Automobile: des cycles d’homologation contestés

homologation

Un employé travaille sur l'assemblage d'une voiture le 6 mars 2014 à Sochaux dans l'est de la France © AFP/Archives Sebastien Bozon

Paris (AFP) – Les procédures d’homologation des véhicules, mises en lumière par le scandale Volkswagen, sont contestées depuis des années en Europe par des groupes écologistes et nourrissent la méfiance des automobilistes quant à la fiabilité des chiffres affichés par les constructeurs.

Au-delà de la tricherie avouée du géant allemand sur quelque 11 millions de voitures diesel, avec un programme électronique destiné à tromper les autorités sur leurs émissions véritables, les tests censés vérifier l’adéquation des véhicules aux normes européennes sont, de l’avis même des constructeurs, dépassés.

Dès 2013, un institut allemand spécialisé, l’ICCT (Conseil international sur les transports propres), tirait la sonnette d’alarme en remarquant que pour les émissions de CO2, la différence moyenne entre des tests en laboratoire et des tests réels atteignait 25%.

Et l’ICCT pointait les écarts les plus importants (de l’ordre de 25 à 30%) enregistrés chez les constructeurs allemands BMW, Audi, Vauxhall/Opel (GM) et Mercedes-Benz (Daimler).

« Le système actuel de mesure de la consommation et des émissions de CO2 des voitures n’est pas adapté », concluait fin 2014 le groupe « Transport and Environment », militant pour des transports plus respectueux de l’environnement en Europe.

Cette organisation basée à Bruxelles a prévenu cette semaine que le scandale Volkswagen constituait « juste la partie émergée de l’iceberg » en appelant l’Union européenne à agir pour la vérité des chiffres.

« Les résultats de tests déformés trompent les automobilistes qui obtiennent une consommation bien plus mauvaise que ce qui leur est promis dans les belles publicités », avait estimé « Transport and Environment » l’année dernière.

Le cycle européen actuel, dit « NEDC », trouve ses racines dans les années 1970. Il « ne correspond pas à grand-chose, il est inepte, mais c’est la loi », observe Laurent Meillaud, spécialiste de la technologie automobile.

Quant au cycle lui-même, « personne ne conduit comme cela dans la vraie vie », ironise cet expert: le parcours type prévoit que la voiture réalise « 11 kilomètres en 20 minutes, et il y a un délai de 26 secondes pour passer de 0 à 50 km/h, sans la climatisation ni les phares, dans une plage de température entre 20 et 30 degrés ».

En outre, remarque M. Meillaud, « les constructeurs optimisent les voitures pour répondre aux critères » importants lors des tests d’homologation, gage des meilleurs résultats possibles.

Toutefois, note M. Meillaud, ce système va évoluer, puisqu’il se prépare au niveau européen un nouveau cycle d’homologation appelé « WLTP » à l’horizon 2017. Il s’agira d’un cycle plus sévère et d’une durée doublée, censé reproduire plus fidèlement les conditions réelles de circulation.

© AFP

Ecrire un commentaire