Paris (AFP) – Les crédits budgétaires prévus l’an prochain pour l’aide publique au développement et pour l’environnement sont en baisse, ce qui fait bondir les ONG, mais le gouvernement a mis en garde contre une lecture trop hâtive.
La mission « Aide publique au développement » se voit allouer des crédits de paiement de 2,60 milliards d’euros l’an prochain contre 2,77 en 2015, dans le projet de loi de finances pour 2016 présenté mercredi par le gouvernement.
La mission « Ecologie, développement et mobilité durables » quant à elle voit également ses crédits passer de 6,59 milliards d’euros en 2015 à 6,49 milliards l’année prochaine.
Par ailleurs, 261 suppressions d’emplois sont prévues pour l’Ecologie, le développement durable et l’énergie, ce qui en fait le poste le plus touché après les Finances (-2.548 emplois).
Ces annonces interviennent alors que la France organisera en décembre à Paris une grande conférence internationale sur le climat, la COP21.
« S’il y a des budgets prioritaires et qu’on veut faire baisser la dépense publique, il y a forcément des budgets qui baissent », a expliqué mercredi sur France Inter le Premier ministre Manuel Valls, interrogé sur ces crédits en baisse.
Les budgets prioritaires sont « l’éducation, l’emploi, la sécurité et la culture », a-t-il précisé.
Sur l’aide au développement et la lutte contre le dérèglement climatique, M. Valls a toutefois précisé qu’un amendement du gouvernement serait introduit à l’Assemblée nationale, pour prendre en compte les annonces du président de la République lundi à New York. Il a assuré que cet amendement serait « gagé, équilibré, évidemment, par des économies sur d’autres secteurs ».
François Hollande a en effet estimé dans un discours devant l’Assemblée générale de l’ONU que la France devait « montrer l’exemple » avant la COP21, et promis que les financements annuels du pays pour le climat passeraient de trois milliards d’euros à plus de cinq milliards en 2020.
M. Hollande a aussi promis que l’aide publique au développement de la France augmenterait de quatre milliards d’euros à partir de 2020, sans préciser la répartition de cette somme entre la lutte contre le réchauffement climatique et la lutte contre la pauvreté.
Friederike Röder, directrice France de l’ONG ONE, fondée par le chanteur Bono, leader du groupe U2, s’est dite « abasourdie », dans un communiqué.
« Le budget 2016 présenté par le gouvernement va complètement à l’encontre des annonces faites par le Président de la République il y a à peine deux jours », a-t-elle estimé. Elle attend désormais l’amendement promis par M. Valls, et espère une mobilisation des parlementaires.
« A la tribune de l’ONU, François Hollande nous invitait à +lever un doute+ sur la volonté politique de la France de faire plus pour le développement et le climat. Deux jours plus tard nous sommes fixés. Le Gouvernement vient d’annoncer un budget d’aide publique au développement en baisse de 170 millions d’euros, pour la cinquième année consécutive », s’indignait pour sa part l’ONG Oxfam, dans un communiqué.
« New York n’aurait-il été qu’un écran de fumée? » s’est interrogé Christian Reboul, l’un des responsables d’Oxfam France, cité dans le communiqué.
La Fondation Nicolas Hulot a elle estimé que « la COP21 (était) oubliée le temps de la discussion budgétaire » par un « gouvernement amnésique », et a également regretté l’absence de mesures fiscales audacieuses à portée écologique.
« Oublié le fait que les transporteurs routiers ne s’acquittent pas de la contribution climat énergie malgré un prix du pétrole ridiculement bas. Oubliés les avantages fiscaux sur le diesel », en plein scandale sur les moteurs truqués du groupe Volkswagen, a déploré l’ONG.
Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a lui mis en garde contre une lecture trop hâtive des lignes budgétaires.
« La politique de l’environnement est transversale (…). Réduire la question de l’environnement uniquement à la question du niveau du budget du ministère de l’Environnement est une erreur », a-t-il dit.
Les annonces liées au budget, selon lui, « ne (remettent) en rien en cause l’engagement de la France ».
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