Paris (AFP) – Après l’annonce le mois dernier du report du démarrage de l’EPR de Flamanville fin 2018, EDF a officiellement lancé la procédure pour étendre le délai légal de mise en service du réacteur, et en contrepartie n’envisage pas d’autre hypothèse qu’une fermeture de la centrale de Fessenheim.
Dans une lettre adressée au ministère de l’Energie et que l’AFP a pu consulter, l’électricien a demandé que le délai de mise en service de son réacteur de quatrième génération, actuellement en construction dans la Manche, soit étendu de 36 mois, soit jusqu’au 11 avril 2020.
Jusqu’ici EDF disposait d’une autorisation valable jusqu’en avril 2017 mais l’accumulation des problèmes techniques sur le chantier de l’EPR ne rend plus ce calendrier tenable, comme l’a reconnu l’électricien le mois dernier en repoussant la mise en service de la centrale à fin 2018.
Cette demande ne signifie pas qu’EDF envisage de ne démarrer Flamanville qu’en 2020, mais le PDG de l’électricien Jean-Bernard Lévy reconnaît dans sa lettre que « ce nouveau délai permet de disposer d’une marge en cas d’aléa ».
Le chantier de l’EPR accumule les déboires depuis son lancement en 2007. La mise en service a été plusieurs fois reportée, multipliant son coût par plus de trois par rapport au devis initial, dorénavant évalué à 10,5 milliards d’euros.
Il est également sous le coup d’une procédure de vérification de la résistance de la cuve, construite par Areva, et sur laquelle l’Autorité de sureté de nucléaire (ASN) a détecté des anomalies.
La ministre de l’Energie Ségolène Royal a pris acte de la demande d’EDF, mais demande en contrepartie que l’électricien entame la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) d’ici « la fin juin 2016 », selon la lettre qu’elle a adressé à son PDG.
Dans sa lettre, EDF acceptait de considérer la fermeture de Fessenheim comme « unique hypothèse », excluant ainsi d’autres éventuelles fermetures. Mais il n’évoquait pas juin 2016 pour entamer la procédure.
L’enjeu est important pour le gouvernement alors que la fermeture de la plus vielle centrale française est une promesse de campagne du président de la République.
Il s’appuie sur la loi sur la transition énergétique votée cet été. Elle prévoit que la capacité du parc nucléaire français soit désormais plafonnée à 63,2 gigawatts, soit la puissance actuelle des 58 réacteurs (19 centrales) qu’il comprend. Ce plafond signifie qu’EDF ne pourra pas mettre en service de nouveaux réacteurs sans en arrêter d’autres.
Mais le dossier a aussi un enjeu financier pour l’Etat et EDF. L’électricien estime avoir droit à des indemnités s’il est contraint par la loi de fermer Fessenheim. Une demande jugée légitime par le Conseil constitutionnel au moment de l’examen de la loi sur la transition énergétique.
Dans sa lettre, le PDG d’EDF précise d’ailleurs que les discussions sur ce « volet indemnitaire » devront être « finalisées » avant qu’il ne dépose la demande de fermeture de la centrale.
Selon un rapport parlementaire publié en 2014, le coût global de la fermeture de la centrale de Fessenheim s’établirait à quelque 5 milliards d’euros, dont 4 milliards d’indemnisation pour son exploitant EDF. Un montant qui avait été à l’époque jugé « farfelu » par Ségolène Royal.
Les autres actionnaires de la centrale alsacienne pourraient également demander des compensations. Il s’agit de l’allemand EnBW et des suisses Alpiq, Axpo et BKW, qui en détiennent 32,5%.
Dans sa lettre, la ministre ne répond pas sur ce volet.
Greenpeace a dénoncé pour sa part une « double tromperie » dans ces échanges entre EDF et le gouvernement: de la part d’EDF qui a « déjà intégré le fait qu’il aura des retards supplémentaires », en demandant ce délai jusqu’en 2020, et de la part du gouvernement, « qui disait vouloir garantir l’irréversibilité de la fermeture de Fessenheim. La fixer après la fin du mandat (du président François Hollande, ndlr) revient à dire: après moi le déluge ! » regrette Cyrille Cormier, chargé des questions nucléaires au sein de l’ONG.
© AFP
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Oskar Lafontaine
Contrairement à ce qui est écrit dans cet article et qui fut rapporté, à tort, par l’ensemble de la presse, 2018 n’est absolument pas l’année envisagée de mise en service, mais « en sévices » plutôt, de l’EPR de Flamanville, ce n’est, et le mois d’octobre 2018 au plus tôt, soit dans 3 ans exactement, que la date, présentée comme possible par EDF début septembre 2015, du « début des essais » de cet EPR, la « connexion au réseau » , véritable « mise en service », ne pouvant être effectuée avant la fin de ces essais, qui dureront au minimum six mois et encore s’il n’y a pas de problèmes, et essais qui devront être couronnés de succès, ce qui demeure plus que douteux à l’heure actuelle… Les essais de l’EPR d’Olkiluoto, en Finlande, qui doivent « officiellement » commencer plus tôt, permettront aussi d’y voir plus clair…
Rappelons pour mémoire que les « essais », il y a une vingtaine d’années, du surrégénérateur Superphénix de Creys-Malville, (une bombe à plutonium plutôt), ont duré plus de cinq ans et n’ont jamais été couronnés de succès, la puissance n’ayant jamais pu atteindre, même quelques secondes seulement, 25% de la puissance initialement envisagée, de 1300 MW, vite ramenée à 1200 seulement, mais sans plus de succès, d’où l’abandon, en 1997 de ce programme, abandon qui fut, complètement à tort, et pour désinformer l’opinion, imputé à un accord politique de Jospin, Premier Ministre, avec les écologistes entrés dans son gouvernement.
Mensonges, tout n’est que mensonge.