Climat: plus d’herbe pour les vaches, moins de méthane dans l’air

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L'éleveuse Marie-Françoise Brizard nourrit ses vaches normandes avec des graines de lin après la traite, le 23 octobre 2015 dans sa ferme de Courcité, en Mayenne © AFP JEAN-FRANCOIS MONIER

Courcité (France) (AFP) – Environ 32 tonnes de CO2 économisées depuis le début de l’année, soit l’équivalent de 470.000 km parcourus en voiture: quand elles rotent, les 40 vaches normandes de Marie-Françoise Brizard émettent moins de méthane que leurs congénères. Car elles sont nourries différemment.

Moins de maïs et de soja, plus d’herbe: à sa manière, cet élevage de Mayenne lutte contre le réchauffement climatique. Les émissions de méthane des ruminants – qui éructent plus qu’ils ne flatulent – représentent 3 à 5% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France.

En moyenne, l’agriculture contribue pour 20% du total des émissions mondiales. Le méthane représente 40% des émissions agricoles.

Pendant que son épouse emmène les vaches à la traite, Luc Brizard s’attelle aux semis: luzerne et autres plantes fourragères riches en protéines alternent avec les céréales sur les 100 hectares de la ferme, dispersés sur des collines verdoyantes.

La luzerne séchée permettra de nourrir les vaches en hiver, à la place des aliments industriels à base de maïs et soja qui représentent 20% de la ration d’une vache française lambda. Le troupeau a aussi droit à un petit complément de lin cultivé sur place.

Légumineuses (luzerne) et oléo-protéagineux (pois, féverole, lin) enrichissent le lait des vaches en oméga-3. Ces acides gras bons pour la santé ont la propriété d’éliminer les bactéries qui fabriquent le méthane. Les vaches en rejettent donc moins.

La culture de luzerne, riche en azote bénéfique aux cultures, permet aux époux d’améliorer la qualité de leurs sols, tandis que leurs prairies stockent le carbone.

« L’histoire est presque trop belle. Mais elle est basée sur un principe d’une simplicité biblique: les vaches sont faites pour manger de l’herbe », sourit Pierre Weil.

Cet agronome breton a mis en évidence ce « lien entre l’état des sols, la santé des vaches, la santé humaine et celle de la planète », via l’association Bleu Blanc Coeur, fondée il y a 15 ans.

Ses travaux ont été confirmés par l’Institut national d’agronomie (INRA) et reconnus par l’ONU comme une méthode valable de réduction des GES.

En fonction du dosage alimentaire, on pourrait réduire de 65% les émissions, mais Bleu Blanc Coeur préconise de s’en tenir à 20% pour atteindre un optimum entre contraintes économiques, qualité du lait et santé animale.

Tous les mois, le lait des époux Brizard est analysé pour vérifier qu’il remplit les critères Bleu Blanc Coeur. Les économies de GES réalisées apparaissent chaque mois sur leur ordinateur via un compteur « Eco-Méthane », qui calcule l’équivalent en CO² du méthane économisé.

Les 600 éleveurs français engagés dans Eco-Méthane ne poussent pas forcément la démarche aussi loin que la ferme de Mayenne. « Un éleveur qui n’utilise que du maïs peut déjà rajouter un peu de lin. Il n’y a pas besoin de changer du tout au tout » pour obtenir des résultats, souligne Pierre Weil.

Malgré des économies sur l’achat d’aliments, les bénéfices financiers de la démarche sont maigres pour la famille Brizard. Les laiteries des environs ne sont pas spécialisées dans la collecte du lait Bleu Blanc Coeur, possible dans seulement une dizaine de laiteries en France. Elles le leur achètent donc au prix de base, sans prime pour la qualité, et le mélangent au lait standard.

Malgré les tonnes de CO2 qu’elle économise, la ferme ne touche rien non plus de la revente de crédits carbone, car trop peu d’entreprises ou collectivités souhaitent compenser leurs émissions de GES. Une dizaine d’éleveurs Eco-Méthane seulement touchent un complément de revenu par ce biais. Mais des contrats avec des communes seront bientôt signés, assure Pierre Weil.

Le couple et ses quatre enfants, très touchés par la baisse des prix du lait, vit donc uniquement de la vente de la viande des vaches, elle aussi plus riche en oméga-3.

Hors de question pourtant de remettre en cause leur choix de nourrir bêtes et sols naturellement, fruit d’une profonde réflexion sur l’agriculture.

Le père de Marie-Françoise, d’abord éleveur de poulets en batterie, est passé au bio dès les années 1970. « Un jour, il nous a dit: +Je ne veux pas vendre à d’autres ce que je ne veux pas donner à manger à mes enfants+. J’avais 12 ans, ça m’a structurée », se souvient-elle, le regard doux mais déterminé.

© AFP

3 commentaires

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    • CHAUMIEN

    Ces braves gens font moins de cinéma en belles paroles que nos théoriciens, mais sont nettement plus efficaces et conscients!

    • Rozé

    Et si on appliquait les CEE aux fermes ? Sans doute serait-ce plus efficace que les CEE accordés par l’Etat aux fournisseurs d’énergie où aux Boloré and Co ?

    • etmane

    c’est bien ici nous vont que farine de poisson et huile pour les animaux
    si vous le donne comme pâturage on a plus de 32 l’usine en mauritanie nouadhibou tel: 0022244974797