Opération d’abattage des bouquetins dans le massif du Bargy

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L'abattage partiel et controversé des bouquetins dans le massif du Bargy en raison de la brucellose à Vienne le 19 octobre 2013 © AFP/Archives Dieter Nagl

Lyon (AFP) – L’abattage partiel et controversé des bouquetins dans le massif du Bargy en raison de la brucellose, maladie infectieuse qui risque selon les éleveurs de contaminer leurs bêtes, a commencé jeudi matin, a-t-on appris auprès de la préfecture de Haute-Savoie.

« L’opération d’abattage des bouquetins a commencé ce matin en application d’un arrêté du 16 septembre », a déclaré à l’AFP une porte-parole de la préfecture.

Selon cet arrêté, l’Etat autorise la « capture » et l' »euthanasie » de bouquetins séropositifs à l’enzootie par les agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), en « vue de la constitution d’un noyau sain parmi la population des bouquetins du Bargy, et pour compléter le noyau sain de 61 individus » existant.

La préfecture prévoit également l’abattage d’animaux « non testés séronégatifs en 2015 et ne faisant pas partie du noyau sain constitué ». Sur environ 300 bouquetins, quelque 230 devraient ainsi être abattus. Sur l’ensemble du cheptel, plus de 40% est infecté par la brucellose.

Resteraient de 60 à 70 bêtes « saines », avait indiqué le préfet de Haute-Savoie, Georges-François Leclerc, à l’AFP mi-septembre.

Cette décision avait indigné les défenseurs de la nature qui ont saisi la justice administrative pour suspendre l’arrêté. L’examen du référé suspensif était programmé le 19 octobre devant le tribunal administratif de Grenoble.

« L’Etat aurait pu attendre a minima la décision du juge », a déploré Carine Brémond, membre de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). « On trouve cela scandaleux et ahurissant. Nous sommes choqués par cette méthode », a-t-elle ajouté.

Selon Jean-Pierre Crouzat, porte-parole de la Frapna (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature) en charge du dossier, « le massif est actuellement bouclé par les gendarmes » et les gardes de l’ONFCS ont commencé « à ratisser » les lieux.

Selon les défenseurs de la nature, d’autres solutions préconisées par des experts étaient envisageables pour endiguer la propagation de l’enzootie. « Le préfet préfère la méthode brutale et il risque de diffuser la brucellose au massif voisin des Aravis », a déclaré M. Crouzat, qui estime que l’opération d’abattage risque de provoquer une fuite des animaux vers ce massif.

Favorables à l’arrêté préfectoral, les agriculteurs de la FDSEA des Savoie ont à l’inverse, salué une « sortie de crise ».

Ils mettent en avant la « préservation de la santé humaine face à une maladie contagieuse », la « préservation de la filière agricole locale » comme des autres massifs et espèces.

« Rappelons que les agriculteurs font vivre la montagne, à la différence de ceux qui ne sont que critiques et font qu’en vivre… », a taclé le syndicat agricole en visant les organisations environnementales qui balaient d’un revers de la main les affirmations de la FDSEA.

A l’automne 2014, la préfecture de la Haute-Savoie, qui avait initialement prévu l’abattage total des bouquetins du massif, avait dû faire machine arrière à la demande de la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal.

Les services de l’État s’étaient orientés vers un abattage ciblé des seuls bouquetins malades ayant été repérés après un dépistage.

 

© AFP

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