Gérard Mestrallet, PDG du gazier Engie, vend le climat aux entreprises

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Le PDG du gazier Engie, Gérard Mestrallet à Paris le 2 juin 2015 © AFP/Archives Eric Piermont

New York (AFP) – « Un chef d’entreprise peut avoir des enfants et se soucier de leur avenir »: Gérard Mestrallet, PDG d’Engie (ex-GDF Suez), une des entreprises les plus polluantes au monde, essaie d’engager les milieux d’affaires dans la lutte contre le réchauffement climatique.

« Les entreprises ont pris conscience de la gravité de l’enjeu climatique. Ce n’était pas vraiment le cas (lors des conférences sur le climat de) Copenhague et Johannesbourg », confie-t-il à l’AFP au bar du luxueux hôtel Mandarin Oriental, à quelques pas de Central Park à Manhattan (New York).

Pour ce premier soir de week-end, il a laissé tomber la cravate et le vocabulaire financier. Le discours se veut pragmatique et terre-à-terre.

Dans quelques heures, il va enchaîner, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, des réunions et tables rondes sur la limitation du réchauffement climatique à 2 degrés par rapport à l’ère préindustrielle.

M. Mestrallet, 66 ans, a été désigné « voix des entreprises » au sein de Business Dialogue, un groupe de sociétés invitées à participer aux débats de la négociation climatique de la Conférence de Paris 2015 (COP 21).

Sa mission relève d’un numéro d’équilibriste tant il y a une fracture sur cette question entre les majors pétrolières européennes et américaines.

D’un côté, Total, BP, Royal Dutch Shell ou encore Statoil ont pris la mesure de leur responsabilité et essaient de se diversifier vers des énergies renouvelables. Total investit par exemple dans le solaire et Shell dans la biomasse.

De l’autre côté, ExxonMobil et Chevron restent sourds. En mai, des résolutions pro-climat ont été rejetées à une très large majorité lors de leur assemblée générale respective.

Gérard Mestrallet ne désespère pas pour autant de convaincre les deux géants américains. La prise de conscience de leurs rivaux Européens est venue, selon lui, « progressivement ».

« Maintenant, l’idée que les risques climatiques peuvent engendrer des risques économiques est largement répandue parmi les chefs d’entreprises européens », affirme le capitaine d’industrie, dont la propre entreprise a érigé en axe de développement l’efficacité énergétique (des techniques permettant de consommer moins avec un rendement équivalent).

Cette activité a généré 16 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2014 sur les 75 milliards enregistrés par le groupe. Le but est d’augmenter cette part de 40% d’ici 2019, soit plus d’un milliard de plus par an.

Pour nombre d’entreprises, la conversion au réchauffement climatique s’est effectuée à marche forcée, notamment par crainte de perdre de gros clients et de grands investisseurs comme des groupes d’assurances et des fonds de pension.

L’assureur français Axa, la Caisse des dépôts en France, ou encore les puissants fonds d’investissement BlackRock et de pension californien CalPERS ont fait passer le message qu’ils n’investiraient plus dans les sociétés utilisant le charbon, raconte Gérard Mestrallet.

Pour donner un coup d’accélérateur à la transition énergétique, le dirigeant et les entreprises qu’il représente plaident pour la mise en place d’un prix mondial du carbone, « bon instrument », selon eux, pour encourager des investissements dans des équipements plus économes en consommation d’énergie.

Ils poussent aussi pour l’accroissement des enveloppes consacrées aux nouvelles technologies comme la capture et le stockage du carbone, le stockage de l’électricité, le biogaz ou encore les « smart grid » (réseaux électriques intelligents).

Si elles louent son engagement, les ONG environnementales reprochent à Gérard Mestrallet le fait que son propre groupe continue à exploiter des centrales à charbon.

Engie détient actuellement une trentaine de centrales de ce type qui émettent 81 millions de tonnes de CO2, selon Les Amis de la terre, soit l’équivalent des émissions d’un pays comme les Philippines.

Le charbon représente 15% de nos capacités de production d’électricité, contre 20% pour les énergies renouvelables, répond-on auprès du groupe gazier, où on affirme que les projets en développement se font essentiellement à partir du gaz et du renouvelable.

Une réflexion est en cours pour diminuer la part du charbon dans la transition énergétique, ajoute-t-on.

© AFP

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