ND-des-Landes: menacés d’expulsion, des résidents sont bien décidés à rester

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Des opposants au projet d'aéroport de Nantes manifestent le 06 Juin 2011, à Notre-Dame des Landes, face à des gendarmes mobiles © AFP/Archives Frank Perry

Vigneux-de-Bretagne (France) (AFP) – Sébastien Martin et Virginie Olmos, deux des derniers résidents de la « ZAD » de Notre-Dame-des-Landes, ont « 30 jours » pour quitter la maison qui a vu grandir leurs enfants. Décidés à rester, ils attendent de pied ferme les gendarmes qui viendront les déloger du site du futur aéroport nantais.

Mercredi au petit matin, un huissier est venu leur déposer un chèque de 18.000 euros, somme accordée la veille par le juge de l’expropriation du tribunal de grande instance de Nantes, notamment pour leurs frais de déménagement.

« On a refusé de le prendre, c’est du foutage de gueule! », proteste Virginie Olmos, « surprise » au saut du lit. « C’est allé si vite. Maintenant, on a 30 jours pour partir, mais nous on reste », poursuit la mère de famille, qui espère « gagner un mois de plus » en « luttant » contre son expulsion devant le tribunal.

Fille d’un facteur qui faisait sa tournée dans le bocage nantais, elle est arrivée avec son compagnon et leur fils d’un an en 2000 dans cette maison située au lieu-dit Saint-Antoine à Vigneux-de-Bretagne, en plein cœur de la ZAD, la zone d’aménagement différé consacrée au projet d’aéroport.

Quand ils signent le bail de location, le projet de transfert de l’actuel aéroport nantais est « en stand-by ». Un second fils, aujourd’hui âgé de 12 ans, naît et grandit dans cette « maison magique » d’environ 150 m2, entourée de forêt et semblant tout droit sortie d’un conte avec sa tour, comme un « petit château », décrit Virginie Olmos, petit gabarit à la chevelure blonde.

Le terrain de jeux des deux garçons: un jardin d’un hectare peuplé d’animaux, poules, canards et oies, mais aussi un singe et cinq émeus vivant en quasi-liberté.

Un « cadre extraordinaire » et une « vie au calme » perturbés à l’automne 2012 par des heurts entre forces de l’ordre et opposants au projet d’aéroport. « Coincée par les barricades », la famille « devait tout faire à pattes, à travers champs » et les transports scolaires ne passant plus, « les enfants n’ont pas pu aller à l’école pendant trois mois », se souvient Virginie Olmos.

Le couple, « un peu en retrait de la lutte », sympathise « sur les barricades » avec quelques zadistes, rendant la cohabitation, pas toujours au beau fixe, « plus évidente », explique-t-elle. « Ils nous ont appris à être plus autonomes et nous ont ouverts sur la nature. (…) Mais tout va être coupé si l’aéroport se fait », déplore la jeune femme.

« Ici, on est sur le futur parking », explique son compagnon, attablé près d’un feu de cheminée, qui dit être « tombé des nues » quand la procédure d’expropriation a été relancée en août, après trois ans de mise en sommeil.

Avec sous les yeux une carte de la « Zone à défendre » – comme l’ont rebaptisée les opposants au projet d’aéroport – Sébastien Martin montre les emplacements des maisons d’autres locataires qui vont être rasées.

« Sans autre maison, on ne partira pas », prévient-il, ajoutant qu’aucune solution de relogement n’a été proposée par le propriétaire, Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale de Vinci et concessionnaire du futur aéroport. « On a visité cinq-six maisons, mais on n’a jamais trouvé l’équivalent, avec du terrain pour les animaux », assure-t-il.

Et si AGO leur a fait grâce du loyer depuis trois ans « pour pas que la maison soit abandonnée et squattée », selon Virginie Olmos, avec leurs revenus -elle employée d’un salon de coiffure, lui artisan-carreleur- ils ne « peuvent pas acheter ».

« Maison ou pas maison, on est obligés de partir. Mais quand les gendarmes reviendront pour nous déloger, je suis sûre qu’il y aura du monde pour nous défendre », lance, combattive, la mère de famille.

Manuel Valls a encore réaffirmé cette semaine face aux députés « l’engagement du gouvernement » à poursuivre ce projet de construction d’aéroport. Les opposants ont eux fait appel des jugements de juillet autorisant le début des travaux.

© AFP

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