COP21: multiples annonces climatiques dans le secteur financier

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Désengagement du charbon, meilleur financement des énergies renouvelables, verdissement des portefeuilles d'actifs... A l'approche de la COP21, banques et grands investisseurs institutionnels français multiplient les annonces en faveur du climat, avec des programmes aux ambitions variables © AFP/Archives JOEL SAGET

Paris (AFP) – Désengagement du charbon, meilleur financement des énergies renouvelables, verdissement des portefeuilles d’actifs… A l’approche de la COP21, banques et grands investisseurs institutionnels français multiplient les annonces en faveur du climat, avec des programmes aux ambitions variables.

Mardi, deux colloques sur le thème du climat réunissaient d’un côté les investisseurs institutionnels (assureurs, caisses de retraite…) à l’initiative de Novethic, et, de l’autre, les banquiers sous l’égide de la Fédération bancaire française (FBF).

Selon Novethic, centre de recherche spécialisé dans l’investissement socialement responsable, le nombre des investisseurs dans le monde ayant pris des engagements en faveur du climat a pratiquement doublé en huit mois.

Ces grands investisseurs, qui détiennent des participations au capital de la plupart des entreprises cotées, peuvent peser en tant qu’actionnaires sur les choix de ces sociétés et, en dernier recours, céder leurs participations dans les entreprises les moins vertueuses.

C’est ce qu’a annoncé mardi la Caisse des Dépôts – groupe public regroupant la CDC, bras financier de l’Etat, l’assureur CNP Assurances et la banque publique d’investissement Bpifrance – qui vise une réduction de 20% de l’empreinte carbone de ses portefeuilles d’actions d’ici 2020.

Le groupe évalue l’ensemble de ses participations dans des sociétés cotées à 55 milliards d’euros.

Humanis, un des leaders français de la protection sociale, a de son côté annoncé un objectif de diminution de 2% par an des émissions associées à son portefeuille d’actions (évalué à 2 milliards d’euros).

Le groupe va également adhérer à la « coalition pour la décarbonisation des portefeuilles », une initiative mondiale par laquelle les grands investisseurs s’engagent à publier leur empreinte carbone et éliminer de leurs investissements les entreprises les plus émettrices en carbone.

Ainsi, plusieurs annonces ont été faites sur le charbon: la CDC ne détiendra plus fin 2015 de titres de sociétés dont plus de 25% du chiffre d’affaires est lié au charbon. En mai, l’assureur Axa avait annoncé qu’il allait désinvestir la totalité de ses expositions au charbon d’ici fin 2015 et tripler ses investissements verts d’ici 2020.

Outre-Rhin, l’assureur Allianz a indiqué mardi qu’il n’investirait plus dans des entreprises qui tirent plus de 30% de leur chiffre d’affaires de l’exploitation du charbon ou génèrent plus de 30% de leur énergie du charbon.

Les banques ont également décidé de couper le robinet des financements du secteur: BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Natixis ont toutes fait part de leur intention d’arrêter de prêter des fonds pour l’extraction de charbon.

Mais à l’exception de Natixis (BPCE), ces banques continueront à financer, sous certaines conditions, des centrales à charbon.

Si elle a salué ces engagements, l’ONG les Amis de la Terre a souligné que « les banques sont encore loin de répondre à l’urgence climatique et (…) doivent passer à la vitesse supérieure ».

Le directeur général de BNP Paribas a estimé de son côté que l’arrêt total du financement des énergies fossiles était « peu réaliste car, à ce jour, dans certains pays, il n’existe pas de solution alternative possible pour permettre l’accès à l’énergie ».

Pour le ministre des Finances, Michel Sapin, qui ouvrait le colloque de la FBF, si « le secteur financier a déjà commencé à se mobiliser », « il faut aller encore plus loin, notamment dans le secteur bancaire ».

Le ministre a notamment appelé les banques à « s’engager dans un travail sur l’appréciation des risques liés au climat », dans le cadre de la loi sur la transition énergétique.

La FBF a de son côté souligné que la réglementation bancaire n’était pas forcément adaptée au financement de la transition énergétique, notamment en ce qui concerne les infrastructures, mais que les banques françaises étaient présentes.

Les banques se sont également engagées à promouvoir les obligations vertes, des titres de dette destinés à financer des projets environnementaux.

© AFP

 

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