Paris (AFP) – « Une seule! »: avec un soupir de découragement, Bénédicte Baudoin sort du supermarché où elle est allée porter son stock d’ampoules usagées au recyclage. Elle n’a pu en déposer qu’une. La douzaine d’autres finira dans les ordures ménagères.
En France, le recyclage, bien qu’en hausse constante depuis une dizaine d’années, ne touche que deux catégories de lampes: les ampoules fluo compactes, à basse consommation d’énergie et les LED, et ne porte que sur 43% de celles mises sur le marché, alors que l’objectif européen est de parvenir à 65% en 2019.
« Ce n’est pas simple, j’ai dû faire une recherche (http://www.malampe.org/geolocalisation) pour trouver où était la boîte de recyclage la plus proche de mon domicile. Et sur ma quinzaine d’ampoules usagées, je n’ai réussi à en recycler qu’une seule », dit à l’AFP Bénédicte Baudoin, juriste trentenaire parisienne et consommatrice adepte du tri sélectif, qui stocke ses bulbes grillés faute de savoir quoi en faire.
Le grand carton vert du recyclage précise bien que les anciennes ampoules à filament de tungstène et les halogènes, non toxiques, ne sont pas acceptées.
Les néons et les lampes à LED sont, eux, collectés dans chacun des 19.000 points « lumibox » installés dans des supermarchés, grandes surfaces de bricolage ou déchetteries.
« Si certains consommateurs mettent des ampoules à filament, elles seront quand même recyclées » tempère Hervé Grimaud, directeur général de Recylum, l’eco-organisme financé par les producteurs d’ampoules, chargé de l’organisation de la collecte depuis 2006.
Dans l’usine de recyclage Artemise à Vulaines près de Troyes (Aube), le plus important des trois sites français de tri des ampoules, le contenu des lumibox est versé avec précaution sur un tapis roulant. Dans un joyeux cliquetis globuleux.
En 2014, ce site aux 18 salariés a traité 1.800 tonnes de lampes sur un total de 4.779 recyclées dans tout le pays. En 2015, il est passé à 2.000 tonnes et vise 2.200 l’an prochain.
Après un tri pour éliminer les intrus (piles, petit électro-ménager..), les ampoules en vrac sont broyées et acheminées dans une zone étanche où sont séparés plastique, verre, métaux ferreux et non ferreux.
Les poudres fluorescentes des ampoules basse consommation sont récupérées et expédiées à La Rochelle, l’un des deux seuls centres en Europe (avec Lyon), du chimiste belge Solvay où l’on recycle les terres rares, précieuses pour l’électronique.
Le mercure, métal lourd dangereux pour la santé, dont la présence à l’état gazeux dans les ampoules basse consommation a défrayé la chronique au moment de leur lancement, est aussi extrait, et envoyé dans des centres de « stockage définitif », précise M. Grimaud.
Le responsable minimise la polémique en estimant à « 500 kg de mercure par an » au maximum le volume de mercure extrait du recyclage des ampoules, contre « plusieurs dizaines de tonnes » par an utilisées par le secteur des amalgames dentaires.
Les néons blancs sont les lampes qui se recyclent le mieux, à 98%, précise M. Grimaud. Le verre est réutilisé dans la dernière usine en France qui produit des tubes néon, à Chalon-sur-Saône, ce qui réduit ses coûts de fabrication.
Malgré ces efforts, l’association France Nature Environnement estime que l’on « ne recycle pas assez ».
« Malheureusement, le recyclage n’est l’intérêt de personne. Celui qui vend des ampoules n’a pas tellement intérêt à ce qu’on les recycle parce que ça lui coûte de l’argent, la collectivité n’y trouve pas intérêt, et le consommateur non plus parce qu’on ne lui explique pas l’enjeu environnemental et on ne lui donne pas un avantage économique » pour l’y inciter, déclare son porte-parole Benoit Hartmann.
Tant que les ampoules à fluorescence resteront « potentiellement polluantes, toxiques et dangereuses », notamment par la présence de mercure, « l’objectif idéal serait d’arriver à 100% de collecte pour ne pas se retrouver avec des produits dangereux dans les décharges, dans les gaz d’incinération, ou dans les TMB (traitement mécano-biologique d’ordures ménagères) que l’on vend comme du terreau aux agriculteurs » ajoute-t-il.
« Seules, les LED sont moins polluantes, moins gourmandes en énergie et contiennent moins de produits toxiques » que les lampes à fluorescence, concède-t-il, en plaidant pour une généralisation de l’éco-conception.
« Plus une ampoule durera, moins on aura souvent à la recycler. Les citoyens devraient peser pour exiger d’avoir des ampoules qui durent très longtemps, fabriquées dans des matériaux non polluants ».
© AFP
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cutler
Il faut aller les déposer aux parcs à container en Belgique: ils les reprennent TOUTES