Washington (AFP) – La forte baisse et la disparition de grands animaux résultant de la surchasse et de la destruction de leur habitat a entraîné une importante diminution de nutriments essentiels provenant de leurs excréments, selon une étude publiée lundi.
Restaurer les populations de ces animaux par des efforts de conservation pourrait contribuer à lutter contre les effets du réchauffement climatique en permettant la croissance de plus de végétaux qui absorbent du dioxyde de carbone (CO2), estiment ces chercheurs.
Leurs travaux paraissent dans la dernière édition des Comptes-rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS).
« Dans le passé notre planète comptait des dizaines de fois plus de baleines qu’aujourd’hui, vingt fois plus de poissons anadromes –qui vivent dans l’océan et se reproduisent dans l’eau douce– comme les saumons, un nombre double d’oiseaux de mer et dix fois plus de grands herbivores tels des paresseux géants et des mammouths », souligne Joe Roman, un biologiste à l’Université du Vermont, co-auteur de l’étude.
Leur disparition ou déclin a altéré le cycle nutritif terrestre, dit-il, expliquant que les excréments de ces animaux sont transportés des profondeurs de l’océan vers les terres par les oiseaux migrateurs et les poissons.
Selon ce chercheur, « le dysfonctionnement du cycle nutritif terrestre risque d’affaiblir la santé des écosystèmes, l’agriculture et la pêche ».
Ainsi, la surchasse des mammifères marins ces derniers siècles a provoqué une réduction de plus de 75% de leur capacité à déplacer des nutriments comme le phosphore, un des éléments minéraux essentiel à la croissance des plantes notamment.
« Jusqu’alors, on ne pensait pas que les animaux jouaient un rôle important dans la production et la circulation des nutriments », relève Christopher Doughty, un écologiste à l’Université d’Oxford et co-auteur de l’étude.
Les scientifiques pensaient que les cycles nutritifs dépendaient essentiellement des bactéries, ignorant largement les animaux.
Mais cette dernière étude, confortant d’autres travaux récents, montre à l’aide de modèles mathématiques le rôle essentiel de ces animaux et de leur matière fécale pour fertiliser les écosystèmes de la planète qui sont vitaux pour les populations humaines.
« Cette étude remet en question l’hypothèse selon laquelle les microbes sont la clé du cycle nutritif et que le phytoplancton et les plantes en sont les éléments essentiels », note Joe Roman.
Ces chercheurs ont notamment examiné le phosphore et calculé qu’avant le début de la chasse à la baleine il y a trois siècles ces mammifères marins produisaient et véhiculaient 340.000 tonnes de ce sel minéral annuellement contre seulement 74.000 tonnes aujourd’hui.
© AFP
5 commentaires
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c
mais oui qu’on continue à chasser comme cela tous les animaux de la planète et nous allons tout droit vers la fin du monde
Kim
Hélas oui! l’homme n’a rien appris depuis son arrivée sur notre malheureuse Terre. Au contraire, il se croit tout permis et son impact égoïste et glouton ne fait qu’empirer…nous sommes tous coupables tant que nous ne faisons rien pour inverser le processus.
Daniel Bérubé
Mais il nous faut comprendre une chose… à l’époque (il y a plus de 300 ans) l’homme ne chassait que pour se nourrir, survivre, chose bien secondaire; mais maintenant, la chasse est devenu un sport, et quand on dit « sport », ceci classe automatiquement la chose comme « essentielle », que nous n’avons pas le choix, il nous faut continuer, même si cela entraine la disparition de certaines espèces… Quand on voit le mot « sport », il est automatiquement rattaché au contexte: « pas touche » ! car « évolution » oblige. L’homme, dans ses croyances d' »être dominant », doit tout faire disparaître de la planète pour prouver cette dominance…
Francis
Il est intéressant aussi à ce sujet d’écouter ce que dit l’agronome Alan Savory, originaire de l’ex -Rodhésie, sur le rôle du piétinement de la végétation par les grands animaux dans le recyclage de la matière organique et de l’azote. Il y a bien sûr des enseignements à en tirer pour l’agriculture.
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