Washington (AFP) – Barack Obama a enfin tranché: le président américain a rejeté vendredi le projet d’oléoduc Keystone XL, dont les écologistes avaient fait un symbole, mettant en avant le rôle central de Etats-Unis dans la lutte contre le changement climatique.
En s’opposant au projet, sept ans après la première demande de permis de construire de l’opérateur canadien TransCanada, M. Obama marque les esprits et provoque la colère de ses adversaires républicains, à moins d’un mois de la conférence de Paris sur le climat (COP 21).
Ce grand rendez-vous dans la capitale française vise à conclure un accord mondial pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et éviter un emballement de la machine climatique.
Long de 1.900 kilomètres, dont 1.400 aux Etats-Unis, Keystone XL visait à transporter le pétrole canadien des sables bitumineux de l’Alberta (dans l’Ouest du Canada) jusqu’au Nebraska (au centre des Etats-Unis) d’où il aurait pu rejoindre les raffineries américaines du golfe du Mexique.
« Le département d’Etat a décidé que Keystone XL n’était pas dans l’intérêt national des Etats-Unis. Je suis d’accord avec cette décision », a déclaré M. Obama depuis la Maison Blanche.
« L’oléoduc ne ferait pas baisser le prix du carburant pour les consommateurs américains (…) Transporter du pétrole brut plus sale jusque dans notre pays ne renforce pas la sécurité énergétique des Etats-Unis », a-t-il avancé.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a regretté la décision américaine tout en soulignant que les relations entre les Etats-Unis et le Canada étaient « beaucoup plus vastes qu’un seul projet ».
Le nouveau dirigeant canadien était favorable à Keystone XL, mais son approche était plus souple que celle de son prédécesseur conservateur Stephen Harper, défenseur inconditionnel des oléoducs pour désenclaver la production de pétrole de la province de l’Alberta, troisième réserve mondiale d’or noir.
TransCanada a dit envisager le dépôt d’une nouvelle demande, soulignant que le groupe et ses clients, les compagnies pétrolières, restaient « absolument déterminés à construire cet important projet d’infrastructure énergétique ».
M. Obama, qui a fait de la lutte contre le changement climatique une priorité de ses deux mandats, a toujours affirmé que la question des émissions de CO2 liées à ce projet serait centrale au moment du choix final.
« Approuver un tel projet aurait affaibli notre leadership sur le climat », a-t-il estimé vendredi, confirmant qu’il participerait au sommet des chefs d’Etat au début de la COP 21. « Il faut agir maintenant, pas plus tard, pas un jour. Maintenant! », a-t-il martelé. « Je suis optimiste sur ce que nous pouvons faire ensemble ».
Cette décision négative sur un dossier devenu au fil des ans emblématique des divergences idéologiques sur l’énergie et l’environnement aux Etats-Unis, a provoqué une avalanche de réactions enthousiastes dans le camp démocrate.
« La bonne décision », a réagi Hillary Clinton, candidate à la succession de Barack Obama. « L’heure est venue de faire de l’Amérique une super-puissance de l’énergie propre », a-t-elle ajouté, tandis que son rival démocrate Bernie Sanders applaudissait lui aussi la décision « sans réserves ».
Au-delà de l’impact sur les émissions de gaz à effet de serre, les associations écologistes étaient hostiles au projet en raison des risques de fuite et parce que la séparation du pétrole brut des sables bitumineux est particulièrement énergivore.
« Nous sommes bien conscients du fait que le prochain président pourrait défaire tout cela, mais l’heure est à la célébration », a de son côté lancé Bill McKibben, fondateur de l’ONG 350.org.
Sans surprise, les candidats républicains à la Maison Blanche ont effectivement tempêté contre un choix qu’ils jugent d’abord néfaste pour l’emploi.
« Lorsque je serai président, Keystone sera approuvé et nous mettrons fin aux politiques énergétiques d’un autre âge du président Obama », a déclaré le sénateur Marco Rubio.
Le tonitruant magnat de l’immobilier Donald Trump a lui aussi regretté cette décision, résumant le projet Keystone en ces termes: « Des milliers d’emplois, une bonne chose pour l’environnement et pas un seul inconvénient ! »
Les républicains soulignent sans relâche que le transport par oléoduc est plus sûr que par chemin de fer et qu’il est préférable d’importer du brut canadien que du pétrole du Golfe, du Venezuela ou d’autres pays moins amis.
© AFP
2 commentaires
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Paul Sven
Keystone XL, soutenu dès sa nomination par le nouveau ministre des Affaires étrangères du Canada, Stéphane Dion, pourtant présenté il y a peu dans les colonnes de Goodplanet comme un interlocuteur crédible en matière d’environnement. Un « monsieur environnement » qui, pour quelques dollars de plus, se jettera dans les bras de ces rétrogrades États-Uniens, démagogues de l’étroitesse d’esprit qui sévissent depuis trop longtemps sous la bannière républicaine. Car le péril est là, quoi qu’il se passe à Paris dans trois semaines, si les Républicains reprennent le pouvoir à Washington, tout ce qui aura été décidé sera perdu. À Paris, il devrait d’abord être question de mettre sur pied une sorte de tribunal international propre à juger quiconque, n’importe où, qui agira sciemment à l’encontre des intérêts du milieu de vie terrestre, sans lequel tout le reste est vain. Un tribunal international uniquement destiné à juger le crime contre la vie, un tribunal où, s’ils persistent, pourraient être convoqués les Stéphane Dion, Donald Trump ou Marco Rubio.
Claude Renaud
Quelle belle leçon de volonté écologique, adressée à François Hollande,
qui lui, s’accroche désespérément à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes !
Mais, va-t-il entendre le message? J’en doute.
Claude