins 75 euros d’électricité par mois. Cette solution permettrait selon les proposition commerciales, d’économiser jusqu’à 75 % du prix EDF de l’électricité ainsi auto-consommée et non revendue à ERDF, mais qui continuerait à vous fournir l’électricité qui vous manque à certains moments de la journée ou de la nuit.
      Sur le troisième point.
      C’était normalement le rôle d’EDF, et pas des particuliers, de réaliser à ses frais les installations photovoltaïques, même individuelles, à partir du moment où elles sont reliées au réseau qu’elles alimentent. Seulement le taux d’endettement d’EDF, est déjà très élevé et trop élevé même, ce qui fait baisser le cours de l’action EDF en Bourse, d’où une perte pour l’Etat, trop élevé en raison du remboursement du financement de ses réacteurs nucléaires et de ses investissements peu judicieux, et même à fonds perdus à l’étranger, Argentine, USA, Angleterre, Italie. Déjà des milliards envolés, plus de 10 milliards d’euros, rien que pour l’acquisition, par emprunts internationaux, en 2009, de British Energie en Angleterre, alors que c’est normalement aux anglais et pas à EDF d’assurer l’approvisionnement électrique du Royaume Uni. D’où l’idée, pour diminuer le taux d’endettement d’EDF, de faire supporter le coût de l’investissement en solaire en France, par les particuliers eux-mêmes, plutôt que par EDF.
      En mettant ainsi l’investissement à la charge des particuliers, tout en bénéficiant de l’électricité produite, EDF aurait eu le beurre et l’argent du beurre, et les particuliers strictement aucun intérêt à investir pour EDF. Il est donc logique de rembourser aux particuliers l’investissement qu’ils ont consenti et même un peu plus, pour les inciter à le faire. En isolant et individualisant sur les factures, ce remboursement dans une taxe visible par tout un chacun, le lobby du nucléaire marquait le photovoltaïque au fer rouge de la honte. Ainsi et à contrario pour l’investissement dans la construction de l’EPR de Flamanville, entièrement à la charge d’EDF,déjà plus de 7 milliards et au moins 10,5 au final, aucune individualisation visible de ce coût monstrueux n’apparaît pour les particuliers qui le payent pourtant, mais sans le savoir et qui ainsi ne sont pas incités à le contester.

  • Il y a actuellement une décision importante qui est en passe d’être prise par notre gouvernement.
    Il s’agit d’une décision qui pourrait consister à prévoir la gratuité des péages sur autoroute pour les voitures électriques. Cette décision serait prise en liaison avec l’installation de stations de recharge des batteries disposées tous les 80 km. Contre toute attente ces stations seraient alimentées par le réseau et non pas par le solaire comme au Danemark. Voir
    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LCU_fichiers/ESR-voitures-electriques.pdf

    Ceci alors que de toute évidence la prochaine étape aurait dû être la voiture hybride pour ne pas surcharger un parc automobile disproportionné par rapport à l’espace disponible en ville et dans les parkings de nos immeubles. Ce ne sont pour l’instant que des intentions mais le CSLT estime que cette orientation prouve que la décision est déjà prise dans la tête de nos dirigeants de poursuivre la production de masse de l’électricité avec le nucléaire et non avec le solaire.

    Cette décision provoque la colère de Greenpeace voir
    http://energie-climat.greenpeace.fr/action-greenpeace-bloque-le-siege-dedf-et-appelle-la-direction-de-lentreprise-a-sortir-du-nucleaire?utm_source=email&utm_medium=161214_PushInfo_ActionEDF&utm_content=NRJ-Nuke

    et probablement l’inquiétude d’Oskar et Rozé sur goodplanet. Voir
    https://www.goodplanet.info/actualite/2016/07/19/consommer-propre-electricite-devient-plus-facile-presque-plus-economique/

    Les Lutins estiment quant à eux que cette décision si elle devait être prise ne l’est pas prise dans l’interêt général. Elle est selon eux trop brutale et n’associe pas la voiture avec le contexte de l’habitat urbain et le manque de place en ville. Le problème qui se pose à nous est en fait le même que celui du chauffage urbain. Nous sommes tellement frileux – pris au sens du conservatisme- que nous ne pourrons pas nous passer brutalement de la combustion. La voiture hybride rechargeable associant comme la chaufferie hybride un combustible fossile et l’électricité
    Voir « l’immeuble de Mr tout le monde »
    http://infoenergie.eu/riv+ener/LCU_fichiers/ethique.htm

    prendra nécessairement place dans le paysage urbain. Ne serait-ce que pour des raisons quantitatives. Sachant en effet que le besoin journalier d’une voiture électrique est au moins de 10 kWh c’est à minima un besoin de 50 millions de kWh qu’il faudra satisfaire chaque jour pour alimenter les quelque 5 millions de voitures roulant en région parisienne. Cela correspond pour un temps de chargement de 10 h pendant la nuit à une puissance utile de 5 millions de kW alors que la centrale nucléaire la plus proche de Paris à savoir celle de Nogent sur Seine ne produit environ que 2,6 millions de kWh (2600 MW)
    Le mauvais raisonnement serait ici de nous faire croire que le nucléaire va devenir indispensable et qu’il va falloir construire deux EPR comme celui de Flamanville à proximité de notre capitale. Il est clair en tout cas pour les Lutins qu’à défaut de favoriser l’hybride rechargeable par rapport à la voiture purement électrique qu’il est de notre intérêt de
    – produire l’électricité à 10 cts d’€ le kWh (100 € le MWh) avec le voltaïque quitte à négocier avec les agriculteurs
    – modifier les 2 chaines énergétiques actuelles utilisant la combustion et l’effet joule pour chauffer l’habitat urbain en région parisienne. Boulogne Billancourt pourrait pour cela servir de modèle .Voir
    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/source-energie/Complementarite%20des%20reseaux%20ENP.pdf

    Balendard décembre 2016