Paris (AFP) – Des milliers de manifestants ont formé dimanche une chaîne humaine le long d’un boulevard de l’Est parisien, en dépit de l’interdiction de manifester, pour dénoncer « l’état d’urgence climatique » à la veille de l’ouverture de la COP21, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Sur le trottoir le long du boulevard Voltaire, les militants se tenaient par les mains entre Oberkampf et Nation, certains sautant et criant « Plus chaud que le climat ».
Nombre d’entre avaient apporté des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Ils ne sont grands que si nous sommes à genoux » ou encore « Ils exploitent, ils polluent, ils profitent! l’urgence est sociale et climatique ».
« Il faut mettre une pression publique sur les dirigeants. On a été très déçus de l’annulation de la manifestation mais c’est une bonne alternative pour se mobilier », a expliqué Aude, 29 ans, venue avec deux amies, comme elle chercheuses en sciences et vie de la terre.
Pour Léo, étudiant en philosophie à Nanterre, 21 ans, « cette chaîne humaine, c’est un contre-pouvoir citoyen à la conférence officielle qui sera contre-productive car elle est faite avec des industriels dont les intérêts sont contraires à l’écologie ».
La Coalition climat 21, regroupant 130 organisations, avait dû renoncer à marcher dans les rues de Paris à la suite de l’interdiction de manifester imposée dans le cadre de l’état d’urgence décrété après les attentats du 13 novembre.
A la place, à l’initiative d’Attac et d’Alternatiba, elle a appelé à former cette chaîne humaine à la veille de l’ouverture officielle de la conférence de l’ONU sur le climat où 147 chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus pour tenter de dégager un accord permettant de limiter le réchauffement climatique.
Cette chaîne humaine n’est « ni autorisée, ni interdite, c’est une zone grise. On interprète ça comme une tolérance », a convenu Jon Palais, porte-parole Alternatiba, qui disait s’attendre à « plusieurs milliers » de participants.
Le long du boulevard Voltaire stationnaient des camions de CRS.
La chaîne est passée non loin du Bataclan, où 90 personnes ont été tuées lors des attentats, un lieu que les organisateurs ont promis de « respecter ». A proximité de la salle de concert, où la présidente chilienne Michelle Bachelet était attendue pour un moment de recueillement, les policiers faisaient dévier les voitures.
Peu avant 13h00, les manifestants commençaient à se disperser sous les applaudissements de participants qui chantaient « Tous ensemble ».
Pour Florence, une sexagénaire venue des Yvelines « aussi pour (ses) petits-enfants », « cette chaîne humaine représente l’avenir. Nos politiques voient toujours l’argent, pas l’homme ».
Certains des participants portaient des masques sur le visage sur lesquels on pouvait lire « Non aux gaz de schiste », d’autres des pancartes figurant des sens interdit.
Sébastien, apiculteur de 43 ans de la Drôme, pieds nus dans ses sandales, a expliqué être venu « porter la voix de tout ceux qui ne sont pas là parce que victimes des dérèglements climatiques ».
« C’était important d’être là, on est très puissants quand on est tous ensemble. On nous empêche cette fois de nous réunir, mais (…) il y a d’autres moyens comme la chaîne humaine pour se mobiliser », a-t-il déclaré, affirmant vouloir « croire que nos dirigeants qui sont des hommes aussi seront touchés dans leurs coeurs ».
Il faisait partie d’un groupe parti de Rome à pied fin septembre. Ce « People’s pilgrimage » (Pèlerinage du peuple) a rallié Paris avec une vingtaine de personnes, notamment Yeb Sano, ancien chef négociateur des Philippines pour le climat. Présent dans cette chaîne humaine, cette figure de la lutte contre le réchauffement climatique avait cessé de manger en solidarité avec les Philippins touchés par le typhon Haiyan lors de la conférence de Varsovie sur le climat fin 2013.
© AFP
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